Citation
« Une espèce peut subir de tels changements
qu'elle diffère finalement plus de sa forme originelle que de celles
des autres espèces qui vivent aujourd'hui. Elle est devenue une nouvelle
espèce. »
Lacépède
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Pour comprendre le courant évolutionniste, il nous faut
tout d'abord envisager les forces en présence lorsque Charles
Darwin (1809-1882) fit paraître, en 1859, le « maudit livre
» qui l'a « presque tué » : " l'Origine
des Espèces " (
infos).
A cette époque, deux grands courants s'opposent :
Le courant évolutionniste (
infos), déjà apparu avant Aristote
(382-324 av. JC) et issu de l'approche zoologique (du grec zôon, animal,
et logos science), après la florissant Moyen Age musulman
(
infos), se développe au XVIIIe siècle.
Le XVIIIe siècle voit naître les pionniers et les premières classifications de l'Histoire Naturelle. Ce sont des personnages comme :
C'est
Jean-Baptiste
de Lamarck qui inventa, en 1802, le mot " biologie "
(du grec bios, " vie ", et logos, " science "
(
infos).
Toute l'oeuvre de Lamarck peut être consultée en ligne (
infos).
Lamarck a été le premier à différencier
les animaux vertébrés des animaux sans vertèbres (
infos).
C'est dans " Philosophie zoologique, ou Exposition des
considérations relatives à l’histoire naturelle des
animaux.. " en 1809 que Lamarck expose ses vues sur sa théorie
de transformation des espèces (
infos) et où parait le premier arbre phylogénétique,
ses arborescences rompant à tout jamais avec l'échelle linéaire
des êtres (
infos).
« On a appelé espèce,
toute collection d'individus semblables qui furent produits par d'autres
individus pareils à eux. Cette définition est exacte ; car
tout individu jouissant de la vie, ressemble toujours, à très-peu
près, à celui ou à ceux dont il provient. Mais on ajoute
à cette définition, la supposition que les individus qui composent
une espèce ne varient jamais dans leur caractère spécifique,
et que conséquemment l'espèce a une constance absolue
dans la nature. C'est uniquement cette supposition que je me propose
de combattre, parce que des preuves évidentes obtenues par l'observation,
constatent qu'elle n'est pas fondée.
Or,
n' ayant pas fait attention que les individus d'une espèce
doivent se perpétuer sans varier, tant que les circonstances qui
influent sur leur manière d'être ne varient pas essentiellement,
et les préventions existantes s'accordant avec ces régénérations
successives d'individus semblables, on a supposé que chaque
espèce étoit invariable et aussi ancienne que la nature, et
qu'elle avoit eu sa création particulière de la part
de l'auteur suprême de tout ce qui existe. Sans doute, rien
n'existe que par la volonté du sublime auteur de toutes choses.
Mais pouvons-nous lui assigner des règles dans l'exécution
de sa volonté, et fixer le mode qu'il a suivi à cet égard
? Sa puissance infinie n' a-t-elle pu créer un ordre de choses
qui donnât successivement l'existence à tout ce que nous
voyons, comme à tout ce qui existe et que nous ne connoissons pas
?
Assurément, quelle qu'ait été sa volonté,
l'immensité de sa puissance est toujours la même ; et
de quelque manière que se soit exécutée cette volonté
suprême, rien n' en peut diminuer la grandeur…
Je le répète, plus nos collections s'enrichissent, plus
nous rencontrons des preuves que tout est plus ou moins nuancé, que
les différences remarquables s'évanouissent, et que le plus
souvent la nature ne laisse à notre disposition pour établir
des distinctions, que des particularités minutieuses et, en quelque
sorte, puériles.
Je ne veux pas dire pour cela que les animaux qui existent forment
une série très-simple, et partout également nuancée
; mais je dis qu'ils forment une série rameuse, irrégulièrement
graduée, et qui n'a point de discontinuité dans ses
parties, ou qui, du moins, n'en a pas toujours eu, s'il est
vrai que, par suite de quelques espèces perdues, il s'en trouve
quelque part. Il en résulte que les espèces qui terminent
chaque rameau de la série générale, tiennent, au moins
d'un côté, à d'autres espèces voisines
qui se nuancent avec elles. Voilà ce que l'état
bien connu des choses me met maintenant à portée de démontrer.
Je n'ai besoin d' aucune hypothèse, ni d' aucune
supposition pour cela : j'en atteste tous les naturalistes observateurs.
Non-seulement beaucoup de genres, mais des ordres entiers, et quelquefois
des classes mêmes, nous présentent déjà des portions
presque complètes de l'état de choses
que je viens d'indiquer. » Zoologie philosophique p : 54
et suivantes
Comme
de nombreux zoologistes avant lui, il commence par étudier l'espèce
la plus " parfaite ", c'est-à-dire l'Homme, puis
décrit les animaux par complexité décroissante pour
arriver aux infusoires, classe la plus rudimentaire dont il fait le point
de départ de toute vie par génération spontanée
(
infos).
