L'ubiquitination (ou ubiquitinylation) est une modification post-traductionnelle qui repose sur un système enzymatique hiérarchisé, E1, E2 et E3, qui active, conjugue et transfère l’ubiquitine sur des protéines cibles pour en moduler la stabilité ou la fonction.
Fonction générale de l'ubiquitination
1. L’ubiquitination est un mécanisme post-traductionnel universel qui régule la durée de vie, l’activité et la localisation des protéines cellulaires.
Elle repose sur la fixation covalente d’une ou de plusieurs ubiquitines sur des résidus spécifiques, créant ainsi un code moléculaire polyvalent.
a. Ce marquage permet d’orienter les protéines vers des voies distinctes selon la nature du signal :
la polyubiquitination, le plus souvent via la lysine K48, conduit à la dégradation protéasomale,
monoubiquitination ou chaînes atypiques pour des fonctions non protéolytiques.
b. L’ubiquitination assure ainsi un contrôle fin et réversible du protéome, garantissant l’adaptation rapide de la cellule à ses besoins métaboliques et à ses signaux environnementaux.
2. L’ubiquitine doit, pour se fixer sur la protéine cible, processus appelé ubiquitination ou ubiquitinylation, recourir à une succession coordonnée d’enzymes spécifiques agissant de manière séquentielle.
L'enzyme d’activation (E1) active l’ubiquitine par une réaction ATP-dépendante pour former un intermédiaire thioester (E1~Ub).
L'enzyme de conjugaison (E2) reçoit ensuite l’ubiquitine activée depuis E1 pour générer le complexe E2~Ub.
L'enzyme ligase (E3) reçoit le complexe E2~Ub, reconnaît le substrat, oriente les partenaires et catalyse la formation de la liaison isopeptidique reliant l’ubiquitine à la protéine cible.
Ces trois étapes s’enchaînent de manière ordonnée pour aboutir à la formation d’un pont isopeptidique entre la glycine C-terminale (G76) de l’ubiquitine et une lysine du substrat, assurant ainsi la fixation covalente du signal ubiquitine.
Ubiquitination et désubiquitination
(Figure : vetopsy.fr)
3. Le système ubiquitine-protéasome (UPS) est la principale voie de dégradation ATP-dépendante des protéines régulatrices, ou des protéines mal pliées et anormales dans le cytosol et le noyau des cellules eucaryotes.
Le protéasome 26S en est un élément central où les protéines polyubiquitinées sont reconnues, déroulées et hydrolysées.
4. L'ubiquitination a bien d'autres fonctions dans la régulation cellulaire par le contrôle (( rôles de l'ubiquitination) :
Chaque cellule eucaryote contient environ entre 107 et 108 ubiquitines par cellule, soulignant l’importance quantitative et fonctionnelle de ce système.
3. La synthèse de l’ubiquitine est hautement conservée au cours de l’évolution.
La protéine précurseur subit une maturation protéolytique afin d'exposer un résidu de glycine C-terminal, dont le groupe carboxyle peut être conjugué à :
un résidu N-terminal d'une autre ubiquitine ou d'une grande variété d'autres protéines.
Modifications de l'ubiquitine
Liaisons de l'ubiquitine avec d'autres
ubiquitines ou le substrat
Une cascade enzymatique impliquant l’activation (E1), la conjugaison (E2) et la ligature (E3) aboutit à la formation de conjugués contenant une ou plusieurs ubiquitines. Ce processus produit des formes mono- ou polyubiquitinées, selon le nombre de molécules ajoutées et la nature des liaisons ( E3 ubiquitine ligases).
L’ubiquitination est un processus réversible, contrôlé par les enzymes désubiquitinantes (DUB), protéases capables de cliver la liaison isopeptidique entre l'ubiquitine et son substrat.
1. Les lysines, i.e. K (6, 11, 23, 29, 33, 48, 63) permettent la liaison covalente de l'ubiquitine avec la protéine substrat (monoubiquitination) ou alors avec d'autres ubiquitines (polyubiquitination).
3. La polyubiquitination peut aussi s'effectuer par liaison peptidique canonique linéaire entre la Gly76 C-terminale d'une ubiquitine et la Met1 N-terminale de la suivante.
Patchs reconnus par d'autres protéines
Les protéines contenant le domaine de liaison à l'ubiquitine (UBD) interagissent avec l'ubiquitine conjuguée de manière non covalente et agissent comme des récepteurs de l'ubiquitine, qui peuvent médier l'assemblage de complexes structurels ou de signalisation.
Séquences de l'ubiquitine et de différentes UBL
(Figure : vetopsy.fr d'après Ronau)Le patch hydrophobe autour de Ile44 (Leu8, Ile44, His68 et Val70) se lie au protéasome et à la plupart des domaines UBD (Ubiquitin Binding Domain).
La TECK-box (Lys6, Lys11, Thr12, Thr14 et Glu34) joue un rôle dans la dégradation mitotique.
Le patch polaire autour de Asp58 (Arg54, Thr55, Ser57 et Asp58) pourrait intervenir.
Le patch diglycine C-terminal (Leu71-Arg72-Leu73-Arg74-Gly75-Gly76) pourrait aussi être reconnu.
2. L'ubiquitine peut être aussi phosphorylée sur de nombreux résidus : Thr7, 9, 12, 14, 22, 55, 59, 66 et Ser 20, 57, 65
3. La conjugaison de l'ubiquitine à un substrat (ubiquitination) et sa déconjugaison (désubiquitination) font partie d'un puissant système de signalisation pour cibler l'activité de ses enzymes cibles.