Citation
« Il faudrait, pour la préservation
de la race, être attentif à une élimination des êtres
moralement inférieurs encore plus sévère qu'elle ne
l'est aujourd'hui. Nous devons et nous avons le droit de nous fier aux meilleurs
d'entre nous et de les charger de faire la sélection qui déterminera
la prospérité ou l'anéantissement de notre peuple. »
Konrad Lorenz (1940)
Documentation web
La théorie de la sélection naturelle dans l'Origine des Espèces ( infos) de Charles Darwin (1809-1882) a bouleversé toutes les sciences et s'est introduite dans la sociopolitique.
L'éthologie a été marquée par la fameuse querelle de l'inné et l'acquis ( infos), selon que les scientifiques privilégiaient la génétique ( infos) ou les facteurs environnementaux ( infos).
Les thèses darwiniennes de sélection naturelle (
infos) ont ouvert la porte à toutes sortes d'extrémismes
radicaux. En effet, elles peuvent cautionner le racisme, la supériorité
de certains groupes sociaux.
On ne peut pas dire que Charles Darwin (1809-1882) soit raciste au sens vrai du terme, mais ses idées prêtent à confusion, c'est le moins que l'on puisse dire.
Tout le texte de " La descendance de l'homme " ( infos) transpire de connotations hiérarchiques, bien qu'il s'en défende en disant, par exemple, dans l'introduction du chapitre sur la comparaison des facultés mentales de l'homme et celles des animaux inférieurs : « … la conformation corporelle de l'homme prouve clairement qu'il descend d'un type inférieur ; on peut objecter, il est vrai, que l'homme diffère si considérablement de tous les autres animaux par le développement de ses facultés mentales que cette conclusion doit être erronée. » p : 67
Par la suite, dans ce chapitre, il ne fait que dire l'inverse. Dès la deuxième phrase, il ajoute : « Il n'y a aucun doute que, sous ce rapport, la différence ne soit immense, en admettant même que nous ne comparions au singe le mieux organisé qu'un sauvage de l'ordre le plus infime, qui n'a point de mots pour indiquer un nombre dépassant quatre, qui ne sait employer aucun terme abstrait pour désigner les objets les plus communs ou pour exprimer les affections les plus chères. »
Darwin propose alors une hiérarchie des races et une hiérarchie sociale.
« On range les Fuégiens parmi
les barbares les plus grossiers ; cependant, j'ai toujours été
surpris, à bord du vaisseau le Beagle, de voir combien trois naturels
de cette race, qui avaient vécu quelques années en Angleterre
et parlaient un peu la langue de ce pays, nous ressemblaient au point de
vue du caractère et de la plupart dés facultés intellectuelles…
Il faut bien admettre aussi qu'il y a un intervalle infiniment plus
considérable entre les facultés intellectuelles d'un poisson
de l'ordre le plus inférieur, tel qu'une lamproie ou un amphioxus,
et celle de l'un des singes les plus élevés, qu'entre les
facultés intellectuelles de celui-ci et celles de l'homme ; cet intervalle
est, cependant, comblé par d'innombrables gradations.
D'ailleurs, à ne considérer que l'homme, la distance n'est-elle
pas immense au point de vue moral entre un sauvage, tel que celui dont parle
l'ancien navigateur Byron, qui écrasa son enfant contre un rocher
parce qu'il avait laissé tomber un panier plein d'oursins, et un
Homard ou un Clarkson ; au point de vue intellectuel, entre un sauvage qui
n'emploie aucun terme abstrait, et un Newton ou un Shakespeare. Les
gradations les plus délicates relient les différences de ce
genre, qui existent entre les hommes les plus éminents des races
les plus élevées et les sauvages les plus grossiers.
Il est donc possible que ces facultés intellectuelles ou morales
se développent et se confondent les unes avec les autres. J'ai l'intention
de démontrer dans ce chapitre qu'il n'existe aucune différence
fondamentale entre l'homme et les mammifères les plus élevés,
au point de vue des facultés intellectuelles. » p : 67-68
Les hommes et les animaux sont en continuité aussi bien dans les facultés intellectuelles que dans les facultés morales et même esthétiques : il classe par ordre croissant, les animaux inférieurs, les animaux supérieurs, les sauvages et les hommes civilisés. Ernst Haeckel (1834-1919) décrit un tableau taxinomique de douze espèces et de trente-six races humaines, dont la crème est, bien entendu, le rameau germanique formé par les Anglais et les Allemands !
