Mémoire : modèles et définitions

Citation

« Mnémosyne ! s'écria-t-il, déesse de la mémoire, mère des chastes muses, inspire ton fidèle et fervent adorateur ! »

Jules Verne

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Sommaire
  1. Généralités sur la mémoire
  2. Bref historique de la mémoire
  3. Modèles et définitions de la mémoire
    1. Mémoire : traitement de l'information
    2. Quelques définitions
      1. Définitions des amnésies
      2. Définitions des termes récurrents
  4. Différentes mémoires
      1. Mémoire à long terme (1) : encodage
      2. Mémoire à long terme (2) : stockage
      3. Mémoire à long terme (3) : récupération
      4. Mémoire à long terme (4) : oubli
      5. Mémoire à long terme non-déclarative (1)
      6. Mémoire à long terme non-déclarative (2)
      7. Mémoire à long terme déclarative
  5. Bases neurobiologiques de la mémoire
    1. Bases neurobiologiques générales de la mémoire
      1. Assemblées cellulaires
      2. Aires corticales
    2. Bases neurobiologiques de la mémoire à court terme
    3. Bases neurobiologiques de la mémoire de travail
    4. Bases neurobiologiques de la mémoire à long terme
      1. Bases anatomiques de la mémoire à long terme non-déclarative
      2. Bases anatomiques de la mémoire à long terme déclarative
        1. Bases anatomiques de la mémoire à long terme déclarative : découvertes
        2. Bases anatomiques de la mémoire à long terme déclarative : lobes temporaux
        3. Bases anatomiques de la mémoire à long terme déclarative : diencéphale
        4. Bases anatomiques de la mémoire à long terme déclarative : lobes frontaux
        5. Bases anatomiques de la mémoire émotionnelle : système limbique
      3. Bases moléculaires de la mémoire à long terme
        1. Bases moléculaires de la mémoire à long terme : potentialisation à long terme ou PLT (1)
        2. Bases moléculaires de la mémoire à long terme: potentialisation à long terme ou PLT (2)
        3. Bases moléculaires de la mémoire à long terme: dépression à long terme (DLT)

Bibliographie

Le système cognitif peut être considéré de manière globale comme un système de traitement des informations : il traite des données sensorielles (visuelles, auditives, olfactives, tactiles et gustatives) et somesthésiques (sensations, émotions), les sélectionne, les code sous différentes formes, les intègre en les organisant et les restitue quand il le faut.

La mémoire, au sens commun du terme, peut être, dans cette optique, considérée comme une base d'informations, somme toute comme le disque dur d'un ordinateur.

Modèles de mémoire comme système de traitement de l'information

Les modèles computo-symboliques découlent de l'étude de l'intelligence artificielle et prennent leurs sources dans la psychologie cognitive ( infos). On peut les définir également comme spatio-temporels.

  • la mémoire est située dans des modules indépendants (nous n'employons pas le mot structure qui pourrait renvoyer à une région anatomique précise),
  • l'information est traitée suivant un axe temporel (court et long terme),
  • l'information est décrite de manière symbolique, hiérarchisée et la pensée serait dépendante de stratégies qui lanceraient des process pour réaliser une tache motrice ( infos).

Le computationnisme (de l'anglais compute - calculer -) estime que la cognition manipule des symboles et résout les problèmes logiquement comme un ordinateur (computer en anglais).

Atkinson et Shiffrin (1968) pensent que l'information passe par trois stades successifs ( infos) :

Température tete portable Alan Baddeley et Hitch (1974) ont modifié ce modèle en introduisant la mémoire de travail ( infos).

En outre, d'autres modèles comme les modèles d'activation (comme celui de Cowan - infos -) sont apparus pour expliquer des phénomènes difficilement concevables avec les modèles précédents.

