• Comportement du chien et
    du chat
  • Celui qui connait vraiment les animaux est par là même capable de comprendre pleinement le caractère unique de l'homme
    • Konrad Lorenz
  • Biologie, neurosciences et
    sciences en général
  •  Le but des sciences n'est pas d'ouvrir une porte à la sagesse infinie,
    mais de poser une limite à l'erreur infinie
    • La vie de Galilée de Bertold Brecht

Phéromones et alarme

Sommaire
définition

Les phéromones d'alarme signalent un danger aux autres individus et réduisent le succès des prédateurs.

Vue d'ensemble des signaux d'alarme

Dans des circonstances défavorables, prédateurs, environnement dangereux…, de nombreux organismes vivants émettent des signaux d'alarme qui peuvent alerter les proches, i.e. congénères ou non, de l'imminence d'un danger (phéromones d'alarme dans le règne animal).

Signaux d'alarme des suricates
(Vidéo : BBS Earth)

1. Les signaux d'alarme avertissent les récepteurs, mais peuvent être aussi bénéfiques aux émetteurs ou à leur groupe par exemple :

  • en réduisant la probabilité de succès du prédateur,
  • en attirant le prédateur loin de l'individu émetteur,
  • en sauvant la vie des individus qui se reproduiront dans le futur ou des partenaires potentiels ou d’autres membres du groupe.

2. Les signaux d'alarme sont fréquemment utilisés par les oiseaux et les mammifères (Animal Communication: Learning by Listening about Danger 2018): 

Ruse de l'aile brisée
(Vidéo : Jo Alwood)

2. Les signaux d'alarme de nature chimiques sont également très répandus : ce sont des phéromones de déclenchement (releaser pheromones) qui induisent une modification instantanée et réversible du comportement du récepteur qui perçoit le signal (autre individu ou lui-même).

a. Dans la nature, elles sont (phéromones d'alarme dans le règne animal) :

  • soit liées à un comportement de défense, i.e. elles sont omniprésentes dans les sociétés d'invertébrés comme l'acide formique libéré par les fourmis,
  • soit libérées par blessures, i.e. espèces aquatiques comme les poissons…, les deux étant souvent liés à la prédation.

b. Ces phéromones ne sont pas liées à la présence de prédateurs : si ces derniers ne chassent pas, elles ne sont pas sécrétées.

Par contre, les signaux des prédateurs peuvent être analysés par l'épithélium olfactif principal (MOE) ou l'organe voméronasal (VNO).

Chez le chat

Sudation des coussinets plantaires lors de stress
Sudation des coussinets plantaires
(Figure : vetopsy.fr)

Les marques d'alarme du chat (Attention ! Danger !) sont sécrétées lors d'un stress.

Glandes sudoripares
des coussinets plantaires

1. les glandes sudoripares des coussinets plantaires sécrètent un liquide incolore.

  • C'est une réaction de peur, mais nous ne savons pas si les sécrétions contiennent vraiment des phéromones ou si elles sont uniquement réactionnelles comme chez l'homme lorsqu'on parle de " sueur froide ".
  • Rappelons que les glandes sudoripares n'existent qu'à cet endroit chez le chat.

2. La sudation plantaire est abondante dans :

Glandes anales

1. Les sécrétions des glandes anales sont aussi expulsées lors de peur.

  • Expulsion du contenu des glandes anales chez le chat
    Expulsion des glandes anales
    (Figure : vetopsy.fr)
    Par exemple, le chat marque sa cage de transport lorsqu'elle n'est utilisée que dans des situations désagréables (visite chez le vétérinaire, voyages…).
  • C'est pourquoi, il renâcle à y entrer.

2. Le chat vide ses sacs anaux dans :

attention

Si un chat stresse sur notre table de consultation, tous les chats qui suivront seront inquiets et pourront nous agresser.

Chez le chien

Les sécrétions des " glandes anales ", entre autres, sont le reflet de l'état émotionnel du chien.

1. Lors de peur intense, elles sont expulsées activement à près d'un mètre.

  • Des gants ayant servi à recueillir cette sécrétion sont évités par les autres chiens.
  • Si cette sécrétion est placée sur le dos d'un chien, ce dernier est également évité par ses congénères.

2. Leur rôle serait analogue à celui des phéromones d'alarme chez le chat.

Chez les rongeurs

Les urines des souris contiennent deux glucocorticoïdes sulfatés, i.e. sulfate de corticostérone et le sulfate de cortisol, dont la concentration est multipliée par trois lors de stress (loupe stéroïdes urinaires).

  • Ces substances pourraient servir d'alarme pour les autres souris.

Petit aparté sur les odeurs des prédateurs

Très souvent, on observe une reconnaissance chimique de la proie par le prédateur et du prédateur par la proie (Olfactory systems and neural circuits that modulate predator odor fear 2014).

Expulsion du contenu des glandes anales chez le chat
Expulsion des glandes anales
(Figure : vetopsy.fr d'après
Ben-Shaul et coll)

1. Chez la souris, des enregistrements in vivo de bulbe olfactif accessoire (AOB) et de l'amygdale médiale (MeA) ont révélé qu'une grande proportion de neurones répondent aux signaux urinaires des prédateurs, pour la plupart exclusivement, et de manière spécifique à l'espèce (In vivo vomeronasal stimulation reveals sensory encoding of conspecific and allospecific cues by the mouse accessory olfactory bulb 2010).

  • Un tiers des VSN de souris mâles sont activés par un mélange d'indices hétérospécifiques, i.e. litières souillées de prédateurs de mammifères, d'oiseaux et de reptiles.
  • 7 % seulement de tous les neurones répondaient à la litière des congénères femelles (Molecular Organization of Vomeronasal Chemoreception 2011).
bien

Ces expériences confirment que l'organe voméronasal (VNO) ne perçoit pas que des phéromones au sens large, mais aussi des kairomones, i.e. composé chimique qui procure un avantage au récepteur, tout en présentant un désavantage comportemental pour l'émetteur.

Remarque : Le noyau du lit de la strie terminale (BNST) modulerait la réponse de peur innée face à des menaces faibles (Neurochemically distinct populations of the bed nucleus of stria terminalis modulate innate fear response to weak threat evoked by predator odor stimuli 2021).

  • Les neurones somatostatine et CRH répondent à différents stimuli prédateurs.
  • Les neurones somatostatine et CRH régulent la peur innée de manière opposée.

Le rearing est la fréquence à laquelle un rongeur se tient sur ses pattes postérieures lors d'investigation ou de stress.

BNST et odeurs de prédateurs
BNST et odeurs de prédateurs
(Figure : vetopsy.fr d'après Bruzsik et coll)

2. Certains stresseurs ont été étudiés.

3. Rappelons que certains acides biliaires fécaux sont présents dans le règne animal, comme l'acide cholique et chénodésoxycholique et peuvent transmettre des informations générales sur d’autres animaux de l’environnement et agiraient aussi comme des kairomones (loupe phéromones fécales).

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