« Nous avons, je crois, démontré que l'homme et les animaux supérieurs, les primates surtout, ont quelques instincts communs. Tous possèdent les mêmes sens, les mêmes intuitions, éprouvent les mêmes sensations ; ils ont des passions, des affections et des émotions semblables, même les plus compliquées, telles que la jalousie, la méfiance, l'émulation, la reconnaissance et la magnanimité ; ils aiment à tromper et à se venger; ils redoutent le ridicule ; ils aiment la plaisanterie ; ils ressentent l'étonnement et la curiosité ; ils possèdent les mêmes facultés d'imitation, d'attention, de délibération, de choix, de mémoire, d'imagination, d'association des idées et de raisonnement, mais, bien entendu, à des degrés très différents. Les individus appartenant à une même espèce représentent toutes les phases intellectuelles, depuis l'imbécillité absolue jusquà la plus haute intelligence. Les animaux supérieurs sont même sujets à la folie, quoique bien moins souvent que l'homme. » p : 82-83
Son raisonnement se poursuit avec des remarques qui font penser qu'il n'y a pas une grande différence entre les animaux supérieurs et les hommes inférieurs.
« On peut évidemment admettre qu'aucun animal ne possède la conscience de lui-même si l'on implique par ce terme qu'il se demande d'où il vient et où il va, qu'il raisonne sur la mort ou sur la vie, et ainsi de suite. Mais, sommes-nous bien sûrs qu'un vieux chien, ayant une excellente mémoire et quelque imagination, comme le prouvent ses rêves, ne réfléchisse jamais à ses anciens plaisirs à la chasse ou aux déboires qu'il a éprouvés? Ce serait là une forme de conscience de soi. D'autre part, comme le fait remarquer Bûchner, comment la femme australienne, surmenée par le travail, qui n'emploie presque point de mots abstraits et ne compte que jusquà quatre, pourrait-elle exercer sa conscience ou réfléchir sur la nature de sa propre existence ? » p : 88
« L'absence de toute sympathie chez les animaux n'est quelquefois que trop certaine, car on les voit expulser du troupeau un animal blessé, ou le poursuivre et le persécuter jusquà la mort. C'est là le fait le plus horrible que relate l'histoire naturelle, à moins que l'explication qu'on en a donnée soit la vraie, c'est-à-dire que leur instinct ou leur raison les pousse à expulser un compagnon blessé, de peur que les bêtes féroces, l'homme compris, ne soient tentés de suivre la troupe. Dans ce cas, leur conduite ne serait pas beaucoup plus coupable que celle des Indiens de l'Amérique du Nord qui laissent périr dans la plaine leurs camarades trop faibles pour les suivre, ou que celle des Fidjiens qui enterrent vivants leurs parents âgés ou malades. » p : 108-109
Darwin a emprunté à Thomas Robert Malthus (1766-1834) certaines idées qui se retrouveront dans le darwinisme social ( infos).
«
L'homme étudie avec la plus scrupuleuse attention le caractère
et la généalogie de ses chevaux, de son bétail et de
ses chiens avant de les accoupler ; précaution qu'il ne prend que
rarement ou jamais peut-être, quand il s'agit de son propre mariage.
Il est poussé au mariage à peu près par les mêmes
motifs que ceux qui agissent chez les animaux inférieurs lorsqu'ils
ont le choix libre, et pourtant il leur est très supérieur
par sa haute appréciation des charmes de l'esprit et de la vertu.
D'autre part, il est fortement sollicité par la fortune ou par le
rang, la sélection lui permettrait cependant de faire quelque chose
de favorable non seulement pour la constitution physique de ses enfants,
mais pour leurs qualités intellectuelles et morales. Les
deux sexes devraient s'interdire le mariage lorsqu'ils se trouvent dans
un état trop marqué d'infériorité de corps ou
d'esprit ; mais, exprimer de pareilles espérances, c'est exprimer
une utopie, car ces espérances ne se réaliseront même
pas en partie, tant que les lois de l'hérédité ne seront
pas complètement connues. Tous ceux qui peuvent contribuer
à amener cet état de choses rendent service à l'humanité.