« Nous voici, enfin, parvenus à
la dernière classe du règne animal, à celle qui comprend
les animaux les plus imparfaits à tous égards, c'est-à-dire,
ceux qui ont l'organisation la plus simple, qui possèdent
le moins de facultés, et qui semblent n'être tous que
de véritables ébauches de la nature animale… L'organisation
des infusoires, devenant de plus simple en plus simple,
selon les genres qui les composent, les derniers de ces genres nous présentent,
en quelque sorte, le terme de l'animalité
; ils nous offrent, au moins, celui où nous pouvons atteindre…
Ce ne sont que de très-petits corps gélatineux, transparens,
contractiles et homogènes, composés de tissu cellulaire presque
sans consistance, et néanmoins irritables dans tous leurs points…
C'est uniquement parmi les animaux de cette classe que la
nature paroît former.
Les générations spontanées ou directes qu'elle
renouvelle sans cesse chaque fois que les circonstances y sont favorables
; et nous essayerons de faire voir que c'est par eux qu'elle a
acquis les moyens de produire indirectement, à la suite d'un temps
énorme, toutes les autres races d'animaux que nous connoissons.
» Zoologie philosophique p: 209 et suivantes
A l'époque, les infusoires comprenaient toutes sortes d'animalcules : n'oubliez pas que la théorie cellulaire était encore inconnue : elle ne sera découverte qu'en 1838 par Matthias Jakob Schleiden (1804-1881), bien que ce soit Robert Hooke (1635-1703) qui découvrit les cellules en 1665 grâce aux premiers microscopes créés au début du XVIIe siècle. En outre, les premières recherches sur l'hérédité biologique datent de 1858 et sont l'oeuvre de Gregor Mendel (1822-1884).
Pour Lamarck, les différentes classes du règne animal compliquent progressivement leur structure et créé au fur et à mesure de nouveaux organes qui n'existent pas chez, dans ce que nous appelons à l'heure actuelle, les unicellulaires.
«
En arrivant aux animaux sans vertèbres…, on est convaincu,
en observant leur état, que, pour leur donner successivement l'existence,
la nature a procédé graduellement du plus simple vers le plus
composé. Or, ayant eu pour but d'arriver à un plan
d'organisation qui en permettroit le plus grand perfectionnement
(celui des animaux vertébrés), plan très différent
de ceux qu' elle a été préalablement forcée
de créer pour y parvenir, on sent que, parmi ces nombreux animaux,
l'on doit rencontrer, non un seul système d'organisation perfectionné
progressivement, mais divers systèmes très distincts, chacun
d'eux ayant dû résulter du point où chaque organe de
première importance a commencé à exister. En
effet, lorsque la nature est parvenue à créer un organe spécial
pour la digestion (comme dans les polypes), elle a, pour la première
fois, donné une forme particulière et constante aux animaux
qui en sont munis, les infusoires par qui elle
a tout commencé, ne pouvant posséder ni la faculté
que donne cet organe, ni le mode de forme et d'organisation propre à
en favoriser les fonctions. Lorsqu'ensuite elle a établi
un organe spécial de respiration, et à mesure qu'elle
a varié cet organe pour le perfectionner, et l'accommoder aux
circonstances d'habitation des animaux, elle a diversifié l'organisation
selon que l'existence et le développement des autres organes spéciaux
l'ont successivement exigé. Lorsqu'après cela
elle a réussi à produire le système nerveux, aussitôt
il lui a été possible de créer le système musculaire,
et dès lors il lui a fallu des points affermis pour les attaches
des muscles, des parties paires constituant une forme symétrique,
et il en est résulté différens modes d'organisation,
à raison des circonstances d'habitation et des parties acquises,
qui ne pouvoient avoir lieu auparavant. Enfin, lorsqu'elle a obtenu
assez de mouvement dans les fluides contenus de l'animal, pour que la circulation
pût s'organiser, il en est encore résulté, pour l'organisation, des particularités importantes qui la distinguent,
des systèmes organiques, dans lesquels la circulation n'a point
lieu. » Philisophie zoologique, p: 163 et suivantes
« …C'est maintenant un fait incontestable, qu'en considérant l'échelle animale dans un sens inverse de celui de la nature, on trouve qu'il existe, dans les masses qui composent cette échelle, une dégradation soutenue, mais irrégulière, dans l' organisation des animaux qu'elles comprennent ; une simplification croissante dans l'organisation de ces corps vivans ; enfin, une diminution proportionnée dans le nombre des facultés de ces êtres. Ce fait bien reconnu peut nous fournir les plus grandes lumières sur l'ordre même qu'a suivi la nature dans la production de tous les animaux qu'elle a fait exister ; mais il ne nous montre pas pourquoi l'organisation des animaux, dans sa composition croissante, depuis les plus imparfaits jusqu' aux plus parfaits, n'offre qu'une gradation irrégulière, dont l'étendue présente quantité d'anomalies ou d'écarts qui n'ont aucune apparence d'ordre dans leur diversité. » Philisophie zoologique, p: 220
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