Membranes
Courbure membranaire
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La génération d'une courbure membranaire, qui nécessite une composition asymétrique des phospholipides ou de protéines, est essentielle à la vie de la cellule.
Vue d'ensemble de la courbure membranaire
1. La courbure de la membrane est essentielle dans de nombreux aspects de la vie cellulaire.
- Elle permet la formation d'architecture interne complexe de certains organites comme les mitochondries par exemple.
- Elle permet des tâches dynamiques.
- Elle aide à contrôler la distribution spatiale des protéines et des lipides.
2. En général, dans les cellules, la génération d'une courbure membranaire nécessite une composition asymétrique des phospholipides ou de protéines, ce qui permet sa déformation (Membrane curvature and mechanisms of dynamic cell membrane remodelling 2005).
La bicouche phospholipidique peut être déformée par :
- des changements de la composition lipidique,
- l'influence de protéines membranaires intégrales qui possèdent une courbure intrinsèque ou qui la génère par l'oligomérisation,
- des modifications de la polymérisation du cytosquelette d'actine et/ou la traction des microtubules par les protéines motrices,
- les échafaudages directs et indirects de la bicouche,
- l'insertion d'une hélice amphipathique (AH) dans un feuillet de la bicouche.
L'enrichissement d'une couche avec des lipides de forme conique ou des protéines transmembranaires élargit la couche contenant la fraction la plus volumineuse, générant ainsi une courbure.
Signes des courbures membranaires
Le signe de la courbure membranaire est tout à fait arbitraire : il se réfère à un observateur qui serait placé dans le cytoplasme.
- Les membranes planes n'ont pas de courbure (courbure 0).
- Les invaginations, qui pénètrent dans le cytosol, possèdent une courbure positive.
- Les saillies hors du cytosol ont une courbure négative.
Pour bien comprendre les courbures membranaires et leur sens, voius pouvez lire l'excellent article : Membrane curvature and its generation by BAR proteins (2012).
Remarque : pour un tubule, formé et contraint par des protéines, la courbure est positive le long de la face latérale du cylindre et nulle le long de l'axe tubulaire.
Courbure par changements lipidiques
Les membranes cellulaires eucaryotes contiennent plus de dix classes de lipides, tandis que chaque classe comprend des centaines d'espèces chimiques différentes (Membrane lipids: where they are and how they behave 2008 et Lipidomics: coming to grips with lipid diversity 2010).
1. La forme des lipides contribuent aux courbures membranaires
- Les lipides qui contiennent des têtes polaires de largeur similaire et des chaînes acyles hydrophobes ont une forme cylindrique, i.e. ils s'assemblent en membranes planes telles que les bicouches.
- Les lipides avec un groupe de tête polaire large et une seule chaîne acyle ont une forme de cône inversé, i.e. ils induisent spontanément une courbure membranaire positive favorisant la formation de micelles sphériques.
- Les lipides avec un groupe de tête petit et une queue d'acyle volumineuse ont une forme de cône, i.e. Ils induisent une courbure membranaire négative favorisant la formation de la phase hexagonale inversée ou micelles inversées.
Les propriétés chimiques des différentes chaînes ou groupes de tête acyle lipidique peut favoriser différentes courbures membranaires.
a. L'acide lysophosphatidique (LPA) et l'acide phosphatidique (PA), interconvertis par l'acide lysophosphatidique acyltransférase et l'activation de la phospholipase A2 respectivement, favorisent les courbures opposées (Spontaneous Curvature of Phosphatidic Acid and Lysophosphatidic Acid 2005).
Ce phénomène est sous la dépendance des CtBP/BARS dans le réseau trans-Golgi (TGN).
b. Les flippases, i.e. qui transfèrent les lipides d'un feuillet à l'autre, donnent aussi lieu à des asymétries membranaires.
c. Les enzymes qui modifient la taille du groupe de tête lipidique, influencent la surface occupée par les lipides et affecte la courbure membranaire.
