Reproduction : comportement sexuel du chien
Prérogative de dominant : expression de la sexualité
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chez le chien
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- Que faire devant un trouble de la reproduction ?
Le comportement sexuel du chien est caractérisé :
- par le comportement reproducteur proprement dit, mais aussi,
- par le contrôle social de la sexualité qui est une prérogative de dominant.
La vie sociale du chien obéit, dans son ensemble, à des règles hiérarchiques que ce soit avec ses congénères (meute) ou avec des humains (famille ou groupe social). Ces prérogatives de dominant instaurent des rapports dominant/dominé qui s'expriment à travers :
- l'accès à l'alimentation,
- le contrôle de l'espace,
- l'initiative des contacts,
- l'expression de la sexualité.
Par contre, et j'insiste là-dessus, les relations sont loin d'être toutes hiérarchiques.
La motivation de chaque protagoniste, les associations préférentielles (les copains et les copines), les activités partagées et les jeux ne sont pas régis par la hiérarchie.
Comportement sexuel chez le loup
Les loups sont rassemblés en meutes tout au long de l'année. Cette meute est constituée sur une base familiale autour du couple dominant (mâle et femelle alpha, unis pour la vie, sauf accident) qui occupe la place centrale.
Un loup dominant conserve son titre environ 3 ans en moyenne. L’époque du rut est l’occasion de remettre le pouvoir en cause.
Le couple alpha n'est pas le seul à se reproduire, mais bénéficie d'une priorité pour la reproduction.
- Il interrompt le comportement sexuel des autres membres de la meute.
- Sa descendance a le plus de chance de survivre quand les conditions extérieures sont difficiles.
Par contre, chez les chiens féraux, l'établissement de relations préférentielles conduit parfois à un choix du partenaire qui n'est pas forcément lié à la position hiérarchique.
Contrôle social chez le chien : chevauchement hiérarchique
Le chien dominant exprime sa sexualité en public, pour bien asseoir cette prérogative.
Le chien dominant effectue des chevauchements :
- sur d'autres chiens,
- sur d’autres animaux,
- sur les jambes de ses maîtres,
- sur les coussins ( Chevauchements sur un coussin).
Les femelles, lors des chaleurs, chevauchent également d'autres femelles (chienne ou femme du groupe social). Ce comportement est lié au taux élevé d'oestrogènes aux alentours de l'ovulation : ce n'est pas forcément pathologique, mais cela exprime une certaine désinhibition sociale chez une chienne qui pense se percevoir comme dominante.
Il faut faire la distinction entre chevauchement hiérarchique et copulation vraie. En cas de coït :
- le comportement précopulatoire (flairage, léchage) et l'érection sont visibles,
- l'éjaculation se produit.
La plupart d'entre nous parlons de chevauchement hiérarchique quand ce comportement se produit sur un individu du même sexe !
Il me semble qu'il peut également avoir lieu sur des congénères de l'autre sexe. Si la femelle n'est pas en chaleurs par exemple, est-ce un comportement sexuel vrai ou un chevauchement hiérarchique ?
Il est fréquent d'entendre les propriétaires dire : « C'est bizarre ! Il me semble que mon chien est homosexuel ! »
- Vous savez maintenant que ce chevauchement, ritualisation du comportement copulatoire où la femelle est inférieure hiérarchiquement au mâle (je vous rassure, seulement dans l'espèce canine), veut dire tout simplement : « C'est moi qui suis le chef ! » Si vous observez bien, vous verrez que ce n'est pas une vraie copulation.
- L'autre protagoniste, qui vient certainement d'offenser son supérieur hiérarchique, accepte ce chevauchement, et montre alors une posture d'apaisement pour se faire pardonner cette outrecuidance.
Formation du couple de dominant dans la famille
Le chien ou la chienne dominante essaie de former le couple de dominant avec la " femelle " ou le " mâle "du foyer et ne tolère pas l'expression de la sexualité des autres individus.
- Il peut s'opposer à ce que les maîtres se rapprochent l'un de l'autre : dans ce cas, nous pouvons parler d'une particularité d'une autre prérogative de dominant qui est l'initiative des contacts.
- Il empêche le maître de s'approcher du lit conjugal : là encore, c'est aussi une particularité d'une autre prérogative de dominant qui est a gestion de l'espace.
En effet, le chien ou la chienne sait très bien qui, dans la maisonnée, est un mâle et qui est une femelle, par les émissions phéromonales, en particulier humaines.
Plusieurs exemples peuvent illustrer ce propos.
- Les chiens savent très bien quand les enfants deviennent pubères et souvent, les interactions en sont fortement modifiées.
- Lorsque la femme est enceinte, le chien est le premier à le savoir.
J'ai reçu un couple en consultation comportementale qui se plaignait du changement du comportement de leur chien : il était devenu agressif depuis un mois environ et protégeait la propriétaire contre toute personne qui s'en approchait. Un test a confirmé ma supposition alors que la grossesse était très récente. Bien entendu, d'autres causes peuvent conduite à la situation décrite.
Cas particulier de la chienne en contact avec des jeunes (chiots, enfants)
Chez la chienne, les événements hormonaux sont identiques que la chienne soit gestante ou pas (metoestrus).
La femelle dominée présente des chaleurs " silencieuses " ou très discrètes, une pseudogestation physiologique et une lactation dite " nerveuse ".
La femelle alpha émet des phéromones inhibitrices : la lactation nerveuse qui s'en suit permet aux dominées d'allaiter les chiots de la dominante quand celle-ci part à la chasse ou qu'elle est blessée ou tuée.
Par contre, la femelle dominante a une priorité, comme chez le loup, pour la reproduction.
Pour être seule à posséder une descendance, si elle est en contact avec une autre chienne qui a mis bas, certains comportements, rares il est vrai, peuvent resurgir.
- La chienne peut s'emparer des chiots de sa rivale.
- Elle peut même les tuer (infanticides comme on le voit dans d'autres espèces : singes, lions…). La plupart du temps, ce sont les mâles qui tuent les petits, ce qui leur permet de transmettre leur seuls gènes à la descendance de la colonie.
Se pourrait-il être une explication éthologique, parmi d'autres, pour certaines chiennes qui s'attaquent à de très jeunes enfants ? J'ai malheureusement eu le cas d'une chienne Berger allemand qui avait tué un nourrisson alors qu'elle n'avait aucun antécédent agressif envers les humains.
C'est pourquoi, quel que soit le comportement de votre chien, il ne faut jamais le laisser en présence de jeunes enfants sans surveillance !
Je me méfie également des chiens qui gardent les bébés : ce n'est ni leur travail, ni leur place !