Reproduction : cycles oestraux chez la chatte
Vue d'ensemble

Le cycle oestral est l'ensemble des modifications structurales et fonctionnelles du système génital femelle, mais également comportementales qui se succèdent d'un oestrus à l'autre.

Les cycles oestraux sont dépendants de l'activité, elle-même cyclique, des ovaires (cycle ovarien).

Cycles oestraux chez la chatte

Les cycles oestraux de la chatte, uniquement mis en évidence par le comportement spécifique d'oestrus (chaleurs), apparaissent à la puberté et durent toute la vie.

Chez d'autres espèces, on note l'apparition d'un saignement utérin (menstruation chez la femme, métrorragie physiologique chez la chienne) qui n'existe pas chez la chatte. Chez la femme, l'appauvrissement progressif des follicules de la réserve ovarienne provoque la ménopause.

Les sécrétions pulsatiles de GnRH hypothalamique stimulent la sécrétion de gonadotrophines (FSH et LH) par l'antéhypophyse, lorsqu'un certain nombre de paramètres sont réunis :

• environnementaux (lumière, température…).
• somatiques (poids, races, état de santé, hormones…),
• psychologiques (stress, anxiété).

L'hypothalamus est le centre décisionnel essentiel de tous les phénomènes hormonaux qui prend en compte et intègre de nombreuses informations sur l'état somatique et psychique de l'individu et sur les caractéristiques environnementales pour stimuler l'hypophyse. 

Les sécrétions de FSH et de LH provoquent le développement et la maturation des follicules ovariens, donc la synthèse des oestrogènes, hormones indispensables à l'apparition des chaleurs.

La chatte est une femelle polyoestrienne saisonnière, à ovulation provoquée : s'il n'y a pas coït, il n'y a pas ovulation, contrairement à la chienne, femelle monooestrienne non-saisonnière.

• Saisonnière car l'activité sexuelle est corrélée à la longueur des jours.
• Polyoestrienne parce que les cycles oestraux se succèdent pendant la période de reproduction.

Chez la chatte, femelle à ovulation provoquée, trois cycles différents peuvent survenir selon qu'il se produit une ovulation ou une fécondation :

• le cycle anovulatoire, comme son nom l'indique, s'il n'y a pas eu d'ovulation ;
• les cycles ovulatoires avec deux variantes
  • le cycle de pseudogestation, si le coït n'est pas fécondant (mâle stérile par exemple),
  • le cycle de gestation, suite à la fécondation.

Saisonnalité des chaleurs chez la chatte

Photopériode

Dans nos contrées de l'hémisphère Nord, les chaleurs apparaissent de février (2 mois environ après le solstice d'hiver) à septembre (2 mois environ après le solstice d'été).

Dans les régions équatoriales où les jours sont relativement constants, l'activité sexuelle dure toute l'année.

C'est la longueur du jour, qu'on appelle photopériode, qui contrôle la reproduction chez les espèces à anoestrus saisonnier (rythmes biologiques).

Ce phénomène est lié, comme chez de nombreux animaux, à une hormone, la mélatonine, sécrétée par la glande pinéale pendant les phases d'obscurité, qui régule de nombreux rythmes biologiques.

• Quand les jours sont courts, en hiver, la mélatonine est sécrétée massivement et inhibe les chaleurs : on parle d'anoestrus saisonnier.
• Quand les jours sont longs, au printemps et en été, le niveau de la mélatonine décroît et la chatte peut entrer en chaleur.

Ce cycle est dépendant de la voie rétino-hypothalamique.

• Les photorécepteurs rétiniens transmettent l'information lumineuse, au travers des noyaux suprachiasmatiques (" the master clock " de Stephan et Nuñez), à l'épiphyse (glande pinéale) qui la transforme en information endocrinienne par la sécrétion de mélatonine. Cette molécule est un chronobiotique, substance chimique active sur l’horloge circadienne (désynchronisant ou synchronisant les rythmes).
• La mélatonine est surtout sécrétée pendant les périodes d'obscurité et inhibe (nuits longues) ou stimule (nuits courtes) les sécrétions pulsatiles de GnRH hypothalamique.
• La GnRH stimule à son tour la FSH et la LH, gonadotrophines responsables de la remise en route des ovaires et, en particulier, la sécrétion d'oestrogènes, nécessaires à l'apparition des chaleurs.

Le mécanisme est encore mal connu, mais la découverte des kisspeptines pourraient lever le voile.

• L’expression de la kisspeptine dans le noyau arqué de l'hypothalamus augmente avant la période de reproduction chez les femelles à anoestrus saisonnier. Les kisspeptines sont de puissants stimulateurs de la sécrétion de GnRH hypothalamique, activant l'axe gonadotrope.
• Les récepteurs à la mélatonine sont également situés dans le noyau arqué et le noyau périventriculaire et pourraient agir directement sur les neurones à kisspeptines qui stimuleraient la sécrétion de GnRH.

Toutefois, dans nos maisons ou nos élevages, l'éclairage artificiel permet de contrebalancer quelque peu ces phénomènes : les anoestrus seront moins prononcés que dans la nature.

L'abaissement de la température (en rapport avec la baisse de la longueur des jours) retarde également l'apparition des chaleurs.

Pour les matous, les auteurs ne sont pas d'accord sur la saisonnalité de la reproduction.

• Bien entendu, le rut du mâle est synchrone des chaleurs de la femelle.
• Toutefois, il semble que le nombre de spermatozoïdes soit 2 à 3 fois plus important en été qu'en hiver.

Races de chats

Cet anoestrus saisonnier dépend également de la race et est plus court chez les races à poils courts que chez les races à poils longs :

• les Persanes ont un anoestrus marqué et relativement long ;
• les races orientales (Siamoises…) y sont moins sensibles.

Les femelles à anoestrus saisonnier présentent leur période de reproduction pendant des périodes variables suivant la durée de la gestation, pour que les naissances aient lieu à un moment favorable pour les petits (température, nourriture…).

Polyoestrie

La polyoestrie est définie comme l'apparition de plusieurs cycles pendant la période sexuelle.

Comme les chattes sont des femelles à ovulation provoquée, s'il n'y a pas coït, il n'y a pas d'ovulation. Les follicules ovariens dégénèrent et un nouveau cycle recommence (cycle anovulatoire).

Le laps de temps entre deux périodes de chaleurs ou interoestrus est variable :

• non seulement selon la race,
• mais aussi, selon les individus.

Le cycle oestral varie donc selon chaque chatte.

Proestrus, oestrus et ovulation

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