Citation
« Ainsi, la nature passe, par des degrés
tellement insensibles, des êtres sans vie aux animaux, que la continuité
nous cache la commune limite des uns et des autres, et qu'on ne sait auquel
des deux extrêmes rapporter l'intermédiaire. »
Aristote
Pour comprendre le courant transformiste et évolutionniste dans les sciences naturelles, il nous faut tout d'abord envisager les forces en présence lorsque Charles Darwin (1809-1882) écrivit ce « maudit livre » qui l'a « presque tué » : " l'Origine des Espèces " en 1859 ( infos), cinquante ans tout juste après la " Philosophie zoologique, ou Exposition des considérations relatives à l’histoire naturelle des animaux.. " où Jean-Baptiste de Lamarck (1744-1829) expose ses vues sur sa théorie de transformation des espèces.
A cette époque, deux grands courants s'opposent :
Il nous faut d'abord expliciter quelques " vérités " de l'époque.
L'échelle des êtres ( infos), depuis l'Antiquité, a toujours été ressentie intuitivement par toute personne s'intéressant un tant soit peu à la nature : certains êtres sont simples et d'autres plus complexes.
Cette échelle des êtres, sans aucune ramification, commence par les quatre éléments, continue par la matière inanimée (minéraux), les végétaux, puis les animaux pour finir à nous, les hommes, qui nous considérons, sans modestie, comme le maillon ultime de l'évolution. Dieu nous a-t-il pas créé à son image ?
Bien que cette échelle soit connue depuis l'Antiquité, c'est Gottfried Wilhelm Leibniz (1646-1716), puis Charles Bonnet (1720-1793) qui l'impose en biologie grâce à ses livres " Considérations sur les corps organisés " écrit en 1762 ( infos), et, en 1769, " la palingénésie philosophique ou idées sur l'état passé et l'état futur des êtres vivans " ( infos).
Cette échelle des êtres reste contemporaine de la " classification naturelle " chère à Carl von Linné (1707-1778).
« L'échelle des êtres n'est pas plus récente que celle de la prééminence de l'homme; elle aussi remonte tout au moins jusqu'à Aristote (382-324 av. JC), qui, sans en faire l'objet d'une théorie spéciale, l'a bien des fois laissée entrevoir. C'est qu'elle se présente infailliblement à la raison même. quand la raison ne porte que des regards superficiels sur les êtres animés; entre eux, il y a des affinités, des analogies, des ressemblances, qui frappent tout d'abord; et après quelques rapides observations, on est obligé d'introduire un certain ordre entre tous ces êtres, non pas seulement pour les discerner, mais parce que les uns semblent, de toute évidence, subordonnés à d'autres, plus parfaits qu'eux. De l'homme, on descend nécessairement aux quadrupèdes; des quadrupèdes, aux oiseaux; des oiseaux, aux reptiles, aux poissons, aux insectes. C'est cette première vue de l'esprit humain, sur les réalités qu'exprime Aristote, quand il dit par exemple : " La nature passe des êtres sans vie aux êtres animés par des nuances tellement insensibles que la continuité nous cache la limite commune des uns et des autres, et qu'on est embarrassé de savoir auquel des deux extrêmes on doit rapporter l'intermédiaire. Ainsi, après la classe des êtres animés, vient d'abord celle des plantes. Déjà, si l'on compare les plantes entre elles, les unes semblent avoir une plus grande somme de vie que certaines autres ; puis, la classe entière des végétaux doit paraître presque animée comparativement à d'autres corps; mais en même temps, quand on la compare à la classe des animaux, elle parait presque sans vie. D'ailleurs, le passage des plantes aux animaux présente si peu d'intervalle que, pour certains êtres qui habitent la mer, on hésite et l'on ne sait pas si ce sont vraiment des animaux ou des plantes. Ainsi, l'éponge produit absolument l'effet d'un végétal; mais c'est toujours par une différence très légère que ces êtres, les uns comparés aux autres, semblent avoir de plus en plus la vie et le mouvement. " (Aristote, Histoire des Animaux, liv. VIII, ch. 1, § 4.). » Préface de Jules Barthélemy-Saint Hilaire (1805-1895), écrite en 1883 de " l'Histoire des Animaux " d'Aristote ( infos)
De nombreux auteurs s'étaient penchés sur l'âge du monde,
c'est-à-dire à l'époque de la création biblique
que peu remettait en cause.
Au XVIe siècle, l'archevêque anglican James Ussher (1581-1656) calcula que la terre a été créée en le 23 octobre 4004 avant J.-C. On comprend qu'en ce cours laps de temps, les espèces ne pouvaient pas évoluer !
En 1735 déjà, Benoît de Maillet (1656-1738) dans son " Telliamed " ( infos) estime que la terre a plusieurs millions d'années.
Cette oeuvre, très intéressante à lire, présente des idées qu'on retrouvera dans le transformisme de Lamarck ( infos).
Georges-Louis Leclerc, conte de Buffon (1707-1788), dans son livre " Théorie de la terre ", livre I de son histoire naturelle de 1749 ( infos), estime que la terre a environ 74 832 ans, par le calcul du temps de refroidissement des boulets portés au rouge.
Cette idée d'une création de la terre bien plus ancienne que
le temps biblique ouvrira la porte à la notion d'évolution
lente des espèces.
Connaissances
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Plans
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