Lorsqu'on aura mieux compris les principes de la reproduction et de l'hérédité,
nous n'entendrons plus des législateurs ignorants repousser avec
dédain un plan destiné à vérifier, par une méthode
facile, si les mariages consanguins sont oui ou non nuisibles à l'homme.
L'amélioration du bien-être de l'humanité est un problème
des plus complexes. Tous ceux qui ne peuvent éviter une abjecte pauvreté
pour leurs enfants devraient éviter de se marier, car la pauvreté
est non seulement un grand mal, mais elle tend à s'accroître
en entraînant à l'insouciance dans le mariage.
D'autre
part, comme l'a fait remarquer M. Galton, si les gens prudents évitent
le mariage, pendant que les insouciants se marient, les individus inférieurs
de la société tendent à supplanter les individus supérieurs.
Comme tous les autres animaux, l'homme est certainement arrivé
à son haut degré de développement actuel par la lutte
pour l'existence qui est la conséquence de sa multiplication rapide
; et, pour arriver plus haut encore, il faut qu'il continue à être
soumis à une lutte rigoureuse. Autrement il tomberait dans
un état d'indolence, où les mieux doués ne réussiraient
pas mieux dans le combat de la vie que les moins bien doués. Il ne
faut donc employer aucun moyen pour diminuer de beaucoup la proportion naturelle
dans laquelle s'augmente l'espèce humaine, bien que cette augmentation
entraîne de nombreuses souffrances. Il devrait
y avoir concurrence ouverte pour tous les hommes, et on devrait faire disparaître
toutes les lois et toutes les coutumes qui empêchent les plus capables
de réussir et d'élever le plus grand nombre d'enfants.
» p : 676-677
Enfin, Darwin conclut la " descendance de l'homme " :
« J'aimerais autant pour ma part descendre du petit singe héroïque qui brava un terrible ennemi pour sauver son gardien, ou de ce vieux babouin qui emporta triomphalement son jeune camarade après l'avoir arraché à une meute de chiens étonnés, que d'un sauvage qui se plaît à torturer ses ennemis, offre des sacrifices sanglants, pratique l'infanticide sans remords, traite ses femmes comme des esclaves, ignore toute décence, et reste le jouet des superstitions les plus grossières. » La descendance de l'homme p : 678.
À la fin du XIXe siècle, la question raciale se posait fortement : guerre civile aux Etats-Unis, colonialisme européen. La plupart des scientifiques blancs considéraient les races non-blanches comme des races inférieures et essayaient de le prouver. Ils désapprouvaient les mariages interraciaux qui " abêtissaient " les individus.
Vous pouvez lire pour cela des extraits d'un livre instructif des pensées de l'époque : " Inégalités des races humaines " par Joseph Arthur, comte de Gobineau (1816 – 1882) ( infos).
« Le monde des arts et de la noble littérature résultant des mélanges du sang, les races inférieures améliorées, ennoblies, sont autant de merveilles auxquelles il faut applaudir. Les petits ont été élevés. Malheureusement les grands, du même coup, ont été abaissés, et c'est un mal que rien ne compense ni ne répare…La race blanche possédait originairement le monopole de la beauté, de l'intelligence et de la force. À la suite de ses unions avec les autres variétés, il se rencontra des métis beaux sans être forts, forts sans être intelligents, intelligents avec beaucoup de laideur et de débilité. >»
Nous parlerons surtout de Francis Galton, bien que celui-ci, est loin d'être le seul qui est contribué à une atmosphère délétère qui conduisit certains à un racisme intransigeant et à l'holocauste nazi et aux autres génocides.
Francis Galton (1822-1911), le cousin de Darwin, bien que se passionnant pour des sujets divers, était mathématicien et surtout, statisticien. Il découvrit de nombreuses méthodes statistiques encore employées aujourd'hui dans de nombreux domaines, en particulier l'étalonnage et l'essor de l'analyse factorielle.
