Le système cognitif peut être
considéré de manière globale comme un système
de traitement des informations : il traite
des données sensorielles (visuelles, auditives, olfactives, tactiles
et gustatives) et somesthésiques (sensations, émotions), les
sélectionne, les code sous différentes formes, les intègre
en les organisant et les restitue quand il le faut.
La mémoire, au sens commun du terme, peut être,
dans cette optique, considérée comme une base d'informations,
somme toute comme le disque dur d'un ordinateur.
L'information passerait par trois stades
successifs :
La mémoire à court terme
est une mémoire qui maintient l'information de manière temporaire
dans le cerveau
(infos).
Nous y inclurons la mémoire de travail (infos) qui peut être considérée comme une évolution
du concept de la mémoire à court terme.
La définition précise de la mémoire
à court terme est différente selon les auteurs : l'évolution
de l'étude de cette mémoire en a singulièrement compliquée
les mécanismes par rapport à ceux découverts par Ebbinghaus.
La mémoire de travail, par exemple, est :
soit intégrée dans la mémoire
à court terme (ce que nous ferons),
soit indépendante de la mémoire à
court terme,
soit considérée comme une partie activée
de la mémoire à long terme (modèle de Cowan - infos
-).
L'information contenue dans cette mémoire
à court terme peut être :
oubliée,
incorporée dans la mémoire à
long terme.
Expérience du numéro de téléphone
L'exemple
le plus classique décrit par tous les scientifiques pour la mémoire
à court terme est celui de la réminiscence d'un numéro
de téléphone inconnu jusqu'alors.
Téléphone d'ET
Si nous ne pouvons le noter sur un bout de papier,
nous allons le répéter mentalement (discours intérieur)
ou verbalement jusqu'à l'exécuter correctement sur le cadran
téléphonique. Puis, il sera oublié aussi rapidement.
Si on ne le répète pas ou si nous sommes
dérangés par autre chose, même peu de temps, nous
ne nous souviendrons plus de ce numéro.
Par contre, si nous voulons retenir le numéro
de téléphone pour un rappel différé, nous
devons utiliser un moyen mnémotechnique, c'est-à-dire, par
exemple, une structuration des chiffres ( approfondissement de l'information
).
Que devons-nous déduire
de cette expérience ?
1. Il existe deux sortes de mémoires (à
court terme et à long terme) qui ne fonctionnent pas de la même
manière. Cela, on le savait déjà !
2. La mémoire à court terme ne conserve
que certaines informations, et encore !
Pour l'instant, retenons de cet exemple que si nous voulons garder une information
plus longtemps en mémoire, nous devons la répéter
3. L'oubli peut survenir même après une
répétition !
Empan de mémoire
L'empan de mémoire fut découvert par le psychologue allemand
Hermann Ebbinghaus (1850-1909)
qui fut le premier à conduire des expériences en laboratoire
sur la mémoire.
Herman Ebbinghaus
(1850-1909)
Pour faire disparaître tous les phénomènes
subjectifs et être sûr que l'information apprise était
nouvelle (sans association préalable), il travailla non sur des apprentissages
de textes ou des listes de mots, mais sur des listes de syllabes consonne-voyelle-consonne
(2300 environ) sans aucune signification (qu'on appelle paralogues) du genre
VOB, RIL, MUT… Il les écrivit chacune sur un morceau de papier,
les tira au sort et en fit des listes de 7 à 36 syllabes qu'il répétait
à voix haute (150 syllabes à la minute).
Dès 1885, il montra que la mémorisation de
7 paralogues ne nécessite qu'une seule présentation (empan
de mémoire). Au-dessus de ce nombre, la répétition est impérative.
La rétention est proportionnelle au nombre de répétitions
(entre 8 et 64 dans ses expériences), mais pas à la longueur
de la liste.
L'empan de mémoire est le nombre
d'items maximum dont peut se rappeler le sujet immédiatement après
une seule présentation.
Il est de 5 à 9 items (comme des lettres par exemple),
ce qui peut être considéré comme la capacité
maximale de cette mémoire à court terme. Miller (1956) a intitulé
son travail : " Le nombre magique 7 ± 2 " (infos).
L'empan est une ancienne mesure de longueur correspondant
à l'intervalle compris entre l'extrémité du pouce et
celle du petit doigt dans leur plus grand écart.
Cet empan n'est pas de 7 ± 2 items (comme, par exemple, des lettres
ou des chiffres), mais de groupes d'éléments (chunks - gros
morceau en français -).
Empan mémoriel
(Figure : vetopsy.fr)
En effet, par un travail sémantique comme un regroupement
par exemple, il est possible de considérer plusieurs éléments
comme un seul chunk (noms d'animaux par exemple, lettre formant un sigle
connu - SNCF : 1 seul chunk, mais quatre lettres, alors que FNCS formera
4 chunks).
La mémoire à court terme est dépendante de celle à
long terme (où l'on cherche des associations).
Toutefois, cette définition
de l'empan est bien trop générale
: par exemple, le nombre de mots retenus en rappel sériel
est plus important quand les mots sont courts que quand les mots sont longs.
Prenons une liste de 6 mots par exemple : nous pouvons remarquer
que si ces mots sont courts (deux syllabes par exemple : cadeau, pignon,
cheval…), nous les retiendrons mieux que des mots plus longs (hippopotame,
constitutionnel, paratonnerre…). Nous verrons que cette expérience
est à la base de certains concepts de la mémoire de travail
(boucle articulatoire de la boucle phonologique - infos
-).
La capacité de la MCT ne correspond pas à l'empan mnémonique
!