Histoire de l'éthologie
Courant prépsychologique

Toutes les écoles importantes postérieures à René Descartes (1596-1650) dérivent du courant mécaniste (matérialiste), mais avec une vision plus ou moins réductionniste des fonctions mentales des animaux et de l'homme.

Cette vision mécaniste déboucha sur deux disciplines différentes :

• la physiologie et, en particulier pour notre sujet, le courant neurophysiologique,
• le courant prépsychologique ( infos) qui conduira à la psychologie, et en particulier, à la psychologie comparative pour notre sujet.

Parallèlement, le courant naturaliste traitera, dans la continuité d'Aristote (382-324 av. JC), des sciences naturelles c'est-à-dire de l'histoire de la terre, des animaux et de leurs comportements ( infos).

Au sein des courants mécanistes ( infos), le courant prépsychologique s'attache à comprendre les processus mentaux chez l'animal et chez l'homme.

Ce courant est à l'origine de la psychologie comparée.

George John Romanes (1848-1894)

George John Romanes (1848-1894) défend l'idée de son ami Charles Darwin (1809-1882), suite à son livre " L'expression des émotions chez l'animal et l'homme " ( infos), en opposition avec les idées de René Descartes (1596-1650), d'une continuité entre les processus mentaux mis en oeuvre chez l'homme et chez l'animal.

Pour Romanes, les différences entre les états mentaux de l'homme et de l'animal correspondent à des degrés, mais ne doivent pas être considérées comme faisant référence à des processus de nature différente.

• Du point de vue de l'animal, Romanes parle d'inférence subjective.
• Il conçoit ainsi d'aborder les activités des animaux en leur attribuant des sentiments et des états mentaux qu'ils sont censés éprouver lorsqu'ils sont confrontés à des situations analogues aux nôtres.

Ces livres fondamentaux sont " l'intelligence des animaux " ( infos) & ( infos) et " l'évolution mentale chez les animaux ".

Ainsi, on passe, avec Romanes, d'un anthropocentrisme cartésien à une vision anthropomorphique de l'animal.

Conway Lloyd Morgan (1852-1936)

Conway Lloyd Morgan (1852-1936), à la même époque et en opposition à George John Romanes (1848-1894), établit les premières fondations et les premières bases méthodologiques de la Psychologie animale.

Ces bases méthodologiques rigoureuses sont parfaitement résumées dans ce qui restera le Canon de Morgan, ou principe d'économie dans l'explication.

• Le principe de Morgan énonce qu'une activité comportementale ne doit en aucun cas être interprétée comme la conséquence d'une faculté mentale élaborée, si la même activité comportementale peut être conçue comme le fruit d'une activité mentale moins élevée.

« In no case is an animal activity to be interpreted in terms of higher psychological processes, if it can be fairly interpreted in terms of processes which stand lower in the scale of psychological evolution and development ».

• Morgan invoque ce principe afin de prévenir toute dérive anthropomorphique qui s'opposerait à l'établissement de bases scientifiques rigoureuses en Psychologie comparée : il ouvre la voie au behaviorisme ( infos).

Le Canon de Morgan demeure encore aujourd'hui un principe déterminant, incontournable dans les études ayant trait à la cognition animale.

L'exemple le plus célèbre qui assiéra définitivement l'importance de ce principe est celui du cheval " Clever Hans ".

• Hans était un cheval : son propriétaire prétendait qu'il était capable de compter. Hans était ainsi capable de donner, par des coups de sabot, le résultat correct de l'addition de deux chiffres.
• Oskar Pfungst, psychologue, entreprit d'examiner les talents du cheval.
  • Pfungst montra qu'Hans était incapable de résoudre le problème posé, s'il était en présence d'observateurs et de questionneurs ignorant le résultat.
  • De la même façon, Hans ne pouvait donner la bonne réponse s'il était séparé du questionneur par un écran opaque.
• Pfungst démontrait ainsi que le cheval ne comprenait ni les questions, ni les réponses aux problèmes posés, mais qu'il utilisait des mouvements légers de la tête de son propriétaire, ou le relâchement des spectateurs qui signalaient alors involontairement à Hans d'interrompre sa frappe ( infos).

L'effet " Clever Hans " désigne aujourd'hui les erreurs d'interprétation d'expériences des chercheurs en psychologie animale qui n'ont pas effectué tous les contrôles nécessaires.

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