Citation
« Le darwinisme est une fiction, une accumulation
poétique de probabilités sans preuves et d'explications séduisantes
sans démonstrations. »
Charles Robin (1821-1885)
Le fixisme (
infos) qui est la théorie selon laquelle les espèces sont
apparues telles qu'elles pendant les périodes géologiques.
En d'autres termes, la spéciation (processus évolutif par
lequel de nouvelles espèces vivantes apparaissent) n'existe pas.
Le fixisme est le plus souvent créationniste : le créationnisme est une théorie qui stipule que le monde, et en particulier les espèces animales, a été créé par Dieu ( infos).
Nous étudierons d'abord les savants fixistes d'avant Darwin, puis ceux qui luttèrent contre Charles Darwin (1809-1882) et le fixisme jusqu'à nos jours ( infos).
Ce fut Carl von Linné (1707-1778) qui proclama qu'il existait une et une seule " Classification Naturelle “ qui, pour lui, ne pouvait être due au hasard. C'est Dieu, « la source et le timonier de toutes les causes » qui créa cet " Ordre de la Nature ".
La conséquence logique pour un déiste est que les espèces créées sont fixes et ne peuvent évoluer, même si des variétés différentes de plantes peuvent apparaître lorsqu'un jardinier sème des graines d'une espèce précise dans un jardin ( infos).
« Voilà pourquoi je
distingue les espèces du Créateur Tout-Puissant, qui sont
les vraies espèces, des anomalies que le jardinier a conservées.
J'accorde une importance toute particulière aux premières,
en raison de leur Auteur, et je néglige les autres en raison de leur
auteur. Les premières sont durables et ont perduré depuis
l'origine du monde, tandis que les autres n'existeront que peu de temps
car ce ne sont que des déformations. »
Linné s'attela à la tâche de nommer les êtres vivants comme le fit Adam dans la Bible ( infos) et à pouvoir s'approcher, de la sorte, du dessein de Dieu. Il écrit en 1737 dans " Genera plantarum " : « il existe autant d'espèces différentes que l'Etre Infini a créé de formes différentes au commencement. »
Cette idée d'unicité de la classification
naturelle aura une énorme portée dans la théorie darwinienne
(
infos).
Même ce grand fixiste se pose des questions sur l'influence du miiieu sur les espèces : il envisage une évolution dans un même genre en s'interdisant d'aller plus loin.
« J'ai longtemps nourri le soupçon et je n'ose le présenter comme une hypothèse, que toutes les espèces d'un même genre n'ont constitué à l'origine qu'une même espèce qui s'est diversifiée par voie d'hybridation. »
Georges Cuvier (1769-1832) reprendra des idées identiques à celles de Linné, malgré ses études brillantes sur l'anatomie comparée, dont il fut un des fondateurs, et sa classification des animaux : Il découvre, en même temps qu'Etienne Geoffroy Saint-Hilaire, les plans d'organisation et les homologies ( infos).
« En un mot, et pour nous en tenir
ici à l'histoire naturelle des animaux, branche de l'histoire naturelle
générale que M. Cuvier a le plus directement éclairée
par ses travaux, il est évident que ce qui avait manqué à
Linnæus et à Buffon, soit pour classer ces animaux, soit pour
expliquer convenablement leurs phénomènes, c‘était
de connaître assez leur structure intime ou leur organisation ; et
il n’est pas moins évident que les lois de toute classification,
comme de toute philosophie naturelle de ces êtres, ne pouvaient sortir
que des lois de cette organisation même.
On verra bientôt, en effet, que c‘est par l’étude
assidue de ces lois fécondes que M. Cuvier a successivement renouvelé
et la zoologie et l'anatomie comparée ; qu’il les a renouvelées
l‘une par l'autre ; et qu’il a fondé sur l’une
et sur l’autre la science des animaux fossiles, science toute nouvelle,
due tout entière à son génie, et qui a éclairé,
à son tour, jusqu'à la science même de la terre.