  • En effet, en étudiant, entre autres, les images de TEP, les chercheurs ont observé les phénomènes cognitifs qui " illuminent " plusieurs parties du cerveau presque simultanément, et non pas les unes après les autres comme le prédit la théorie d'Atkinson avec sa mémoire sensorielle, puis à court terme, puis à long terme.
  • D'autre part, si la mémoire à long terme intervient uniquement en bout de chaîne, comment expliquer les différences individuelles (en fonction de l'histoire de l'individu) et l'adaptation des réactions à l'environnement.

Le modèle de Nelson Cowan ( infos) considère que la mémoire à court terme et la mémoire à long terme font partie d'un même système, et non pas de plusieurs modules différents. Les stimuli sensoriels entrent dans le régistre sensoriel et activent directement la mémoire à long terme.


Dans le modèle de Cowan, la mémoire à court terme n'est que la partie activée de la mémoire à long terme.

Il faudra bien un jour unifier ces deux courants de pensée !

Quelques définitions

Définitions des amnésies ( infos)

D'après les dictionnaires courants, l'amnésie peut être considérée comme une perte partielle ou totale de la mémoire.

Nous verrons que, si nous perdons souvent la mémoire, nous perdons rarement toutes les sortes de mémoire.

AmnésieL'amnésie désigne les troubles de la mémoire. Ils peuvent être classés :

  • selon leur origine :
    • psychogène ou fonctionnelle - faisant suite à un stress important - ( infos) ;
    • organique due aux destructions cérébrales (traumatisme, éthylisme chronique, encéphalites, tumeurs cérébrales, accidents vasculaires cérébraux, développement anormal du cerveau) ;
  • selon leur manifestation :
    • rétrograde : perte des événements anciens acquis avant le traumatisme (le plus souvent atteinte de la mémoire épisodique et non, la mémoire sémantique). En outre, les souvenirs les plus anciens sont rarement effacés ;
    • antérograde (ou de fixation) : incapacité de retenir de nouveaux souvenirs (les apprentissages procéduraux sont encore possibles). Cette amnésie peut être globale et transitoire lors d'une brève ischémie cérébrale par exemple.

L'amnésique le plus connu est le malheureux H.M. ( infos) à qui William Scoville (1906-1984) a excisé une bonne partie des lobes temporaux internes et qui a été étudié par Brenda Milner pendant 40 ans, ce qui a permis des découvertes majeures sur la mémorisation.

  • Il présente une amnésie antérograde : il oublie toutes les informations depuis son opération.
  • Il est atteint d'amnésie rétrograde : il ne se souvient de rien des 12 ans précédant son opération. Toutefois, il a de nombreux souvenirs d'avant (12 ans avant et plus), ce qui permet d'en déduire que le lobe temporal ineterne n'est pas le lieu de stockage de la mémoire à long terme.
  • Sa mémoire à court terme est conservée ainsi que sa mémoire procédurale (l'apprentissage est visible bien qu'il ne se souvienne pas d'avoir suivi les séances), d'ou la découverte des différentes mémoires.

Quelques définitions de termes récurrents ( infos).

Les rappels


Le rappel est un terme général pour désigner les situations où le sujet doit récupérer des informations stockées en mémoire.


1. Le rappel libre

Le masque videDes volontaires écoutent une liste de mots qu'ils doivent répéter immédiatement après la fin de la lecture dans n'importe quel ordre.

L'individu cherche dans sa mémoire les mots ou les phrases. Puis, il sélectionne les informations qu'il pense être correctes. Il peut alors :

  • soit en oublier (cas le plus fréquent) : c'est une omission,
  • soit en rajouter faussement : c'est une intrusion.

Ce procesus peut être biaiser par différents processus. Il est plus facile de mémoriser des mots fréquemment utilisés dans le langage, des mots qui cumulent plusieurs particularités (orange par exemple qui est un fruit et une couleur), des mots familiers (pour moi par exemple, des mots médicaux)…

2. Le rappel sériel

Les volontaires doivent rappeler les mots dans l'ordre de leur présentation.

