Phéromones et organisation sociale
Reconnaissance intraspécifique

Citation

« Comme dans la vie, les contraintes coexistent partout : dans l'organisation sociale et la vie affective, les échanges entre individus. Vivre et réaliser la contradiction, voilà l'essentiel. »

Proverbe africain

Sommaire

La reconnaissance du groupe ou de la famille est primordiale dans le comportement social. Cette reconnaissance est :

Les signaux sont :

  • génétiques,
  • environnementaux ou le plus souvent,
  • une combinaison des deux.

Les signaux sont :

  • soit produits par l'animal lui-même,
  • soit acquis de l'environnement.

On distingue trois manières de reconnaître un individu de son espèce :

  • la première est la familiarisation ou socialisation directe (1) par la reconnaissance des caractéristiques des individus de sa fratrie ;
  • la deuxième est la familiarisation ou socialisation indirecte (2) :
    • reconnaissance d'un autre individu de même phénotype par généralisation du modèle précédent de la fratrie (a) ;
    • reconnaissance de sa propre odeur dans l'odeur d'autres membres - en particulier d'un groupe - (b), moins fréquente que les deux premières (souris, hamster) ;
  • la troisième est la reconnaissance d'un individu ayant un allèle commun (c'est-à-dire un gène de l'espèce mais différent) : c'est une reconnaissance génétique en quelque sorte. Cette catégorie ne nécessite pas d'apprentissage (green beard pheromon).


La familiarisation directe et indirecte par généralisation (1 et 2a) sont de loin les plus importantes chez les mammifères.


Ces signaux sont appris le plus souvent lors de périodes particulières (périodes sensibles) : empreinte ou imprégnation comme chez le chiot ou le chaton au contact de la mère et de la fratrie ( infos).

La reconnaissance du groupe est primordiale dans de nombreux comportements qu'on peut qualifier d'altruistes comme :

  • élever les petits en commun,
  • chasser ensemble et partager la nourriture,
  • éloigner les intrus…

Mere-chatons dans le nidLes groupes sont en général formé par une famille et sa progéniture plus ou moins étendue.

Reconnaissance de la famille

Tout un ensemble d'odeurs et de phéromones ( infos) participent à :

  • l'attachement de la mère aux petits,
  • la communication olfactive lors de la tétée,
  • l'attachement des petits à la mère,
  • la reconnaissance du nid.

La reconnaissance familiale s'effectue dans le nid par familiarisation ou socialisation directe avec les membres de la fratrie.Toute cette alchimie complexe permet par la suite la socialisation intraspécifique.

Le régime alimentaire aurait également une importance dans les signaux de reconnaissance familiaux ( infos).

Reconnaissance du groupe, de l'individu

CommunicationDe nombreuses espèces de mammifères laissent difficilement les étrangers intégrer le groupe (groupe fermé).

Les phéromones ont alors un double rôle :

  • reconnaissance de l'odeur du groupe pour y laisser pénétrer les membres,
  • reconnaissance des intrus pour les refouler.

Dans certaines espèces, c'est l'allomarquage (marquage de l'autre) qui est mis en oeuvre comme chez le chat par exemple lors de socialisation interspécifique ou d'associations préférentielles. Dans cette espèce, l'allomarquage est complété par l'allogrooming, c'est-à-dire par le léchage du congénère permettant la répartition de certaines phéromones sur la peau.

Chez d'autres espèces, c'est le dominant qui donnera l'odeur du groupe : ceci est fréquent chez les Carnivores par l'intermédiaire des sécrétions des glandes anales par exemple (infos).

Nos chiens et nos chats domestiques reconnaissent les individus par leur aspect et surtout par leur odeur. C'est pour cela qu'ils sont flairés de manière approfondie : leur odeur est en quelque sorte leur " carte de visite " (infos).

Chez le chien , la dominance s'exprime, entre autres, de cette manière.

Peur devant le mirroirLes chats qui sont restés en pension ou qui ont été hospitalisés ne sont pas reconnus olfactivement par leurs congénères qui crachent contre eux et qui peuvent même les agresser. Ce comportement survient lorsque le chat a été rasé ou lorsqu'il porte une collerette, ce qui montre que des stimuli autres qu'olfactifs ( infos) jouent dans cette reconnaissance.

Les dear ennemy ou " chers ennemis  " sont également reconnus dans les conflits de voisinage.

Reconnaissance de soi

La reconnaissance de soi n'est pas visuelle chez le chien et le chat qui s'effraient devant un miroir.

Par contre, olfactivement, le chat se reconnaît lui-même car nous avons vu qu'il dépose des marques pour se rassurer (infos).

Sens chimiquesOlfactionCommunication olfactiveVue d'ensemble sur les phéromones
Perception phéromonaleOrgane voméro-nasal et voies ascendantes
Sécrétions et excrétions phéromonalesCommunication phéromonale
Phéromones et marquagesPhéromones et organisation sociale
Phéromones et reproductionPhéromones et alarmes Phéromonothérapie

Bibliographie
  • Brossut R. - Phéromones : la communication chimique chez les animaux - CNRS Editions, Paris, 143 p., 1996
  • Wyatt T.D. - Pheromones and animal behaviour : communication by smell and taste - Cambridge University Press, 391 p., 2003
  • Leroy Y. - L'univers odorant de l'animal - Boubée, 375 p., 1987
  • Pageat P. - La communication chimique dans l'univers des carnivores domestiques - PV, vol 28, n°181, 1997
  • Rosenzweig M.R., Leiman A.L., Breedlove S.M. - Psychobiologie  - DeBoeck Université, Bruxelles, 849 p., 1998
  • Giffroy J.M. (Prof. Université de Namur, Belgique) - L'éthogramme du chat - 3ème cycle professionnel des écoles nationales vétérinaires, Toulouse, 2000
  • Dehasse J. - Tout sur la psychologie du chat - Odile Jacob, Paris, 604 p., 2005
  • Wright M., Walters S. - Le livre du chat - Septimus éditions, 256 p., 1980
  • Cours de base du GECAF