Approche comportementale du vétérinaire
comportementaliste
Comportement " normal " et homéostasie
L'homéostasie est la capacité de l'organisme à maintenir une stabilité relative du milieu interne malgré les changements constants de l'environnement.
La vision comportementale des vétérinaires comportementalistes et zoopsychiatres est dérivée de l'éthologie cognitive, est appelée éthologie clinique.
Comment décide-t-on d'exécuter un comportement ?
Exemple de comportement
Reprenons l'exemple de la prédation.
- L'animal est au repos (état initial).
- La faim (hypoglycémie) augmente sa vigilance.
- La perturbation de l'état initial pousse l'animal à chasser (actes moteurs de recherche, d'attaque, de mise à mort et d'ingestion de la proie).
- La satiété qui en découle ramène l'animal à l'équilibre (animal au repos).
Un comportement découle d'une perturbation de l'état initial de l'organisme ( état réactionnel).
1. Dans notre exemple, c'est une perturbation interne.
- L'animal est en hypoglycémie (baisse du glucose dans le sang), ce qui provoque la sensation de faim.
- Évidemment, nous déduisons cela de notre expérience et, généraliser à d'autres espèces est toujours aléatoire. Toutefois, dans cet exemple, les processus physiologiques étant similaires, le pourcentage d'erreur est relativement faible.
Ce pourrait être une perturbation externe.
- L'animal flaire l'approche d'un prédateur.
- Il se cache ou s'enfuit.
2. L'exécution du comportement ramène l'animal à son état initial.
- L'animal chasse et mange : la glycémie augmente, ce qui annule la sensation de faim. L'explication est simplifiée, mais c'est en gros ce qui se passe.
- Puis, l'organisme utilise le glucose (pour son énergie) qui diminue progressivement et le cycle recommence.
Nous en déduisons que les " valeurs " (prises au sens large) de l'organisme oscillent dans une zone de référence.
3. Employons une métaphore : le thermostat d'un chauffage.
a. Sur notre thermostat, on définit une température, i.e. un point de réglage pour qu'il n'y ait pas de variations brusques.
- Une baisse de température en-dessous du point de réglage active le thermostat qui déclenche le système de chauffage.
- Quand la hausse de température est suffisante, le thermostat commande l'arrêt du système.
b. D'une part, il faut éviter que le chauffage ne s'allume et s'éteigne trop souvent, i.e. une petite marge de température est prévue entre les signaux de déclenchement et d'arrêt. On définit plutôt une zone de réglage qu'un point.
c. D'autre part, cette zone peut être régulée selon certaines consignes, i.e. par exemple, on peut définir une autre zone, i.e. baisser la température la nuit.
Notions d'homéostasie
L'organisme ne peut travailler que dans une certaine stabilité et les " normes " ne peuvent varier de manière inconsidérée.
1. C'est à Claude Bernard (1813-1878) qu'on doit la mise en évidence du concept d'homéostasie (1865) : capacité de l'organisme à maintenir une stabilité relative du milieu interne malgré les changements constants de l'environnement.
Le comportement a donc permis à l'organisme de retrouver des valeurs à l'intérieur de limites assez étroites pour une condition de vie optimale « vie libre et indépendante », comme il le disait.
« Tous les mécanismes vitaux, quelque variés qu'ils soient, n'ont toujours qu'un but, celui de maintenir l'unité des conditions de la vie dans le milieu intérieur. »
2. Toutefois, c'est Walter Bradford Cannon (1871-1945), physiologiste américain, qui créa le terme d'homéostasie (stasis - état - et homoios - égal -) en parlant de la " sagesse du corps " (The Wisdom of the Body).
« Les êtres vivants supérieurs constituent un système ouvert présentant de nombreuses relations avec l'environnement. Les modifications de l'environnement déclenchent des réactions dans le système ou l'affectent directement, aboutissant à des perturbations internes du système. De telles perturbations sont normalement maintenues dans des limites étroites parce que des ajustements automatiques, à l'intérieur du système, entrent en action et que de cette façon sont évitées des oscillations amples, les conditions internes étant maintenues à peu près constantes [...]. Les réactions physiologiques coordonnées qui maintiennent la plupart des équilibres dynamiques du corps sont si complexes et si particulières aux organismes vivants qu'il a été suggéré qu'une désignation particulière soit employée pour ces réactions : celle d'homéostasie. »
3. Bien qu'il permette une stabilisation des valeurs de l'organisme, l'homéostasie est un phénomène essentiellement dynamique. L'individu doit s'adapter sans cesse à un environnement en perpétuel changement pour essayer de maintenir cet équilibre instable.
De même, le comportement adapte l'organisme aux exigences environnementales qui subissent, à tout moment, des modifications de toutes natures : c'est ce que l'on nomme l'adaptation indispensable à la survie de l'espèce ( adaptation de Piaget).
b. C'est Jean Piaget (1896-1980) qui étudia ce phénomène et décrivit les deux mécanismes que sont :
- l'assimilation : modification du milieu par l'individu pour s'y adapter,
- l'accommodation : modification de l'individu pour s'adapter au milieu.
Homéostasie sensorielle
Les vétérinaires comportementalistes et zoopsychiatres rajoutent une notion importante à celle déjà décrite.
L'homéostasie " sensorielle " définit l'état d'équilibre entre un individu et son environnement que l'animal acquiert pendant son développement comportemental. Elle est développée dans un chapitre spécial.