Phéromones et alarme
- Sens chimiques
- Olfaction
- Vue d'ensemble du système olfactif accessoire (VNS) et des phéromones
- Généralités sur les phéromones
- Perception des phéromones
- Neurophysiologie phéromonale
- Sécrétions
et excrétions contenant des phéromones
- Régions
cutanées sécrétrices des phéromones
- Glandes anales
- Glandes jugales
- Glandes podales
- Sécrétions maternelles
- Sécrétions ou excrétions non cutanées
contenant des phéromones
- Phéromones urinaires
- Autres excrétions
- Régions
cutanées sécrétrices des phéromones
- Phéromones et communication
- Phéromonothérapie
- Gustation
- Vision
- Système somatosensoriel
Les phéromones d'alarme signalent un danger aux autres individus et réduisent le succès des prédateurs.
Vue d'ensemble des signaux d'alarme
Dans des circonstances défavorables, prédateurs, environnement dangereux…, de nombreux organismes vivants émettent des signaux d'alarme qui peuvent alerter les proches, i.e. congénères ou non, de l'imminence d'un danger (phéromones d'alarme dans le règne animal).
1. Les signaux d'alarme avertissent les récepteurs, mais peuvent être aussi bénéfiques aux émetteurs ou à leur groupe par exemple :
- en réduisant la probabilité de succès du prédateur,
- en attirant le prédateur loin de l'individu émetteur,
- en sauvant la vie des individus qui se reproduiront dans le futur ou des partenaires potentiels ou d’autres membres du groupe.
2. Les signaux d'alarme sont fréquemment utilisés par les oiseaux et les mammifères (Animal Communication: Learning by Listening about Danger 2018):
- auditifs, comme dans la vidéo ci-dessus,
- visuels, comme la ruse de l'aile brisée des oiseaux pour protéger leurs oeufs (The broken-wing display across birds and the conditions for its evolution 2022).
2. Les signaux d'alarme de nature chimiques sont également très répandus : ce sont des phéromones de déclenchement (releaser pheromones) qui induisent une modification instantanée et réversible du comportement du récepteur qui perçoit le signal (autre individu ou lui-même).
a. Dans la nature, elles sont (phéromones d'alarme dans le règne animal) :
- soit liées à un comportement de défense, i.e. elles sont omniprésentes dans les sociétés d'invertébrés comme l'acide formique libéré par les fourmis,
- soit libérées par blessures, i.e. espèces aquatiques comme les poissons…, les deux étant souvent liés à la prédation.
b. Ces phéromones ne sont pas liées à la présence de prédateurs : si ces derniers ne chassent pas, elles ne sont pas sécrétées.
Par contre, les signaux des prédateurs peuvent être analysés par l'épithélium olfactif principal (MOE) ou l'organe voméronasal (VNO).
Chez le chat
Les marques d'alarme du chat (Attention ! Danger !) sont sécrétées lors d'un stress.
Glandes sudoripares
des coussinets plantaires
1. les glandes sudoripares des coussinets plantaires sécrètent un liquide incolore.
- C'est une réaction de peur, mais nous ne savons pas si les sécrétions contiennent vraiment des phéromones ou si elles sont uniquement réactionnelles comme chez l'homme lorsqu'on parle de " sueur froide ".
- Rappelons que les glandes sudoripares n'existent qu'à cet endroit chez le chat.
2. La sudation plantaire est abondante dans :
- les situations de peur,
- les phobies et l'anxiété permanente.
Glandes anales
1. Les sécrétions des glandes anales sont aussi expulsées lors de peur.
- Par exemple, le chat marque sa cage de transport lorsqu'elle n'est utilisée que dans des situations désagréables (visite chez le vétérinaire, voyages…).
- C'est pourquoi, il renâcle à y entrer.
2. Le chat vide ses sacs anaux dans :
- les situations de peur,
- l'anxiété intermittente et les dysthymies.
Si un chat stresse sur notre table de consultation, tous les chats qui suivront seront inquiets et pourront nous agresser.
