• Comportement du chien et
    du chat
  • Celui qui connait vraiment les animaux est par là même capable de comprendre pleinement le caractère unique de l'homme
    • Konrad Lorenz
  • Biologie, neurosciences et
    sciences en général
  •  Le but des sciences n'est pas d'ouvrir une porte à la sagesse infinie,
    mais de poser une limite à l'erreur infinie
    • La vie de Galilée de Bertold Brecht

Approche comportementale du vétérinaire comportementaliste
Comportement " normal " et séquence comportementale

Sommaire
définition

Les vétérinaires comportementalistes et zoopsychiatres divisent une séquence comportementale en trois phases : une phase appétitive, une phase consommatoire et une phase d'apaisement avec un signal d'arrêt

Cette vision comportementale, dérivée de l'éthologie cognitive, est appelée éthologie clinique.

Séquence comportementale normale
Séquence comportementale normale
(Figure : vetopsy.fr)

Contrairement aux éthologistes classiques qui réduisent les comportements en item comportementaux les plus simples possibles - action pattern - et décrivent des séquences comportementales (behavior pattern) relativement complexes, nous avons une vision des séquences comportementales plus transposables en éthologie clinique.

Séquence
comportementale

Prenons l'exemple de la prédation chez le chien qui nous servira de guide.

Phase appétitive

Prédation

1. L'animal est au repos (état initial).

2. La faim (stimulus de l'hypoglycémie) augmente sa vigilance et perturbe son état initial (modification de l'homéostasie).

a. Le chien affamé perçoit un lapin, proie qu'il connaît pour en avoir déjà consommé.

Scène de chasse
Scène de chasse

b. Ce stimulus est dit " stimulus appétitif ", i.e. stimulation plaisante, agréable, désirable, qui tend à la satisfaction, dont l'animal veut se rapprocher ou qui provoque des sensations ou des réponses de bien-être (loupe stimulus appétitif).

c. Ce stimulus appétitif, perçu dans un contexte de motivation alimentaire, i.e. dans un état réactionnel adéquat, a une forte intensité d'évocation, c’est-à-dire envoie une consigne claire au cerveau.

En effet, si le chien est repu, le lapin ne provoquerait pas cette montée en tension.

Phase appétitive de la prédation
Phase appétitive de la prédation
(vetopsy.fr d'après istockphotos.com)

3. La phase appétitive va provoquer l'approche, l'attaque et la mise à mort de la proie.

Elle modifie le stimulus initial (proie vivante) en un autre stimulus (proie morte) qui prépare et déclenche l'acte central de la séquence comportementale, i.e. t la phase consommatoire, qui porte bien son nom dans le comportement alimentaire.

Généralisation aux autres comportements

bien

En généralisant aux autres comportements, Immelmann décrit les comportements appétitifs ainsi : « comportements de recherche, aspirations actives vers une situation stimulante déclenchante… qui tendent vers l'exécution d'un acte consommatoire ou la rencontre d'un individu, d'un objet ou d'un endroit. »

1. Les comportements appétitifs sont des comportements exploratoires (orientation, positionnement…) souvent acquis par apprentissage par imitation.

Caméléon
Caméléon
(Photo : CathyKelfer)

Par exemple, chez les félins, les parents apprennent aux petits à chasser en ramenant des proies vivantes pour qu'ils puissent apprendre à les attraper et à les tuer (loupe apprentissage de la prédation chez le chat).

Certains comportements appétitifs sont :

  • locomoteurs sont sans " but précis " et concourent tout de même à atteindre un but de manière aléatoire,
  • non locomoteurs comme les animaux qui se camouflent pour attendre leurs proies, comme la mante religieuse ou le caméléon.

Ces comportements, qui peuvent durer longtemps, n'influencent en aucune façon la motivation.

2. Les éthologistes sont partagés sur le fait de savoir quels sont les comportements qu'on peut définir d'appétitifs dans les comportements complexes.

David MacFarland décrit le comportement de la construction du nid chez le merle qui nécessite plusieurs sortes de brindilles (longues et courtes) pour la base et les bords et de la boue et des poils pour le fond.

  • Merlette construisant son nid
    Merlette construisant son nid
    (Photo : maartmeester)
    Est-ce que la recherche de chaque brindille est un comportement appétitif pour le placement dans le nid qui serait le comportement consommatoire ?
  • Est-ce tous les allers-retours sont considérés comme des comportements appétitifs dont le comportement consommatoire serait la construction du nid ?

3. Dans les comportements sociaux complexes, la phase appétitive peut être être considérée comme une phase d'identification qui amène l'animal à proximité immédiate de la cible pour déterminer son identité afin que les actions appropriées puissent être prises. Elle peut être alors subdivisée en trois phases (loupe comportements sociaux) :

  • la phase de détection,
  • la phase d'approche,
  • la phase d'investigation.
bien

Nous, vétérinaires comportementalistes et zoopsychiatres, considérons que ce qui précède le comportement consommatoire, appelé, chez nous, phase consommatoire et acte central du comportement décrit, est la phase appétitive de la séquence comportementale.