3. Le rappel indicé

On donne un indice à des volontaires sur les mots mémorisés ou à mémoriser.

Les vacances d'HagelL'indice est une information de l'environnement externe ou interne (mental) que le sujet utilise pour coder ou récupérer une information cible. Généralement, il améliore l'apprentissage.

L'indiçage partiel le détériore ( infos).

Lors de l'apprentissage, Il peut être présent (indice intra-liste) ou absent (indice hors-liste).

Par exemple, l'individu apprend des listes de deux mots (chien, chat ; fraise, framboise) et lors du rappel, l'observateur dit chien, fraise et la personne doit fournir l'autre terme.

Les différents rappels ont démontré la spécificité de l'encodage ( infos).

4. La tache de complétion

Elle consiste souvent à donner le début ou un fragment de mot, de phrase ou d'une image.

C....N pour chien par exemple. Cette tâche de complétion fait partie des amorçages ( infos).

La reconnaissance

Lors de la restitution des phrases apprises par exemple, on inclut des mots qui ne s'y trouvaient pas. Le sujet doit reconnaître uniquement les mots qui étaient présents au départ.

L'individu doit uniquement sélectionner les informations adéquates. Il peut se tromper :

  • soit en reconnaissant un mot qui n'y était pas (fausse alarme),
  • soit en ne reconnaissant pas un mot qui y était (omission).

Le réapprentissage

Le balcon de ManetComme son nom l'indique, on refait les mêmes exercices que ceux fait précédemment.

Nous savons, d'après la courbe de l'oubli, que ce réapprentissage sera beaucoup plus rapide que le premier.

Interférences et transferts

Les interférences sont des activités ou exercices (laboratoire) qui surviennent entre l'apprentissage et la restitution des informations. Elles ont un effet négatif sur l'apprentissage.

On utilise un exercice de rappel indicé.

  • Par exemple, l'individu apprend des listes de deux mots (chien, chat ; fraise, framboise) et lors du rappel, l'observateur dit chien, fraise et la personne doit fournir l'autre terme.
  • Si après avoir fait l'exercice, on donne une deuxième liste (chien, souris ; fraise, orange), le rappel de la première liste sera incorrecte.

Les transferts, contrairement aux interférences, ont un effet positif sur l'apprentissage.

Les transferts et les interférences peuvent être :

  • rétroactifs : une activité postérieure a un effet sur l'apprentissage antérieur ;
  • proactifs : une activité antérieure a un effet sur l'apprentissage postérieur.

Mémoire sensorielle

MémoireMémoire sensorielleMémoire à court termeMémoire de travail
Mémoire à long termeMémoire à long terme non-déclarative
Mémoire à long terme déclarativeBases neurobiologiques de la mémoire

Bibliographie
  • Doré F, Mercier P. - Les fondements de l'apprentissage et de la cognition - Presses universitaire de Lille, Gaêtan Morin éditeur, 496 p., 1992
  • Cordier F., Gaonac'h D. - Apprentissage et mémoire - Nathan, 127 p., 2004
  • Fortin C., Rousseau R. - Psychologie cognitive : une approche de traitement de l'information - Presses de l'Université du Québec, 434 p. , 1992
  • Malcut G., Pomerleau A., Maurice P. - Psychologie de l'apprentissage : termes et concepts - Edisem, maloine, 243 p., 1995
  • Roulin J.L. - Psychologie cognitive - Bréal éditeurs, 445 p., 2005
  • Purves D., Augustine G.J., Fitzpatrick D., Katz L.C., Lamantia A-S, McNamara J.O., Williams S.M. - Neurosciences - De Boeck, 800 p., 2003
  • Kolb B., Whishaw I. - Cerveau et comportement - De Boeck, 646 p., 2002
  • Bear M.F., Connors B.W., Paradiso M.A. - Neurosciences : à la découverte du cerveau - Masson-Williams, 654 p, 1997
  • Pinel J. - Biopsychologie - Pearson Education France, 508 p., 2007