Approche comportementale du vétérinaire comportementaliste
Comportement " normal " et homéostasie

Citation

« Équilibre est synonyme d'activité. »

Jean Piaget

Sommaire


Nous, vétérinaires comportementalistes, définissons un comportement suivant un modèle cybernétique : nous avons une vision plastique et dynamique des comportements.

Chat chassant une souris Cette vision comportementale, dérivée de l'éthologie cognitive, est appelée éthologie clinique.


Comment décide-t-on d'exécuter un comportement ?

Exemple de comportement : la prédation

Reprenons l'exemple de la prédation ( infos).

  • L'animal est au repos (état initial).
  • La faim (hypoglycémie) augmente sa vigilance.
  • La perturbation de l'état initial pousse l'animal à chasser (actes moteurs de recherche, d'attaque, de mise à mort et d'ingestion de la proie).
  • La satiété qui en découle ramène l'animal à l'équilibre (animal au repos).


Chat bondissant sur une souris Un comportement découle d'une perturbation de l'état initial de l'organisme !

Dans notre exemple, c'est une perturbation interne.

  • L'animal est en hypoglycémie (baisse du glucose dans le sang), ce qui provoque la sensation de faim.
  • Evidemment, nous déduisons cela de notre expérience et, généraliser à d'autres espèces est toujours aléatoire. Toutefois, dans cet exemple, les processus physiologiques étant similaires, le pourcentage d'erreur est relativement faible.

Ce pourrait être une perturbation externe.

  • L'animal flaire l'approche d'un prédateur.
  • Il se cache ou s'enfuit.

Chat mangeant une souris L'exécution du comportement ramène l'animal à son état initial.

  • L'animal chasse et mange : la glycémie augmente, ce qui annule la sensation de faim. L'explication est simplifiée, mais c'est en gros ce qui se passe.
  • Puis, l'organisme utilise le glucose (pour son énergie) qui diminue progressivement et le cycle recommence.


Nous en déduisons que les " valeurs " (prises au sens large) de l'organisme oscillent dans une zone de référence.


Notions d'homéostasie


L'organisme ne peut travailler que dans une certaine stabilité et les " normes " ne peuvent varier de manière inconsidérée.

bernard C'est à Claude Bernard (1813-1878) qu'on doit la mise en évidence du concept d'homéostasie (1865) : capacité de l'organisme à maintenir une stabilité relative du milieu interne malgré les changements constants de l'environnement.

Le comportement a donc permis à l'organisme de retrouver des valeurs à l'intérieur de limites assez étroites pour une condition de vie optimale « vie libre et indépendante », comme il le disait.

« Tous les mécanismes vitaux, quelque variés qu'ils soient, n'ont toujours qu'un but, celui de maintenir l'unité des conditions de la vie dans le milieu intérieur. »

Toutefois, c'est Walter Bradford Cannon (1871-1945), physiologiste américain, qui créa le terme d'homéostasie (stasis - état - et homoios - égal -) en parlant de la " sagesse du corps " (The Wisdom of the Body).

« Les êtres vivants supérieurs constituent un système ouvert présentant de nombreuses relations avec l'environnement. Les modifications de l'environnement déclenchent des réactions dans le système ou l'affectent directement, aboutissant à des perturbations internes du système. De telles perturbations sont normalement maintenues dans des limites étroites parce que des ajustements automatiques, à l'intérieur du système, entrent en action et que de cette façon sont évitées des oscillations amples, les conditions internes étant maintenues à peu près constantes [...]. Les réactions physiologiques coordonnées qui maintiennent la plupart des équilibres dynamiques du cannon et pavlovcorps sont si complexes et si particulières aux organismes vivants qu'il a été suggéré qu'une désignation particulière soit employée pour ces réactions : celle d'homéostasie. »

Bien qu'il permette une stabilisation des valeurs de l'organisme, l'homéostasie est un phénomène essentiellement dynamique.


L'individu doit s'adapter sans cesse à un environnement en perpétuel changement pour essayer de maintenir cet équilibre instable.

Le comportement adapte l'organisme aux exigences environnementales qui subissent, à tout moment, des modifications de toutes natures : c'est ce que l'on nomme l'adaptation indispensable à la survie de l'espèce ( infos).

C'est Jean Piaget (1896-1980) qui étudia ce phénomène et décrivit les deux mécanismes que sont :

  • l'assimilation : modification du milieu par l'individu pour s'y adapter ( infos),
  • l'accommodation : modification de l'individu pour s'adapter au milieu ( infos).

Les vétérinaires comportementalistes rajoutent une notion importante à celle déjà décrite.


L'homéostasie " sensorielle " qui définit l'état d'équilibre entre un individu et son environnement que l'animal acquiert pendant son développement comportemental.

Prenons un exemple : une voiture pétarade dans la rue.

  • Un animal équilibré, c'est-à-dire avec une bonne homéostasie sensorielle, sursautera peut-être, mais n'éprouvera aucune distorsion émotionnelle.
  • Un chien phobique aux bruits réagira violemment (peur, tremblements, tachycardie, mictions émotionnelles) et se cachera dans un coin reculé de la maison ( infos). Le retour à l'équilibre se fera plus ou moins difficilement.

Cette homéostasie sensorielle dépend étroitement :

  • des expériences vécues par l'animal dans la période dite de " socialisation " ( infos),
  • de l'éducation prodiguée par la mère ( infos).

Notion de comportementBehaviorismeEthologie objective
Questionnement de TinbergenEthologie cognitiveComportement normal
HoméostasieEtat réactionnelSéquence comportementale
Comportement pathologiqueConsultation comportementale

Bibliographie
  • Université d'Oxford - Dictionnaire du comportement animal - Robert Laffont, Paris, 1013 p., 1990
  • Immelmann K. - Dictionnaire de l'éthologie - Pierre Mardaga Editeur, Liège, 296 p., 1990
  • Pageat P. - Pathologie du comportement du chien, Editions du Point Vétérinaire, Maisons-Alfort, 384 p., 1998
  • Gheusi G. - La cognition animale - 3ème cycle professionnel des écoles nationales vétérinaires - Toulouse 2000
  • Gaultier E - Les différentes approches du comportement - 3ème cycle professionnel des écoles nationales vétérinaires - Toulouse 2000