2. La complexité des membranes est encore augmentée par l'asymétrie membranaire, c'est-à-dire par des compositions lipidiques distinctes dans les deux feuillets (Asymetric Lpid Membranes: Towards More Realistic Model Systems 2015).
- Le feuillet externe est enrichi en sphingomyéline (SM) et en phosphatidylcholine (PC).
- Le feuillet interne comprend plus de phosphatidyléthanolamine (PE), de phosphatidylsérine (PS) et de phosphatidylinositol (PtdIns).
3. En outre, le degré de polyinsaturation des lipides dans le feuillet interne est environ le double de celui du feuillet externe (Plasma membranes are asymmetric in lipid unsaturation, packing, and protein shape 2020).
2. Les membranes peuvent comporter des domaines lipidiques différenciés de par leurs composition, conduisant à la coexistance de phases ayant des propriétés physiques différentes, i.e. épaisseur ou rigidité (Surface Tension and Line Tension 2022).
- À leurs frontières, des perturbations énergétiquement défavorables apparaissent, provoquant une tension de ligne (Effect of Line Tension on the Lateral Organization of Lipid Membranes 2007).
- Le système membranaire tente de réduire ces perturbations en réduisant la longueur totale des frontières, i.e. l'énergie de ligne du système.
Si ce phénomène se produit dans une membrane tubulaire, i.e. col d'une vésicule invaginée, le diamètre du col est réduit par compression spontanée et peut conduire à la fission ( domaines lipidiques et fission).
Les phosphoinositides sont particulièrement important car leur tête lipidique est facilement modifiée.
Leur rôle est essentiel dans le ciblage des vésicules.
Protéines membranaires intégrales
Les protéines transmembranaires de forme conique préféreront les courbures qui épousent leurs formes comme par exeple
- le récepteur nicotinique de l'acétylcholine, au au niveau de la jonction neuromusculaire,
- les canaux potassium voltage-dépendants (Kv).
Si ces protéines sont groupées, elles accentuent la courbure locale.
Cytosquelette d'actine et moteurs des microtubules
Ces constituants sont connus pour accentuer la courbure membranaire
1. Par exemple, dans l'endocytose clathrine-dépendante, les protéines qui interviennent dans cette courbure sont :
- les protéines à domaine BAR,
- l'actine, par sa polymérisation,
- les myosines.
2. Les moteurs des microtubules, i.e. kinésines et dynéines, sont impliquées dans la tubulation ou la vésicularisation des lysosomes.
Échafaudages directs et indirects
Les échafaudages de protéines volumineuses provoquent des encombrements stériques qu'on défit par le terme anglais de crowding qu'on retrouve dans la :
1. Des protéines déforment la membrane en la renforçant, un peu comme un échafaudage dont :
- la dynamine et ses approchants (superfamille de la dynamine ou DSP),
- des protéines de manteau comme la clathrine, COPI et COPII qui n'ont pas de liaison directe avec la membrane, mais agissent sur elle à l'aide d'adaptateurs,
- des domaines BAR (scission (vésicules) versus échafaudage (tubules)).
2. Les protéines SNARE, par la formation des complexes SNARE, associées à des protéines volumineuses qui provoquent un encombrement stérique, i.e. avec les protéines Sec1/Munc18-like (SM), les protéines d'arrimage (tethering protein), et les petites GTPases Rab, ainsi que Munc13 et les synaptotagmines courbent aussi les membranes dans la fusion membranaire.
Insertion d'hélices amphipathiques (AH)
Biologie cellulaire et moléculaireMembrane plasmiqueNoyauCytoplasmeMitochondriesSystème endomembranaireRéticulum endoplasmiqueAppareil de GolgiEndosomesLysosomesPeroxysomesProtéasomesCytosqueletteMicrofilaments d'actineFilaments intermédiairesMicrotubulesMatrice extracellulaireReproduction cellulaireBiochimieTransport membranaireMoteurs moléculairesVoies de signalisation