» Éloge historique de G. Cuvier p : 6 (
infos)
Cuvier, par ses travaux en anatomie comparée, se targuait de pouvoir reconstruire un animal disparu qu'à partir de quelques fragments.
Et c'est justement ces travaux sur les animaux fossiles qui démontrèrent
que des espèces d'animaux peuvent s'éteindre, ce qu'on appelle
aujourd'hui, la " mort des espèces ", et que
la nature n'est pas immuable : ce concept est révolutionnaire pour
l'époque.
Comment concilier la disparition des espèces et la création biblique ?
1. Chaque création est l'oeuvre de Dieu ad
nihilo.
2. L'apparition soudaine d'une espèce est due à
des catastrophes naturelles (
infos) qui émaillent l'histoire de notre planète dont
la dernière en date est, sans nul doute, le déluge biblique
(
infos). Il suit en cela Elie
de Beaumont (1798-1874).
« Le fait d'une création ancienne
d'animaux, entièrement distincte de la création actuelle,
et depuis longtemps entièrement perdue, est le fait fondamental sur
lequel reposent les preuves les plus évidentes des révolutions
du globe…
Aussi, dès 1787, dans un mémoire adressé à Pallas,
Camper énonce-t-il hautement l'opinion que certaines espèces
ont été détruites par les catastrophes du globe ; et
il fait plus, il l'appuie des premiers faits réellement positifs,
quoique fort incomplets encore, qui aient été avances pour
la soutenir. Ainsi donc, à mesure que la détermination des
ossements fossiles a fait des progrès, l'idée d'animaux perdus
en a fait aussi ; et c'est toujours à la lumière de l’anatomie
comparée que ces progrès ont été faits…
Dans
ce premier mémoire, en effet, il [ Cuvier ] ne se borne pas à
démontrer que l'éléphant fossile est une espèce
distincte des espèces actuelles, une espèce éteinte,
une espèce perdue ; il déclare nettement que le plus grand
pas qui puisse être fait vers la perfection de la théorie de
la terre, serait de prouver qu'aucun de ces animaux dont on trouve les dépouilles
répandues sur presque tous les points du globe, n'existe plus aujourd'hui.…
Enfin, il termine par cette phrase remarquable, et dans laquelle il semblait
annoncer tout ce qu‘il a découvert depuis : " Qu'on
se demande, dit-il, pourquoi l'on trouve tant de dépouilles d'animaux
inconnus, tandis qu'on n'en trouve aucune dont on puisse dire qu'elle appartient
aux espèces que nous connaissons, et l'on verra combien il est probable
qu‘elles ont toutes appartenu à des êtres d'un monde
antérieur au nôtre, à des êtres détruits
par quelques révolutions du globe, a des êtres dont ceux qui
existent aujourd'hui ont rempli la place. "
L'idée d'une création entière d'animaux antérieure
à la création actuelle ; l'idée d'une création
entière détruite et perdue, venait donc enfin d'être
conçue dans son ensemble ! Le voile qui recouvrait tant d'étonnants
phénomènes allait donc enfin être soulevé, ou
plutôt, il l'était déjà ; et le mot de cette
grande énigme qui, depuis un siècle, occupait si fortement
les esprits, ce mot venait d'être dit. » Éloge historique
de G. Cuvier p : 23-26 (
infos)
Cette conception est à l'opposé de celle du transformisme
de Lamarck
que Cuvier aurait pu tout à fait accepter.
Cuvier dit de Lamarck qu'il a « construit laborieusement de vastes édifices sur des bases imaginaires, d'avoir échafaudé un système qui s'il peut amuser l'imagination d'un poète », Goethe en particulier, ne saurait « soutenir un moment l'examen de quiconque a disséqué une main, un viscère, ou seulement une plume ».
Pourtant, il réfuta tout en bloc et ressortira largement vainqueur lors de la fameuse querelle avec Etienne Geoffroy Saint-Hilaire, disciple de Lamarck, en 1830 devant l'Académie des Sciences ( infos).