Chez le chien
Les sécrétions des " glandes anales ", entre autres, sont le reflet de l'état émotionnel du chien.
1. Lors de peur intense, elles sont expulsées activement à près d'un mètre.
- Des gants ayant servi à recueillir cette sécrétion sont évités par les autres chiens.
- Si cette sécrétion est placée sur le dos d'un chien, ce dernier est également évité par ses congénères.
2. Leur rôle serait analogue à celui des phéromones d'alarme chez le chat.
Chez les rongeurs
Les urines des souris contiennent deux glucocorticoïdes sulfatés, i.e. sulfate de corticostérone et le sulfate de cortisol, dont la concentration est multipliée par trois lors de stress ( stéroïdes urinaires).
- Ces substances pourraient servir d'alarme pour les autres souris.
Petit aparté sur les odeurs des prédateurs
Très souvent, on observe une reconnaissance chimique de la proie par le prédateur et du prédateur par la proie (Olfactory systems and neural circuits that modulate predator odor fear 2014).
1. Chez la souris, des enregistrements in vivo de bulbe olfactif accessoire (AOB) et de l'amygdale médiale (MeA) ont révélé qu'une grande proportion de neurones répondent aux signaux urinaires des prédateurs, pour la plupart exclusivement, et de manière spécifique à l'espèce (In vivo vomeronasal stimulation reveals sensory encoding of conspecific and allospecific cues by the mouse accessory olfactory bulb 2010).
- Un tiers des VSN de souris mâles sont activés par un mélange d'indices hétérospécifiques, i.e. litières souillées de prédateurs de mammifères, d'oiseaux et de reptiles.
- 7 % seulement de tous les neurones répondaient à la litière des congénères femelles (Molecular Organization of Vomeronasal Chemoreception 2011).
Ces expériences confirment que l'organe voméronasal (VNO) ne perçoit pas que des phéromones au sens large, mais aussi des kairomones, i.e. composé chimique qui procure un avantage au récepteur, tout en présentant un désavantage comportemental pour l'émetteur.
Remarque : Le noyau du lit de la strie terminale (BNST) modulerait la réponse de peur innée face à des menaces faibles (Neurochemically distinct populations of the bed nucleus of stria terminalis modulate innate fear response to weak threat evoked by predator odor stimuli 2021).
- Les neurones somatostatine et CRH répondent à différents stimuli prédateurs.
- Les neurones somatostatine et CRH régulent la peur innée de manière opposée.
Le rearing est la fréquence à laquelle un rongeur se tient sur ses pattes postérieures lors d'investigation ou de stress.
2. Certains stresseurs ont été étudiés.
- Les analogues de la pyrazine, i.e. 2,6-diméthylpyrazine, 3-éthyl-2,5-diméthylpyrazine (EDMP) et 2,3,5-triméthylpyrazine sont fortement présents dans l'urine du loup et induisent des réponses liées à la peur chez les souris, mais aussi chez le cerf (Structure-Activity Relationships of Alkylpyrazine Analogs and Fear-Associated Behaviors in Mice 2017).
- La 2,5-Dihydro-2,4,5-trimethylthiazole (TMT) est présente dans les selles des renards (TMT-induced autonomic and behavioral changes and the neural basis of its processin 2005 et The effects of predator odor (TMT) exposure and mGlu 3 NAM pretreatment on behavioral and NMDA receptor adaptations in the brain 2022),
- la 2-phényléthylamine (PEA) trouvée par exemple dans l'urine de Lynx (Detection and avoidance of a carnivore odor by prey 2011), mais pas dans celle du coyote (Coyote urine, but not 2-phenylethylamine, induces a complete profile of unconditioned anti-predator defensive behaviors 2021).
3. Rappelons que certains acides biliaires fécaux sont présents dans le règne animal, comme l'acide cholique et chénodésoxycholique et peuvent transmettre des informations générales sur d’autres animaux de l’environnement et agiraient aussi comme des kairomones ( phéromones fécales).
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