Lipides
Lipides complexes
: phospholipides
Glycérophospholipides
Phosphatidyléthanolamine (PE ou céphaline)
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La phosphatidyléthanolamine (PE ou céphaline), qui fait partie des glycérophospholipides (phosphoacylglycérols, ou encore phosphoglycérides), deuxième phospholipide le plus abondant après la phosphatidylcholine (PC), est présente en grande quantité dans le feuillet interne des membranes et dans les mitochondries.
Glycérophospholipides (forment les phospholipides avec les sphingophospholipides) |
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Azotés | Non azotés |
Lysoglycérophospholipide |
La phosphatidyléthanolamine (PE) est décrite de manière détaillée dans : Phosphatidylethanolamine and Related Lipids de LipidWeb et Phosphatidylethanolamine Metabolism in Health and Disease (2017).
Vue d'ensemble de la phosphatidyléthanolamine
La phosphatidyléthanolamine (1,2-diacyl-sn-glycero-3-phosphoéthanolamine ou PE) est un phospholipide neutre ou zwitterionique (au moins dans la gamme de pH 2 à 7).
La phosphatidyléthanolamine est le deuxième phospholipide le plus abondant après la phosphatidylcholine (PC) et représente :
- 20 % des phospholipides du foie et jusqu'à 45 % de ceux du cerveau, d'où son nom de céphaline,
- des proportions plus élevées dans les mitochondries (40%) que dans les autres organites (15 à 25%).
La phosphatidyléthanolamine est un élément important des bicouches membranaires et n'est présente que sur le feuillet interne.
Structure de PE
1. La phosphatidyléthanolamine, comme d'autres glycérophospholipides est constituée par :
- une tête hydrophile, i.e. éthanolamine ($\ce{HOCH2-CH2-NH2}$) et groupe phosphate ($\ce{PO4}$),
- une queue hydrophobe, i.e. résidus d'acides gras.
2. Chez les animaux, l'éthanolamine provient :
- en grande partie de l'alimentation,
- pour une faible part dans le catabolisme des sphingolipides via la sphingosine-1-phosphate.
Chez les plantes, elle est produite par la décarboxylation de la sérine.
Remarque : l'éthanolamine a été retrouvée dans l'espace (First evidence of cell membrane molecules in space 2021).
3. La phosphatidyléthanolamine se présente sous forme :
- diacyle, i.e. deux groupes acyle ($\ce{CH2-O-C(=O)-R}$),
- alkylacyle, i.e. un groupe alkyle ($\ce{CH2-O-CH2-CH2-R}$) et un groupe acyle, i.e. plamanyléthanolamine,
- alcénylacyle, i.e. un groupe alcène ($\ce{CH2-O-CH=CH-R}$ et un groupe acyle, i.e. plaményléthanolamine ou plasmalogène PE.
Synthèse de la phosphatidyléthanolamine
La phosphatidyléthanolamine est synthétisée par deux voies ( LPA de LipidWeb).
Voie principale ou voie de la CDP-éthanolamine
La voie principale ou voie de la CDP-éthanolamine suit plusieurs étapes, i.e. elle fait partie de la voie de Kennedy qui comprend aussi la voie de la CDP-choline.
Vous pouvez lire : Phosphatidylethanolamine Metabolism in Health and Disease (2017) et The critical role of phosphatidylcholine and phosphatidylethanolamine metabolism in health and disease (2017).
1. L'importation de l'éthanolamine dans les cellules n'est pas encore élucidée.
2. Dans le cytosol, la choline est phosphorylée par l'éthanolamine kinase (EK), i.e. EC 2.7.1.82, à deux isoformes (EK1 abondant dans le foie, EK2 dans les tissus reproducteurs), qui utilise l'ATP, pour former la phosphoéthanolamine (P-éthanolamine).
$\ce{Éthanolamine + ATP}$ $\leftrightharpoons$ $\ce{Phosphoéthanolamine + ADP}$
2. Dans le cytosol et le noyau, la phosphoéthanolamine (P-éthanolamine) est transformée en CDP-éthanolamine, i.e. cytidine diphosphoéthanolamine par l'éthanolamine-phosphate cytidylyltransférase (EPCT ou ECT ou ET), i.e. EC 2.7.7.14, enzyme limitante de cette voie.
$\ce{CTP + phosphoéthanolamine}$ $\leftrightharpoons$ $\ce{CDP-éthanolamine + diphosphate}$
3. Puis, la CDP-éthanolamine et les diglycérides (DAG) sont transformés en phosphatidyléthanolamine.
$\ce{CDP-éthanolamine + 1,2-diacylglycérol}$ $\leftrightharpoons$ $\ce{CMP + phosphatidyléthanolamine}$
a. Dans le réticulum endoplasmique (RE), la réaction est catalysé par la diacylglycérol choline/éthanolamine phosphotransférase (CEPT1), i.e. EC 2.7.8.2. qui intervient aussi dans la voie de la CDP-choline.
b. Dans le réseau trans-Golgi (TGN), ce serait la diacylglycérol éthanolamine phosphotransférase (EPT1), i.e. EC 2.7.8.1. qui officie.
Vous pouvez étudier ces réactions dans : Locations and contributions of the phosphotransferases EPT1 and CEPT1 to the biosynthesis of ethanolamine phospholipids (2020).
Remarque : le 1,2-diacylglycérol provient principalement de l'acide phosphatidique (PA).
Voie mitochondriale de la phosphatidylsérine décarboxylase (PSD)
La deuxième voie de biosynthèse de la phosphatidyléthanolamine implique la décarboxylation de la phosphatidylsérine (PS) dans les mitochondries.
