Communication
Vue d'ensemble
- Généralités
sur la communication
- Essais de définition de la communication
- Récepteurs sensoriels et communication
- Communication intraspécifique
- Communication interspécifique
- Les quatre types de communication
- Communication chez le chien
- Communication chez le chat
- Communication chez l'homme
Communiquer est l'activité qui nous occupe le plus souvent, même si nous ne le faisons pas toujours efficacement.
Vue d'ensemble de la communication
1. Nous baignons dans un monde de communication.
Comme le dit Gregory
Bateson (1904-1980) : « On ne peut pas ne pas
communiquer. »
- Le fait de se trouver dans une pièce avec une autre personne, c'est déjà communiquer même si l'on ne se parle pas.
- Dans une conversation, 80 % de la communication passe par le non verbal chez l'Homme, , comme on le voit sur la photo ci-contre ( communication humaine).
On voit bien dans cet exemple que la communication peut être :
- passive, sans qu'on en soit conscient,
- active, quand l'intention est nette, i.e. parler, faire des gestes…
2. Dans de nombreuses espèces animales, certaines fonctions vitales impliquent la participation d'au moins deux individus (défense, reproduction, cohésion sociale).
Cette coopération nécessite un échange d'informations entre les individus concernés et implique plusieurs canaux sensoriels.
La communication permet de transmettre des informations, des stimulations et des émotions.
Essai de définition
Un peu d'histoire
Donner une définition correcte de la communication est une gageure.
Le naturaliste G. M. Burghardt ne s'y est pas trompé : « Je me sens incapable de résoudre le conflit concernant les diverses définitions de la communication chez les animaux. »
1. Ce n'est que depuis 1930 environ, sous l'impulsion des éthologistes objectivistes (Konrad Lorenz (1903-1989) et Nikolaas Tinbergen (1907-1988) entre autres) que les interactions animales ne sont plus considérées comme des humeurs.
Avant cette époque, tous les naturalistes suivaient Charles Darwin (1809-1882). Pour lui, seul l'Homme pouvait communiquer, c'est-à-dire, exprimer des idées, des émotions et des sentiments.
2. Pour les behavioristes, la communication était uniquement considérée comme une application du modèle stimulus-réponse (S-R).
- Rappelons qu'à l'époque, l'objet principal de la neurophysiologie était l'étude des réflexes. Ivan Petrovitch Pavlov (1849-1936) expliquait tous les comportements au moyen de réflexes conditionnés et non conditionnés.
- Les réponses étaient stéréotypées, invariables ou peu variables et génétiquement programmées.
C'est vers les années 1960 que la communication animale, sous l'influence des cognitivistes, est étudiée plus précisément et décrite dans toute sa complexité.
Définition éthologique
1. La communication au sens éthologique est définie comme l'émission par un animal d'un signal qui provoque une réponse de la part d'un autre animal, de telle sorte qu'un avantage soit acquis :
- soit par l'individu qui émet le signal,
- soit par l'individu qui le reçoit,
- soit par un groupe dont ils font partie.
2. Cette définition éthologique simple donne les éléments caractéristiques de la communication :
- un émetteur
- un signal : dans ce cas non précisé, ce qui permet d'inclure tous les stimuli possibles, i.e. chimique, visuel, auditif, tactile,
- un ou des récepteurs,
- un acte qui prépare ou qui organise un ensemble de comportement.
3. Pourquoi cette définition est-elle éthologique ? La thèse centrale de l'éthologie moderne, en suivant Charles Darwin (1809-1882), est qu'un comportement n'évolue que parce qu'il avantage l'animal. Pour pallier cette difficulté, la définition ci-dessus invoque les bénéficiaires de ces avantages.
a. l'individu qui émet le signal ;
- Le loup dominé qui lèche le museau du dominant ne sera pas agressé par lui (postures de soumission active)
- Quand une baudroie agite son appendice en forme de ver pour attirer un petit poisson, la communication interspécifique finit par la mort de ce dernier.
b. l'individu qui reçoit le signal ;
Les phéromones d'alarme émises par un chat signalent la présence d'un danger à un autre chat qui évitera la zone marquée (phéromones d'alame).
c. le groupe dont ils font partie.
Les bandes de chiens sauvages conjuguent leurs efforts pour capturer une grosse proie.
- On pourra objecter que le mâle dominant mangera en premier les meilleurs morceaux (prérogatives alimentaires du dominant).
- Toutefois, les plus faibles pourront manger également, ce qui n'aurait peut-être pas été possible sans la coopération de tous.
Définition d'Yveline Leroy
Une définition complète et précise de la communication a été donnée par Yveline Leroy (1932-1986), zoologiste, spécialiste de psychophysiologie et de sociologie animale, directrice du Laboratoire d'étho-écologie à l'École pratique des hautes études de 1976 à 1986.
« Au niveau animal, on appellera communication les actes qui préparent ou organisent, à distance ou à proximité, une relation qui assure et éventuellement modifie le déroulement d'une ou de plusieurs fonctions auxquelles participent au moins deux organismes, pas nécessairement de la même espèce. » ( action provoquée et communication intra et interspécifique).
« Ces actes mettent en jeu des signaux, ou ce qui en tient lieu, des indices, qui émanent d'un organisme émetteur et sont adaptés à la fois au milieu où ils sont produits et aux potentialités perceptives de l'organisme récepteur. » ( caractéristiques du signal).
« La réaction-réponse de celui-ci est l'expression tangible de la réussite de l'acte de communication. Dans la plupart des cas, les rôles d'émetteur et de récepteur ne sont pas interchangeables. » ( réceptivité du signal)
Caractéristiques de
la communication
Qui dit communication dit médiation : nous devons prendre en compte l'ensemble de la relation qui unit l'émetteur et le récepteur.
1. Toutefois, le vrai médiateur est le signal qui est une notion difficile à appréhender.
Le signal et ses caractéristiques sont étudiés dans un chapitre spécial et permettent d'expliquer la communication, à lire absolument !
2. La communication n'est ni une interaction, ni une phase consommatoire : elle prépare ou organise un ensemble de comportement auxquels participent au moins deux organismes.
a. Le chat ou le chien qui mange un oiseau par exemple est en interaction avec lui.
Le manger est un acte consommatoire. Il n'y a pas là, communication.
b. Par contre, la chasse en meute nécessite une coopération entre les chiens, basée sur des signaux (acoustiques en particulier), véritable communication qui prépare et organise la fonction copartagée, i.e. la capture de la proie (prédation des grosses proies).
3. Ces deux organismes ne sont pas nécessairement de la même espèce et la communication peut être :
- intraspécifique, c'est-à-dire entre membres de la même espèce ;
- interspécifique, quand elle s'adresse à des représentants d'espèces différentes.