Dans son ouvrage de 1822, " Discours sur les révolutions du globe et sur les changements qu'elles ont produits dans le règne animal " ( infos), il explique cette vision des choses (à partir de la page 79) : « Pourquoi les races actuelles, me dira-t-on, ne seraient-elles pas des modifications de ces races anciennes que l'on trouve parmi les fossiles, modifications qui auraient été produites par les circonstances locales et le changement de climat, et portées à cette extrême différence par la longue succession des années ? Cette objection doit surtout paraître forte à ceux qui croient à la possibilité indéfinie de l'altération des formes dans les corps organisés, et qui pensent qu'avec des siècles et des habitudes toutes les espèces pourraient se changer les unes dans les autres ou résulter d'une seule d'entre elles. » La remarque de Paul Bory, dans la réédition de 1881, est caractéristique de l'époque : " la haute autorité de Cuvier corroborant les faits les plus indéniables n'a cependant pas découragé les faiseurs de systèmes, Darwin, Littré, Haeckel, etc., désireux avant tout et surtout de détruire la tradition biblique ".
« Cependant, on peut leur répondre, dans leur propre système, que si les espèces ont changé par degré, on devrait trouver des traces de ses modifications graduelles ; qu'entre le paléothérium et les espèces d'aujourd'hui l'on devrait découvrir quelques formes intermédiaires, et que jusqu'à présent cela n'est point arrivé.… La nature a soin aussi d'empêcher l'altération des espèces, qui pourrait résulter de leur mélange, par l'aversion mutuelle qu'elle leur a donné. Il faut toutes les ruses, toute la puissance de l'homme pour faire contracter ses unions, même à celles qui se ressemblent le plus ; et quand les produits sont féconds, ce qui est très rare, leur fécondité ne va point au-delà de quelques générations, et n'auraient probablement pas lieu sans la continuation des soins qui l'ont excitée. Aussi, ne voyons-nous pas dans nos bois d'individus intermédiaires entre le lièvre et le lapin, entre le cerf et le daim, entre la martre et la fouine. »
Cuvier, par la découverte de plans d'organisation (
infos), qu'il a découvert en même temps que Geoffroy Saint-Hilaire a apporté de grandes avancées pour l'évolutionnisme
de Darwin.
Alcide Dessalines d'Orbigny (1802-1857), grand paléontologue de renommée mondiale dont certains travaux sont encore valables aujourd'hui, reprend les idées de Cuvier en 1849 dans son " Cours élémentaire de paléontologie et de géologie stratigraphique " ( infos)
« Les animaux ne montrant dans leurs formes spécifiques, aucune transition, se sont succédé à la surface du globe, non par passage, mais par extinction des races existantes et par la création successive des espèces à chaque époque géologique. »
Il alla même jusqu'à déclarer qu'après vingt-sept catastrophes géologiques (28 étages du Silurien à l'actuel), Dieu recréa, de nihilo, de nouvelles espèces de plantes et d'animaux. Il reconnaissait que ce fait était inexplicable ( infos).
« Chacun des étages qui se sont succédé dans les âges du monde renferme sa faune spéciale, bien tranchée, distincte des faunes inférieures et supérieures, et que ces faunes ne se sont pas succédé par passage de forme, ou par remplacement graduel, mais bien par anéantissement brusque. »
Adolphe Brongniart (1801-1876), père de la paléobotanique, développe à peu près des arguments identiques, bien qu'il construise une phylogénie grâce à l'utilisation des plantes fossiles.
Connaissances
au XIXeEvolutionnisme
avant DarwinJeunesse
de Darwin
Voyage du BeagleGéologie à bord du BeagleZoologie à bord du Beagle
Darwin avant l'Origine des EspècesL'Origine
des Espèces
Darwin
après l'Origine des EspècesThéorie
de l'évolutionDarwin
et la question raciale
Développement de la génétiqueNéodarwinismeClassification
phylogénétique
Systématique
génétiqueFixismeFixisme
avant Darwin
Darwin
et AgassizDarwin
et les Chrétiens