Citation
« Les animaux qui peuplent notre globe, s'offrent-ils
à nos yeux, tels qu'ils ont été créés
? Ou bien se sont-ils modifiés depuis leur création ?
Les espèces sont-elles immuables ? Ou bien des races, transportées
sous l'influence de circonstances différentes, peuvent-elles, à
la longue, s'écarter du type originel, et constituer, à leur
tour, des races ou espèces distinctes par de nouveaux caractères
? ». »
Etienne Geoffroy Saint-Hilaire
Pour comprendre le courant évolutionniste, il nous faut tout d'abord envisager les forces en présence lorsque Charles Darwin (1809-1882) fit paraître, en 1859, le « maudit livre » qui l'a « presque tué » : " l'Origine des Espèces " ( infos).
A cette époque, deux grands courants s'opposent :
Le courant évolutionniste (
infos), déjà apparu avant Aristote
(382-324 av. JC) et issu de l'approche zoologique (du grec zôon, animal,
et logos science), après la florissant Moyen Age musulman
(
infos), se développe au XVIIIe siècle.
Le XVIIIe siècle voit naître les pionniers et les premières classifications de l'Histoire Naturelle. Ce sont des personnages comme :
Erasmus Darwin (1773-1802) était le grand-père paternel de Charles Darwin. Il était médecin, poète et philosophe.
Son ouvrage le plus célèbre est la " Zoonomie, ou lois de la vie organique " paru en 1794-1796 ( infos). Il décrit une ébauche de transformisme qui en fait un des précurseurs de Lamarck (1744-1829).
« Les trois grands objets des désirs qui ont changé les formes d’un grand nombre d’animaux, par leurs exertions pour les satisfaire, sont ceux de la concupiscence, de la faim, et de leur conservation.
Tous ces moyens paraissent avoir été formés par le filament vivant primordial, et être mis en action par les besoins des animaux qui les possèdent et dont l’existence repose sur eux… Serait-ce une témérité d’imaginer, que dans la longue suite de siècles écoulés depuis la création du monde, peut-être plusieurs millions de siècles avant l’histoire du genre humain, serait-ce, dis-je, une témérité d’imaginer que tous les animaux à sang chaud sont provenus d’un filament vivant que LA GRANDE CAUSE PREMIERE a doué de l’animalité, avec la faculté d’acquérir de nouvelles parties accompagnées de nouveaux penchans dirigés par des irritations, des sensations, des volitions et des associations, et ainsi possédant la faculté de continuer à se perfectionner par sa propre activité inhérente, et de transmettre ces perfectionnemens de génération en génération à sa postérité et dans les siècles des siècles ? » Zoonomie, extraits volume II ( infos)
Son petit-fils n'est pas tendre avec son grand-père, fervent partisan de Lamarck (1744-1829). Charles Darwin (1809-1882) écrivit dans sa biographie en parlant de ses théories ( infos) :
« J'ai écouté dans un silence étonné, et, autant que je puisse en juger, sans aucun effet sur mon esprit. J'avais déjà lu la " Zoonomie " de mon grand-père, dans laquelle on retrouve des points de vue similaires, mais qui n'ont produit aucun effet sur moi. Néanmoins, il est probable que le fait d'entendre ces théories précocement dans mon existence, les ont fait perduré dans mon esprit et ont favorisé leur acceptation sous une forme différente, dans mon Origine des espèces. A cette époque, j'admirais beaucoup " Zoonomie ", mais à la deuxième lecture, dix à quinze ans plus tard, j'ai été beaucoup déçu, la proportion de spéculation étant trop grande par rapport aux faits. »
Etienne Geoffroy Saint-Hilaire (1772-1844) a découvert la loi de l'Unité de la composition organique décrite pour la première fois dans l’Histoire des makis ou singes de Madagascar, écrit en 1795.
Son fils, Isidore Geoffroy Saint-Hilaire (1805-1861), écrit dans " Vie, travaux et doctrine scientifiques d'Etienne Geoffroy Saint-Hilaire ", paru en 1847 ( infos) : « Enfin, le Mémoire sur les Makis va nous fournir pour dernier exemple l'idée elle-même, au développement de laquelle Geoffroy Saint-Hilaire devait consacrer une si grande partie de sa vie : l'Unité de composition organique. Et dans ce Mémoire, composé en 1795, publié au commencement de 1796, l'idée mère de l'anatomie philosophique se trouve, non pas seulement pressentie, non pas indiquée, mais formulée avec une étonnante netteté. La nature, ce sont les propres expressions de l'auteur, a formé tous les êtres vivants sur un plan unique, essentiellement le même dans son principe, mais varié de mille manières dans toutes ses parties accessoires. Et dans la même classe d'animaux, les formes diverses sous lesquelles elle s'est plu à faire exister chaque espèce, dérivent toutes les unes des autres ; il lui suffit de changer quelques-unes des proportions des organes pour les rendre propres à de nouvelles fonctions, pour en étendre ou restreindre les usages. Toutes les différences viennent seulement d'un antre arrangement, d'une autre complication, d'une modification enfin de ces mêmes organes. »
C'est Isidore, au milieu du XIXe, définit le terme d'éthologie,
c'est-à-dire l'étude scientifique du comportement des animaux
dans leur milieu naturel, déjà préconisée par
Charles
Georges Leroy (1723-1789) au siècle précédent.
On retrouve dans le texte de son fils Isidore (à partir de la page 305) la fameuse querelle d'Etienne Geoffroy Saint-Hilaire contre Georges Cuvier (1769-1832) en 1830, devant l'Académie des Sciences, de laquelle ce dernier sortira largement vainqueur ( infos).
«
On voit que Geoffroy Saint-Hilaire ne se borne pas à réfuter
les systèmes de Cuvier et des finalistes. Il y substitue une autre
doctrine, précisément inverse. Les premiers disaient : La
disposition et la structure d'un organe sont en raison de la fonction qu'il
a à remplir, et, en général, l'organisation d'un animal
en raison de ses moeurs et du rôle qu'il doit jouer dans la nature.
Système que l'on peut résumer dans cette formule souvent reproduite
: Telle est la fonction, tel sera l'organe ; ou dans cette autre, plus claire,
et non moins concise : La fonction est la cause finale de l'organe. Geoffroy
Saint-Hilaire renverse les termes : pour lui la fonction de chaque organe
est en raison de sa disposition et de sa structure, et les moeurs de l'animal
en raison de son organisation; d'où cette formule : Tel est l'organe,
telle sera la fonction; ou bien : La fonction est l'effet de l'organe. Doctrine
qui n'exclut d'ailleurs en rien la réaction de la fonction sur l'organe,
si évidemment apte à se développer, à s'atrophier,
à se modifier, selon qu'il sera plus ou moins et diversement exercé…
Essayons de réduire la question à des termes simples.
Les animaux qui peuplent notre globe, s'offrent-ils à nos yeux, tels
qu'ils ont été créés ? ou bien se sont-ils modifiés
depuis leur création ? Les espèces sont-elles immuables
? ou bien des races, transportées sous l'influence de circonstances
différentes, peuvent-elles, à la longue, s'écarter
du type originel, et constituer, à leur tour, des races ou espèces
distinctes par de nouveaux caractères ? »
Connaissances
au XIXeEvolutionnismeAntiquitéMoyen
AgeBuffon
Erasmus
DarwinGeoffroy
Saint-HilaireLamarckTransformisme
de Lamarck
Charles Darwinl'Origine
des EspècesThéorie
de l'évolution
Développement de la génétiqueNéodarwinismeClassification
phylogénétique
Systématique
génétiqueFixisme