Vous pouvez lire, en anglais, l'intégralité des oeuvres de Galton ( infos)
Galton était polyvalent et touche-à-tout, pourvu qu'on puisse mesurer quelque chose.
Ses contributions sont importantes en génétique :
Pour le sujet qui nous concerne, Galton poussa les idées de Darwin et créa l'eugénisme (d'eugène, le bien-né ou l'art de bien engendrer) en essayant de « ranger les hommes selon leur capacité naturelle » pour une meilleure organisation de la société ( infos). En cela, il est proche des idées de son cousin.
De nombreux textes, avant Galton, avaient déjà traité de l'amélioration de la race humaine ( infos).
Par toutes ses mesures, Galton avait l'obsession de pouvoir reconnaître
et de faire reproduire les meilleurs spécimens humains, comme on
le fait lors de la sélection du bétail.
Cet eugénisme ( infos) a été défini par Galton en 1904 : c'est « l'étude des facteurs socialement contrôlables qui peuvent élever ou abaisser les qualités raciales des générations futures, aussi bien physiquement que mentalement » ou encore « science de l’amélioration de la race, qui ne se borne nullement aux questions d’unions judicieuses, mais qui, particulièrement dans le cas de l’homme, s’occupe de toutes les influences susceptibles de donner aux races les mieux douées un plus grand nombre de chances de prévaloir sur les races les moins bonnes ».
Galton décrit, dans une utopie appelée " Kantsaywhere ", une nation où les femmes posséderaient une morphologie « promettant la naissance d'une noble race » et les hommes seraient façonnés « par l'athlétisme et les exercices militaires ». Quant au gouvernement, il serait aux mains des êtres supérieurs, donc « plutôt autoritaire que démocratique. » cité d'après Darwin et C° de Pierre Thuiller
Nous voyons là les dérives qui vont conduire à l'idéologie
nazie. Malheureusement, ces thèses ont été
validées par de nombreux scientifiques de l'époque.
Contrairement à ce que l'on pense, ce sont les Etats-Unis qui mirent en place les premières mesures dès 1907 sous l'égide de Charles B. Davenport ( infos). La Rockefeller Foundation aida l'eugénisme allemand et finança le programme sur lequel Josef Mengele travaillait avant d’être mis en charge d’Auschwitz ( infos).
Il est intéressant de voir que les controverses continuent à l'heure actuelle sur l'humanité des animaux ou l'animalité de l'homme, la notion de races ( infos) et l'eugénisme.
L'idée de parler de races nous emmènerait trop loin : la plupart des auteurs décrivent des races, mais en disant qu'il ne faut pas les traiter de racistes. En 1950, l'UNESCO encouragera les biologistes à rappeler l'absence de validité scientifique de la notion de " races humaines " ( infos).
« La revue Science a publié en février 2008 l'étude génomique la plus complète effectuée à ce jour. Les chercheurs ont comparé des fragments d'ADN de 650 000 nucléotides chez 938 individus appartenant à 51 ethnies. La conclusion de ces travaux est qu'il existe sept groupes biologiques parmi les hommes : les Africains subsahariens, les Européens, les habitants du Moyen-Orient, les Asiatiques de l'Est, les Asiatiques de l'Ouest, les Océaniens et les Indiens d'Amérique. » Wikipedia
L'eugénisme, par contre, est encore présent dans nos sociétés actuelles :
Grassé a dit : « Les philosophes
qui privent l’Homme de sa nature en font une sorte de monstre sans
patrimoine spécifique, une sorte de marionnette qui, heureusement,
ne ressemble en rien à l’être que nous sommes. Le biologiste
sait que l’évolution, par l’hominisation, en nous dotant
de notre nature nous a sortis de l’animalité et a ainsi créé
un nouvel univers, l’anthropocosme, dont les lois ne sont pas celles
de l’univers animal, le zoocosme. À l’Homme sa loi ;
à la bête, la sienne. »
Nous rentrons alors dans le monde des croyances et de ses absurdités !
Connaissances
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avant DarwinJeunesse
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de l'évolutionDarwin
et la question raciale
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et les Chrétiens