Approche comportementale du vétérinaire comportementaliste
Behaviorisme et éthologie objective

Citation

« Il ne suffit pas de dire : je me suis trompé ; il faut dire comment on s'est trompé. »

Claude Bernard

Sommaire


La vision comportementale du vétérinaire comportementaliste est dérivée de l'éthologie cognitive : elle est appelée éthologie clinique.

Après un bref rappel des notions éthologiques), nous décrirons notre manière de travailler dans le cadre de nos cliniques.

Histoire des approches comportementales

Behaviorisme et psychologie expérimentale

Le behaviorisme est né d'une volonté d'abandonner toute forme de " mentalisme " et d'anthropomorphisme, et d'un souhait de se doter d'une méthodologie scientifique rigoureuse.

Pour cela et avant tout, la priorité est donnée à l'observable et au rejet de facultés jugées difficilement mesurables et susceptibles d'échapper à toute analyse : la conscience, l'intentionnalité, le raisonnement, la logique, les états mentaux, les représentations mentales.

Le behaviorisme a été profondément influencé par le courant physiologique, et notamment les travaux issus des neurophysiologies allemande ( infos) et russe ( infos) qui étudièrent les réflexes ( infos).

La quasi-totalité des travaux, menés en laboratoire par Edward Thorndike (1874-1949), John Broadus Watson (1878-1958) et surtout Burrhus Frédéric Skinner (1904-1990), sur un petit nombre d'espèces (rat essentiellement), mettent en jeu des stimuli parfaitement contrôlables, évoquant de manière constante des comportements dont la reproductibilité permet d'établir un certain nombre de lois.


Pour les behavioristes, tout comportement peut être défini comme une réponse à un stimulus : l'animal ne se construit que par apprentissage.

Les behavioristes ont recherché inlassablement les lois générales qui régissent cet apprentissage : ils ont exagéré son importance dans le développement du comportement animal et ont négligé la dimension phylogénétique, évolutive et adaptative des comportements.


Pour eux, seul l'environnement décide du comportement d'un individu pendant son développement. En d'autres termes, tout comportement ou presque est acquis.

Les comportements pathologiques sont des comportements " mal " appris et, volontairement ou non, par l'environnement ou un entourage déficient.

Chaque individu est unique : une sémiologie (partie de la médecine qui traite des signes cliniques et des symptômes des maladies) ou une nosographie (description et classification des maladies) est impossible.

Il suffit de modifier les facteurs de l'environnement pour modifier le comportement : une partie des animaux ne " répondant " pas à ces thérapies sont " anormaux " et, à la limite, devront être euthanasiés.


Dans notre discipline vétérinaire, l'école anglo-saxonne a une approche purement behavioriste du comportement animal.
Elle ne reconnaît pas les états pathologiques (phobie, anxiété, dépression, dysthymie).

Elle se limite à la recherche des éléments déclencheurs et renforçateurs des comportements qui ont provoqué la consultation comportementale.

Dans un tout autre registre, de nombreux éducateurs canins agissent de même.

Ethologie objective

Notion de comportement dans l'éthologie objective

Le cadre très artificiel des expériences menées représente la principale critique de personnages issus du courant naturaliste, zoologiste ou évolutionniste ( infos), qui s'intéressaient aux comportements des animaux.

En réaction au Behaviorisme se développe alors l'éthologie animée par des naturalistes comme Konrad Lorenz (1903-1989), Nikolaas Tinbergen (1907-1988) et Karl Von Frisch (1886-1982) qui affirment que l'étude des comportements des animaux doit se faire dans leur milieu de vie naturel par une observation " passive " sans intervention des scientifiques.

  • Ils découvrent les comportements innés des oiseaux.
  • Ils reconnaissent que les séquences comportementales sont des unités fonctionnelles.

Elles comprennent plusieurs phases : ils distinguent " l'acte final rigide, satisfaisant l'impulsion " (ou acte consommatoire) et les comportements d'appétence, variables et préparatoires par lesquels un animal recherche une situation stimulatrice déclenchante déterminée ( infos).

Eclosion et empreinte ou imprégnationLorenz a montré que, si certains comportements étaient bien définis dans leur séquence motrice, le stimulus déclencheur est souvent non spécifique : les oisillons de l'oie cendrée, à l'éclosion, suivent la première chose mobile qu'ils voient (en général leur mère, mais, dans ce cas, Lorentz lui-même), et le lien indéfectible créé durera toute leur vie. L'éclosion constitue une période sensible dans le développement de l'organisme.

Contre le behaviorisme, les éthologistes ont reconnu la spontanéité des mouvements instinctifs, comme une particularité physiologique de grande importance qui a échappé aux recherches des réflexologistes classiques.

Konrad Lorenz (1903-1989) cherchera les modes d'intégration de l'inné et de l'acquis en donnant une importance particulière à cette disposition innée à l'apprentissage, dont il a constamment souligné l'importance pour les sciences humaines, ce qui lui vaudra avec Nikolaas Tinbergen (1907-1988) et Karl Von Frisch (1886-1982) le prix Nobel de médecine (1973). De cette opposition entre l'éthologie et le behaviorisme naît la querelle aujourd'hui obsolète entre l'inné et l'acquis ( infos).


Pour ces scientifiques, la génétique influence fortement les comportements.

Agression chez le chien Les comportements pathologiques sont des comportements produits par des animaux dont la capacité d'adaptation est dépassée.

Une sélection génétique rigoureuse permettra de ne pas reproduire les mêmes caractères.

  • Dans cette optique, la société centrale canine nous offre une image singulière des races, en leur accordant telle ou telle particularité comportementale, comme " aimant les enfants " par exemple.
  • Une autre conséquence de cette vision des choses est la promulgation des lois sur les chiens dangereux faisant porter le chapeau à telle ou telle race (" délit de sale gueule ") pour appréhender le " mal des banlieues " ( infos).

Questionnement de Tinbergen

Ethologie cognitive

Notion de comportementBehaviorismeEthologie objective
Questionnement de TinbergenEthologie cognitiveComportement normal
Homéostasie
Etat réactionnelSéquence comportementale
Comportement pathologiqueConsultation comportementale

Bibliographie
  • Université d'Oxford - Dictionnaire du comportement animal - Robert Laffont, Paris, 1013 p., 1990
  • Immelmann K. - Dictionnaire de l'éthologie - Pierre Mardaga Editeur, Liège, 296 p., 1990
  • Pageat P. - Pathologie du comportement du chien, Editions du Point Vétérinaire, Maisons-Alfort, 384 p., 1998
  • Gheusi G. - La cognition animale - 3ème cycle professionnel des écoles nationales vétérinaires - Toulouse 2000
  • Gaultier E - Les différentes approches du comportement - 3ème cycle professionnel des écoles nationales vétérinaires - Toulouse 2000