• Comportement du chien et
    du chat
  • Celui qui connait vraiment les animaux est par là même capable de comprendre pleinement le caractère unique de l'homme
    • Konrad Lorenz
  • Biologie, neurosciences et
    sciences en général
  •  Le but des sciences n'est pas d'ouvrir une porte à la sagesse infinie,
    mais de poser une limite à l'erreur infinie
    • La vie de Galilée de Bertold Brecht

Structure sociale
Comportements sociaux
Phase appétitive : phase d'investigation

Sommaire
définition

Dans les comportements sociaux, la phase d'investigation est la troisième et dernière composante de la phase appétitive qui permet une exploration approfondie du stimulus social, visant à recueillir le maximum d'informations sur le congénère.

1. La phase appétitive des comportements sociaux peut être considérée comme une phase d'identification qui amène l'animal à proximité immédiate de la cible pour déterminer son identité afin que les actions appropriées puissent être prises. Elle peut être subdivisée en trois phases :

Les quatre composantes des phases appétitive et consommatoire des comportements
sociaux innés chez la souris
Les quatre composantes des phases appétitive et consommatoire des comportements
sociaux innés chez la souris
(Figure : vetopsy.fr d'après Wey et coll)

2. La phase appétitive est suivie d'une phase consommatoire stéréotypée qui consiste en une série de modèles moteurs fixes qui dépend du comportement social.

livre

L'essentiel de ce chapitre est tiré de l'excellent article : Neural circuits of social behaviors: Innate yet flexible (2021) qui étudie ces comportements chez la souris. Nous extrapolerons quand il le faut pour ceux du chien et du chat.

Phase d'investigation

La phase d'investigation est définie comme une exploration approfondie du stimulus social, visant à recueillir des informations sur le congénère.

Cette phase aide l’individu à rassembler suffisamment de preuves pour passer à la phase consommatoire finale appropriée et potentiellement enrichissante.

Communication olfactive et phéromonale
Communication olfactive et phéromonale
(Photo : Lance McCord)

1. La production motrice pendant la phase d'investigation consiste à s'orienter vers le stimulus et à examiner une partie de son corps, qui, chez de nombreux mammifères, cet examen est effectué par reniflement.

a. Le reniflement est souvent dirigé vers les zones où les phéromones sont enrichies (approches lors de rencontres chien chez le chien et  chat chez le chat).

  • les zones faciales
  • les zones anogénitales.

b. En plus de l'échantillonnage d'indices chimiques, l'action de renifler elle-même pourrait signaler le statut social des deux animaux impliqué (Sniffing Behavior Communicates Social Hierarchy 2013).

Les rats mâles subordonnés réduisent de manière fiable leur fréquence de reniflement facial lorsqu'ils sont examinés par les rats dominants, et le fait de ne pas le faire réduit le temps de latence du rat dominant pour lancer des attaques.

Remarque : l’expression de l’approche et de l’investigation peut ainsi refléter la disposition interne d’un individu à s’engager dans un stimulus social même lorsque la phase de consommation ultérieure est bloquée (Social Interaction Test in Home Cage as a Novel and Ethological Measure of Social Behavior in Mice 2019).

2. Les rongeurs peuvent aussi émettre des vocalisations sexuellement dimorphiques variant souvent suivant que le sexe, l'état reproducteur et la familiarité de l'individu rencontré (Animal models of speech and vocal communication deficits associated with psychiatric disorders 2016 et Sex differences in vocalizations to familiar or unfamiliar females in mice 2020).

bien

La phase consommatoire suit de peu la phase d'investigation et reflète un niveau élevé de préparation interne pour lancer les actions de consommation.

Circuit neuronal de la phase d'investigation

Vue d'ensemble

Chez les rongeurs, lorsque la cible sociale est à proximité, l’animal qui s’approche étudie attentivement la cible pour acquérir des informations supplémentaires sur l’identité sociale de cette dernière.

1. Lors d'un contact nasal avec un congénère, ce sont surtout les voies phéromonales qui entrent en jeu, mais aussi les voies de l'olfaction pure.

Voies de projection simplifiées de l'épithélium olfactif principal (MOE) 
et de l’organe voméronasal (VNO)
Voies de projection simplifiées de l'épithélium olfactif principal (MOE)
et de l’organe voméronasal (VNO)
(Figure : vetopsy.fr d'après Spehr et coll)

2. Le bulbe olfactif accessoire (AOB) se projette vers l'amygdale médiale (Me), la partie postérieure du le noyau du lit de la strie terminale (BNSTp) et le noyau cortical postéromédial amygdalien (PMCo).

attention

Il faut signaler que la Me est contactée aux bulbes olfactifs ainsi qu'au noyau cortical amygdalien dans son ensemble, ce qui complique les voies olfactives.

a. D'une part, l'amygdale médiale postéro-dorsale (MePd), est très sensible aux stéroïdes.

b. D'autre part, ses informations sont transmises à une série de noyaux hypothalamiques médiaux essentiels à la génération de comportements sociaux.

3. Ce qui est unique à ls'organe voméronasal (VNO) est sa capacité à accumuler des signaux sensoriels.

4. Une question fondamentale concerne la distinction entre l'épithélium olfactif (MOE) et celui de l' organe voméronasal (VNO), et plus particulièrement dans ce contexte, la différence entre les stimuli que chacun de ces systèmes peut détecter, ce qui n'est pas du tout évident (loupe complexité des communications olfactives et phéromonales).

étonné

Les signaux olfactifs purs continuent d'être détectés par le MOE, traversent le MOB et convergent avec les entrées voméronasales vers les cellules MeA directement ou via le PLCo.

Conséquences

Agression

1. Les entrées de l'organe voméronasal (VNO) semblent indispensables au déclenchement de l’agression.

Le blocage ou l'altération génétique du VNO supprime gravement les comportements agressifs chez les souris mâles et femelles dans presque toutes les études (G protein Gαo is essential for vomeronasal function and aggressive behavior in mice 2011).

2. La désactivation génétique ou chimique des cellules de l'épithélium olfactif (MOE) supprime complètement l'agressivité chez les deux sexes.

Circuits simplifiés des comportements agressifs
Circuits simplifiés des comportements agressifs
(Figure : vetopsy.fr d'après Wei et coll)

Comportement sexuel

1. Les effets des déficits de l'organe voméronasal (VNO) sur le comportement sexuel mâle et femelle sont variables selon les espèces.

2. La désactivation génétique ou chimique des cellules du l'épithélium olfactif (MOE) supprime :

Circuits simplifiés des comportements sexuels
Circuits simplifiés des comportements sexuels
(Figure : vetopsy.fr d'après Wei et coll)
bien

Les apports olfactifs sont indispensables pour la transition de l’investigation aux actions consommatrices liées à l’agression et à l’accouplement.

Comportement parental

Le comportement parental dépend signaux multisensoriels.

  • Les signaux olfactifs sont essentiels pour la reconnaissance et les soins à la progéniture.
  • Les signaux auditifs émis par les petits, en particulier de détresse qui signent un inconfort, déclenchent les comportements parentaux et de défense vis à vis des étrangers.
Circuits simplifiés des comportements parentaux
Circuits simplifiés des comportements parentaux
(Figure : vetopsy.fr d'après Wei et coll)

Phase consommatoire des comportements sociaux