Phase consommatoire

1. La phase consommatoire, acte consommatoire des éthologues et acte central de la séquence comportementale, dans ce cas, l'ingestion de la proie, permet la satisfaction de la motivation (ici, la faim).

  • Le stimulus transformé (lapin consommable) est bien celui qui est capable de déclencher sa consommation.
  • Phase consommatoire de la prédation
    Phase consommatoire de la prédation
    Ces phases consommatoires sont souvent plus stéréotypées que les phases appétitives façonnées, en règle générale, par l'expérience.
bien

Immelmann décrit l'acte consommatoire ainsi : « coordination motrice héréditaire sur laquelle débouche une séquence de comportements appétitifs. »

2. Au départ, Charles Scott Sherrington (1857-1952) et Wallace Craig (1876-1954) pensaient que l'acte consommatoire épuisait une sorte d'énergie " interne " d'où les phases suivantes (phase de stabilisation et phase réfractaire) en se référant aux potentiels d'actions des neurones.

  • Cette énergie se reconstituerait ensuite progressivement et le cycle recommencerait selon le modèle hydraulique de Konrad Lorenz (1903-1989).
  • Nous savons, à l'heure actuelle, que la motivation dépend de très nombreux facteurs.

3. La phase consommatoire peut également être la phase appétitive d'un autre comportement !

Un animal qui a mangé peut avoir soif.

Phase d'apaisement, de stabilisation ou de satiété

Nous, vétérinaires comportementalistes et zoopsychiatres, considérons que la phase d'apaisement, de stabilisation ou de satiété, suivie par le signal d'arrêt, ramène l'animal à l'équilibre (animal au repos).

Cet état d'équilibre diffère légèrement de celui du départ car l'animal aura engrangé une expérience supplémentaire.

Phase d'apaisement de la prédation
Phase d'apaisement de la prédation
(Photo : sashomasho)

1. Dans ce cas, c'est la satiété qui découle de l'ingestion qui constitue la phase d'apaisement.

a. Par contre, l'animal peut encore ingérer de la nourriture et comme dit MacFarland : « La satiété n'est pas le degré zéro de la faim ! »

b. C'est pourquoi, nous ne décrivons pas, comme en neurophysiologie, une période réfractaire pendant laquelle un comportement identique n'est plus possible.

2. L'interruption de la séquence est un des éléments les plus importants sur les plans fonctionnels et clinique.

Que déduisons-nous de la structuration
de cette séquence comportementale ?

1. Tout le long de la séquence comportementale, le stimulus initial est modifié : dans ce cas, proie vivante, proie morte, aliment.

bien

Le déclenchement de chaque phase est dépendant de l'exécution de la phase précédente.

2. A chaque étape de la séquence, une régulation peut intervenir en fonction des événements.

  • Dans la prédation, si la proie fait le mort, le processus de chasse peut s'arrêter là (loupeimmobilité).
  • Dans les agressions, si la phase de menace, période appétitive, a fait reculer le danger, la séquence comportementale saute la phase consommatoire.
attention

Le processus de déroulement de la séquence comportementale est complexe et tributaire d'un développement comportemental satisfaisant.

3. Enfin, la présence d'un signal d'arrêt est essentielle.

Si l'animal ne l'intègre pas dans sa séquence, il tournera en boucle, comme dans le cas des animaux hyperactifs qui ne s'arrêtent jamais ou presque (loupe déficit des autocontrôles).

bien

Le signal d'arrêt est un des points-clef du développement comportemental (loupeacquisition des autocontrôles).

Conclusion

La séquence comportementale est donc un processus complexe, régulé à chaque phase, et apprise sous cette forme structurée par l’animal.

Séquence comportementale de prédation
Séquence comportementale de prédation
(Figure : vetopsy.fr)

1. Ce processus est tributaire d'un développement comportemental satisfaisant qui dépend des expériences vécues par l'animal dans la période de socialisation.

Par exemple, si l'environnement n'a pas été suffisamment stimulant pendant cette période, l'animal sera sujet à toutes sortes de phobies, et en particulier aux phobies sociales.

2. Ce processus dépend également de l'éducation prodiguée par la mère (loupe comportement maternel) ou par les modèles et de la qualité de l'attachement.

  • La mère doit être équilibrée et l'attachement " secure " : le chiot ou le chaton est alors capable d'explorer l'environnement en toute confiance en sachant qu'il est protégé de tout ce qui peut être dangereux.
  • Cet attachement secure est capital dans les capacités futures du jeune à créer des liens apaisants avec ses congénères (loupe socialisation intraspécifique), mais, contribue également à en tisser avec d'autres espèces, et en particulier, l’homme (loupe socialisation interspécifique).

Déstructuration de la séquence comportementale