La mémoire sensorielle
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- Bref historique de la mémoire
- Modèles et définitions de la mémoire
- Différentes
mémoires
- Bases
neurobiologiques de la mémoire
- Bases neurobiologiques générales de la mémoire
- Bases neurobiologiques de la mémoire à court terme
- Bases neurobiologiques de la mémoire de travail
- Bases neurobiologiques de la mémoire à long
terme
- Bases anatomiques de la mémoire à long terme non-déclarative
- Bases anatomiques de la mémoire
à long terme déclarative
- Bases anatomiques de la mémoire à long terme déclarative : découvertes
- Bases anatomiques de la mémoire à long terme déclarative : lobes temporaux
- Bases anatomiques de la mémoire à long terme déclarative : diencéphale
- Bases anatomiques de la mémoire à long terme déclarative : lobes frontaux
- Bases anatomiques de la mémoire émotionnelle : système limbique
- Bases moléculaires de la mémoire à long terme
Le système cognitif peut être considéré de manière globale comme un système de traitement des informations : il traite des données sensorielles (visuelles, auditives, olfactives, tactiles et gustatives) et somesthésiques (sensations, émotions), les sélectionne, les code sous différentes formes, les intègre en les organisant et les restitue quand il le faut.
La mémoire, au sens commun du terme, peut être, dans cette optique, considérée comme une base d'informations, somme toute comme le disque dur d'un ordinateur.
L'information passerait par trois stades successifs :
- la mémoire sensorielle,
- la mémoire à court terme (MCT - infos -),
- la mémoire à long terme (MLT - infos -).
Registre d'information sensorielle (RIS)
Dans une première étape, l'organisme doit extraire les données sensorielles de l'environnement. Ces " informations sensorielles " laissent des traces très brèves.
C'est d'une certaine façon une sorte de mémoire car le stimulus est encore présent bien qu'il est disparu. D'ailleurs, pour certains auteurs, elle fait partie de la mémoire immédiate : celle-ci contient ou non la mémoire à court terme comme on l'entend habituellement et la mémoire de travail.
Si, dans l'obscurité, nous déplaçons rapidement une bougie, nous voyons un trait de lumière. Cette mémoire visuelle est brève car, si l'on déplace lentement la bougie, nous verrons bien les différents points lumineux, correspondant à ses emplacements successifs. C'est cette propriété de la mémoire qui est utilisée pour confectionner un film : la succession des images reproduit le mouvement.
Le canal acoustique est également sollicité de la même façon, sinon nous oublirions le début de la phrase ou du mot s'il est long et nous ne pourrions plus comprendre le sens des discours.
Cette mémoire sensorielle est différente de la mémoire sensorielle à long terme chère à Proust (infos).
Durée de la mémoire sensorielle
Les expériences ont surtout porté sur la mémoire sensorielle visuelle et auditive chez l'homme, mais elle peut concerner tous les sens.
La mémoire sensorielle olfactive doit être très développée par exemple chez le chien et le chat qui sont des espèces macrosmatiques (infos).
Cette mémoire, chez l'homme est très fidèle bien qu'elle soit brève :
- de l'ordre de 300 ms dans le cas de mémoire sensorielle visuelle ou mémoire iconique (infos) ;
Ces résultats ont été obtenus par George Sperling en 1960. Le rappel partiel (les lettres d'une ligne) permet proportionnellement de citer plus d'items que dans le rappel complet (toutes les lettres) car le temps de les nommer, les traces mémorielles s'effacent (infos).
Le masquage permet à un stimulus d'inhiber le traitement d'un autre stimulus venu immédiatement avant (masquage rétroactif), ce qui est utile car sinon, nous serions envahis par un empilement d'informations.
Des résultats similaires ont été trouvés par Darvin Turvey et Crowder pour des items auditifs (infos).
Massaro a démontré que l'information auditive devait au moins durer 250 ms pour qu'elle soit traitée.
La durée de la mémoire échoïque serait plus longue que celle de la durée iconique car la présentation phonologique est très brève alors que les images restent présentes dans l'environnement.
Stockage de la mémoire sensorielle
Dans notre mémoire sensorielle, nous stockons les stimuli bruts. Ce sont, par exemple, des images ou des sons non traités et non analysés sémantiquement
Cela est démontré par l'effet du suffixe (infos) pour la mémoire échoïque : si on présente une image, l'effet de récence (infos) n'est pas annulé.
L'idée de mémoire iconique a été remise an cause par Haber pour qui « l'icône est morte pour de bon ! » En effet, dans la vie courante, nous regardons des scènes en mouvements et en trois dimensions (infos) et non pas, des images très brèves (50 ms) de lettres (infos).
Les phénomènes cognitifs sont extrêmement complexes et éloignés des processus simplistes des premiers cognitivistes.
Sélection des informations
Les informations sensorielles sont prélevées de manière sélective. En effet, il est impossible de tout mémoriser : nous retenons les informations dans notre mémoire que si elles sont signifiantes, que si nous y portons attention (infos).
Cette sélection d'informations permet à d'autres systèmes mémoriels de fonctionner (mémoire de travail par exemple) et empêche notre mémoire d'être submergée par des informations inutiles.
Lors de la lecture de ce texte, de nombreux stimuli sont présents autour de vous. Il faut une attention sélective pour entendre par exemple le léger ronflement du moteur de votre ordinateur, les images extérieures à votre écran.
Toutefois, si un stimulus sort du " bruit de fond ", vous allez forcément le remarquer : un chien qui aboie, un flash lumineux…
Toutefois, nous sommes capables de retenir d'autres stimuli de manière non sélective ou inconsciente.
Lors d'une expérience, des volontaires entendaient par les oreillettes d'un casque un texte par l'écouteur droit et un autre dans l'écouteur gauche. Ils devaient répéter le texte diffusé dans une oreillette au fur et à mesure pour qu'ils ne puissent pas écouter le message de l'autre oreillette.
- Les sujets pouvaient répondre précisément à des questions sur le message écouté.
- Par contre, s'ils ne pouvaient pas se rappeler le contenu de l'autre message, ils pouvaient dire qu'il y avait eu des changements en cours de message : intensité plus forte, voix féminine, puis masculine…
Cela veut dire que des traces mnémoniques de cet autre message existent, mais qu'elles n'ont pas pu être traitées sémantiquement (infos). Cette constatation élimine l'hypothèse du canal unique du traitement pour l'hypothèse de capacité générale limitée (infos).
Encodage sensoriel
Les perceptions sensorielles subissent un premier encodage que l'on appelle la transduction sensorielle (infos). La transduction est la transformation d'une énergie en une autre de nature différente (infos).
Les cellules réceptrices sensorielles sont pour la plupart associées à des cellules nerveuses ou sont des neurorécepteurs elles-mêmes. Elles transforment l'énergie reçue en signaux électriques par le changement de leur potentiel électrique : ce phénomène s'appelle la transduction sensorielle.
Les informations ainsi codées (codage nerveux) suivent des voies spécifiques pour activer certaines zones du cerveau et être interprétées en conséquence (infos).
Puis, les traces signifiantes (images et sons en majorité chez l'homme) seront transformées (encodées, quelquefois dans un autre système - par exemple d'auditif en visuel -) pour passer dans une mémoire plus stable qui est la mémoire à court terme (infos).