La réaction est catalysée par l'enzyme phosphatidylsérine décarboxylase, i.e. EC 4.1.1.65, localisée sur la face externe de la membrane interne mitochondriale (IMM).
$\ce{Phosphatidylsérine}$ $\leftrightharpoons$ $\ce{Phosphatidyléthanolamine +CO2}$
Remarque : la phosphatidyléthanolamine peut être aussi obtenue par l'acylation de la lysophophatidyléthanolamine (LPE) par Ale1p, i.e. LPE produite par l'hydrolyse les phospholipases, en particulier PLA2 ( cycle de Lands).
Fonctions de la phosphatidyléthanolamine
Phosphatidyléthanolamine, membranes et protéines membranaires
La phosphatidyléthanolamine, de forme conique, i.e. à plus petite tête que la phosphatidylcholine (PC) de forme cylindrique, ne forme pas spontanément de bicouches comme cette dernière.
La phosphatidyléthanolamine est localisée, comme la phosphatidylsérine (PS) dans le feuillet interne de la membrane plasmique.
1. Une teneur élevée en PE dans les membranes cellulaires favorise la formation de structures de phase hexagonales, qui s'opposent à la formation de bicouche membranaire par tassement (Making heads or tails of phospholipids in mitochondria 2011).
Ces structures hexagonales membranaires induisent un stress membranaire bilatéral qui peut être soulagé par :
- des événements de courbure membranaire,
- l'insertion de protéines sur des sites contenant un mauvais tassement de la membrane,
- des changements de conformation dans les protéines membranaires qui réorganisent la distribution des lipides (Nonbilayer lipids affect peripheral and integral membrane proteins via changes in the lateral pressure profile 2004).
La phosphatidyléthanolamine s'associe à et module le comportement d'une variété de protéines et de complexes protéiques avec divers rôles dans de nombreux processus cellulaires.
2. La phosphatidyléthanolamine est localisée sur le feuillet interne des membranes et stabilise les protéines membranaires dans leurs conformations optimales (Lipids and topological rules governing membrane protein assembly 2014).
a. Les protéines intégrales, i.e. transmembranaires, sont constituées de domaines hydrophobes transmembranaires α-hélicoïdaux qui traversent la membrane et sont reliés à par des boucles hydrophiles.
Les résidus en-dehors de la membrane sont chargés :
- positivement du côté cytoplasmique (cis),
- négativement du côté trans (la règle de l'intérieur positif).
b. L'absence de PE modifie la structure de ces protéines, comme pour LAcY, une lactose perméase (To flip or not to flip: lipid–protein charge interactions are a determinant of final membrane protein topology 2008).
- La PE, phospholipide non chargé, pourrait neutraliser la localisation des acides aminés négatifs du côté cytoplasmique des domaines transmembranaires, ce qui augmenterait le potentiel de charge positive effectif.
- Ce processus diminue le potentiel des acides aminés chargés négativement à servir de déterminants topologiques et augmente la force des acides aminés chargés positivement environnants.
3. La phosphatidyléthanolamine se lie de manière non covalente à une superfamille de protéines cytosoliques, i.e. les PEBP (PE-Binding Proteins) dont quatre membres (PEBP1-4) ont été identifiés chez les mammifères (Phosphatidylethanolamine binding protein 4 (PEBP4) is a secreted protein and has multiple functions 2016).
Leur fonctions sont multiples :
- la liaison des lipides,
- le développement neuronal,
- l'inhibition de la sérine protéase,
- la régulation de plusieurs voies de signalisation.
Par exemple, la PEBP4 est fortement exprimée dans de nombreux cancers et peut augmenter leur résistance au traitement.
4. La PE facilite la fusion/fission membranaire et le mouvement des protéines à travers les membranes.
Dans la division cellulaire, la PE, qui est normalement enrichie sur le feuillet interne de la membrane plasmique, s'accumule sur le feuillet externe spécifiquement au niveau du sillon de clivage lors d'un stade tardif de la télophase (Redistribution of phosphatidylethanolamine at the cleavage furrow of dividing cells during cytokinesis 1996).
5. La PE est impliquée dans la sécrétion des VLDL (lipoprotéines de très basse densité) par le foie.
Phosphatidyléthanolamine et mitochondries
La phosphatidyléthanolamine est localisée dans la membrane interne (IMM) mitochondriales, correspondant à 35 à 50% des phospholipides (PL), mais aussi, dans une moindre mesure dans la membrane externe (OMM) .
1. Elle joue un rôle dans la phosphorylation oxydative via la chaîne de transport d'électrons.
2. Elle est un composant fonctionnel important des sites de contact membranaire entre le réticulum endoplasmique (RE) et les mitochondries (MAM).
Remarque : La PE joue aussi un rôle :
- dans l'autophagie avec Atg8/LC3,
- dans la ferroptose,
- dans la synthèse d'autre lipides, comme les ancres à glycosylphosphatidylinositol qui fixent de nombreuses protéines de signalisation à la surface de la membrane plasmique.
Phosphatidyléthanoamine et maladies
Vous pouvez lire : Phosphatidylethanolamine Metabolism in Health and Disease (2017) et The critical role of phosphatidylcholine and phosphatidylethanolamine metabolism in health and disease (2017).
La phosphatidyléthanolamine joue un rôle :
- dans les maladies dégénératives, i.e. maladie d'Alzheimer et de Parkinson,
- dans la stéatose hépatique comme la NAFLD (NonAlcoholic Fatty Liver Disease),
- dans les infections par les prions ou les candida.
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