Communication sonore

Citation

« La cécité vous prive du contact avec les choses, la surdité vous prive du contact avec les gens. »

Helen Keller, écrivain aveugle et sourd

Sommaire

Dans de nombreuses espèces animales, certaines fonctions vitales impliquent la participation d'au moins deux individus (défense, reproduction, cohésion sociale).


Cette coopération nécessite un échange d'informations entre les individus concernés et implique plusieurs canaux sensoriels (chimique, visuel, auditif, tactile).


Bataille rangéeLa communication ( infos) au sens éthologique est définie comme l'émission par un animal d'un signal qui provoque une réponse de la part d'un autre animal, de telle sorte qu'un avantage soit acquis :

  • soit par l'individu qui émet le signal,
  • soit par l'individu qui le reçoit,
  • soit par un groupe dont ils font partie.

Cette définition éthologique simple donne les éléments caractéristiques de la communication :

  • un émetteur ;
  • un signal : dans ce cas non précisé, ce qui permet d'inclure tous les stimuli possibles (chimiques au sens large, visuels, acoustiques, tactiles) ;
  • un ou des récepteurs ;
  • un acte qui prépare ou qui organise un ensemble de comportement.

Une définition complète et précise de la communication a été donnée par Yveline Leroy ( infos).

Chien de gardeLa communication sonore n'est apparue que tardivement dans l'évolution (embranchements des arthropodes et des vertébrés).


Elle est caractérisée par l'émission, chez nos animaux domestiques (il en va autrement chez les Arthropodes) :

  • de signaux vocaux, c'est-à-dire produits par un souffle d'air traversant un appareil spécialisé contenant un résonateur (différenciation d'un larynx à partir de tuyaux assurant uniquement la respiration pulmonaire), ce qui permet une production très diversifiée de sons ;
  • de signaux non-vocaux (halètement, claquement de dents…) qui ont été étudiés uniquement chez le chien (infos).

Les signaux sonores, comme les autres signaux par ailleurs, doivent être considérés sous plusieurs angles :

  • la distance de l'action ;

Ces messages sont perceptibles à grande distance, aussi bien de jour que de nuit ou lorsque la visibilité est limitée (milieu forestier dense, hautes herbes, ...). La communication sonore est alors bien plus efficace que les communications visuelle et tactile.

  • la localisation ;

La communication auditive ne laisse aucune trace contrairement à la communication chimique comme dans les marquages territoriaux par exemple ( infos).

  • la durée ;

La transmission est discontinue et ponctuelle dans le temps.

  • la spécificité.

DauphinLa communication auditive est toujours en relation avec une fonction. Les signaux sonores permettent une très grande spécificité qui atteint la " virtuosité " surtout chez les oiseaux, les mammifères marins et l'homme.


C'est pour toutes ces raisons que la communication sonore s'est surtout développée chez des espèces :

  • qui se déplacent (comportement locomoteur intense) :
    • dans les trois dimensions : dans l'eau comme les poissons ou les mammifères marins, dans l'air comme les insectes ou les oiseaux (chants d'oiseaux),
    • dans un milieu obscur comme l'océan ou la nuit comme les chauves-souris par exemple.
  • qui sont solitaires ou vivant en habitat dispersé : ils possèdent un répertoire vocal qui porte loin (sons longs, intenses, fréquence étroite, émis de manière régulière) alors que les signaux brefs, peu intenses permettent une communication à faible distance (animaux grégaires).


Le chat, qui possède ces trois particularités, présente un répertoire vocal étendu comparativement aux autres carnivores.

Chants des oiseauxLes répertoires auditifs des animaux sont en général relativement pauvres (une quinzaine de sons différents, excepté pour les espèces citées auparavant).


Le plus souvent, les signaux acoustiques en complètent d'autres. La communication fait appel à tous ses organes des sens.

Le message, qu'il soit volontaire ou non, peut être répété sous différentes formes en mettant en jeu plusieurs canaux sensoriels. Le message n'en est que plus efficace (signaux renforçants).

Un chat ou un chien dans une situation conflictuelle grogne ou crache… en hérissant le poil ce qui constitue un message visuel univoque.

Le choix du signal de communication dépend de l'espèce animale, de l'environnement (par exemple, présence de prédateurs) et de ce que l'animal veut exprimer.

La transmission à longue distance attire un partenaire sexuel, mais risque également d'avertir un prédateur.

 « Les signaux auditifs préviennent, accompagnent ou prolongent le déroulement de certaines fonctions biologiques essentielles et ils en sont l'expression, ce qui ne veut pas dire la symbolisation  » (Yveline Leroy).

Chat miaulantLes signaux sonores sont classés grossièrement en deux groupes :

  • les signaux favorisant les rencontres individuelles, la cohésion du groupe : appels sexuels, sons des jeunes nidicoles (pour la demande de nourriture par exemple ou les contacts dans la fratrie), mais aussi, dans la communication olfactive, les marques territoriales ( infos) ;
  • les signaux favorisant la dispersion ou l'éloignement : rivalités, alarme, défense.

La communication sonore indique aux congénères l'emplacement de l'émetteur et la présence de l'existence d'autres signaux visuels et/ou olfactifs qui ne pourraient être détectés d'une autre manière (longue distance ou visibilité limitée).


L'
apprentissage et la ritualisation permettent d'élargir le champ d'utilisation de certains sons.

L'homme privilégie le verbal et pense, à tort, que ce dernier constitue l'essentiel de notre communication. Or, même entre humains, 80% de la communication passe par le non-verbal. Parler avec nos animaux domestiques est de loin notre interaction la plus fréquente avec eux. Le chat ou le chien apprend alors à renforcer ses vocalises au contact de son propriétaire.

AuditionOreilleVoies auditivesCommunication sonore
Communication sonore du chienCommunication sonore du chat

Bibliographie
  • Leroy Y. - L'univers sonore animal - Bordas, 350 p., 1979
  • Moelk M. - Vocalizing in the house-cat ; a phonetic and functional study - The American Journal of Psychology, Vol LVII, p: 184-205, 1944
  • Giffroy J..M. (Prof. Université de Namur, Belgique) - L'éthogramme du chat - 3ème cycle professionnel des écoles nationales vétérinaires, Toulouse, 2000
  • Giffroy J..M. (Prof. Université de Namur, Belgique) - L'éthogramme du chien - 3ème cycle professionnel des écoles nationales vétérinaires, Toulouse, 2000
  • Dehasse J. - Tout sur la psychologie du chat - Odile Jacob, Paris, 604 p., 2005
  • Rosenzweig M.R., Leiman A.L., Breedlove S.M. - Psychobiologie - DeBoeck Université, Bruxelles, 849 p., 1998
  • Université d'Oxford - Dictionnaire du comportement animal - Robert Laffont, Paris, 1013 p., 1990
  • Immelmann K. - Dictionnaire de l'éthologie - Pierre Mardaga Editeur, Liège, 296 p., 1990