Structure sociale
Comportements sociaux
Phase appétitive : phase d'investigation
- Sociétés animales
- Espace
et espacement : notions de proxémie
- Organisation spatiale
- Définition de la proxémie
- Distances définies par la proxémie
- Proxémie et pathologie comportementale
- Cohésion sociale
- Structure sociale des canidés
- Structure sociale des félidés
Dans les comportements sociaux, la phase d'investigation est la troisième et dernière composante de la phase appétitive qui permet une exploration approfondie du stimulus social, visant à recueillir le maximum d'informations sur le congénère.
1. La phase appétitive des comportements sociaux peut être considérée comme une phase d'identification qui amène l'animal à proximité immédiate de la cible pour déterminer son identité afin que les actions appropriées puissent être prises. Elle peut être subdivisée en trois phases :
- la phase de détection,
- la phase d'approche,
- la phase d'investigation.
2. La phase appétitive est suivie d'une phase consommatoire stéréotypée qui consiste en une série de modèles moteurs fixes qui dépend du comportement social.
L'essentiel de ce chapitre est tiré de l'excellent article : Neural circuits of social behaviors: Innate yet flexible (2021) qui étudie ces comportements chez la souris. Nous extrapolerons quand il le faut pour ceux du chien et du chat.
Phase d'investigation
La phase d'investigation est définie comme une exploration approfondie du stimulus social, visant à recueillir des informations sur le congénère.
Cette phase aide l’individu à rassembler suffisamment de preuves pour passer à la phase consommatoire finale appropriée et potentiellement enrichissante.
1. La production motrice pendant la phase d'investigation consiste à s'orienter vers le stimulus et à examiner une partie de son corps, qui, chez de nombreux mammifères, cet examen est effectué par reniflement.
a. Le reniflement est souvent dirigé vers les zones où les phéromones sont enrichies (approches lors de rencontres chez le chien et chez le chat).
- les zones faciales
- les zones anogénitales.
b. En plus de l'échantillonnage d'indices chimiques, l'action de renifler elle-même pourrait signaler le statut social des deux animaux impliqué (Sniffing Behavior Communicates Social Hierarchy 2013).
Les rats mâles subordonnés réduisent de manière fiable leur fréquence de reniflement facial lorsqu'ils sont examinés par les rats dominants, et le fait de ne pas le faire réduit le temps de latence du rat dominant pour lancer des attaques.
Remarque : l’expression de l’approche et de l’investigation peut ainsi refléter la disposition interne d’un individu à s’engager dans un stimulus social même lorsque la phase de consommation ultérieure est bloquée (Social Interaction Test in Home Cage as a Novel and Ethological Measure of Social Behavior in Mice 2019).
2. Les rongeurs peuvent aussi émettre des vocalisations sexuellement dimorphiques variant souvent suivant que le sexe, l'état reproducteur et la familiarité de l'individu rencontré (Animal models of speech and vocal communication deficits associated with psychiatric disorders 2016 et Sex differences in vocalizations to familiar or unfamiliar females in mice 2020).
La phase consommatoire suit de peu la phase d'investigation et reflète un niveau élevé de préparation interne pour lancer les actions de consommation.
Circuit neuronal de la phase d'investigation
Vue d'ensemble
Chez les rongeurs, lorsque la cible sociale est à proximité, l’animal qui s’approche étudie attentivement la cible pour acquérir des informations supplémentaires sur l’identité sociale de cette dernière.
1. Lors d'un contact nasal avec un congénère, ce sont surtout les voies phéromonales qui entrent en jeu, mais aussi les voies de l'olfaction pure.
2. Le bulbe olfactif accessoire (AOB) se projette vers l'amygdale médiale (Me), la partie postérieure du le noyau du lit de la strie terminale (BNSTp) et le noyau cortical postéromédial amygdalien (PMCo).
Il faut signaler que la Me est contactée aux bulbes olfactifs ainsi qu'au noyau cortical amygdalien dans son ensemble, ce qui complique les voies olfactives.
a. D'une part, l'amygdale médiale postéro-dorsale (MePd), est très sensible aux stéroïdes.
b. D'autre part, ses informations sont transmises à une série de noyaux hypothalamiques médiaux essentiels à la génération de comportements sociaux.
3. Ce qui est unique à ls'organe voméronasal (VNO) est sa capacité à accumuler des signaux sensoriels.
- À chaque reniflement, la concentration de phéromones dans le VNO augmente et davantage de cellules sensorielles voméronasales (VSN) et de leurs cellules en aval sont activés (Distinct Signals Conveyed by Pheromone Concentrations to the Mouse Vomeronasal Organ 2010).
- Les informations véhiculées par le VNO sont essentielles pour une identification sociale précise bien que son rôle exact dans l'initiation du comportement varie en fonction de la nature des comportements sociaux (Effect of Vomeronasal Organ Removal From Male Mice on Their Preference for and Neural Fos Responses to Female Urinary Odors 2006).
4. Une question fondamentale concerne la distinction entre l'épithélium olfactif (MOE) et celui de l' organe voméronasal (VNO), et plus particulièrement dans ce contexte, la différence entre les stimuli que chacun de ces systèmes peut détecter, ce qui n'est pas du tout évident ( complexité des communications olfactives et phéromonales).
Les signaux olfactifs purs continuent d'être détectés par le MOE, traversent le MOB et convergent avec les entrées voméronasales vers les cellules MeA directement ou via le PLCo.
Conséquences
Agression
1. Les entrées de l'organe voméronasal (VNO) semblent indispensables au déclenchement de l’agression.
Le blocage ou l'altération génétique du VNO supprime gravement les comportements agressifs chez les souris mâles et femelles dans presque toutes les études (G protein Gαo is essential for vomeronasal function and aggressive behavior in mice 2011).
2. La désactivation génétique ou chimique des cellules de l'épithélium olfactif (MOE) supprime complètement l'agressivité chez les deux sexes.
Comportement sexuel
1. Les effets des déficits de l'organe voméronasal (VNO) sur le comportement sexuel mâle et femelle sont variables selon les espèces.
2. La désactivation génétique ou chimique des cellules du l'épithélium olfactif (MOE) supprime :
- les comportements sexuels chez les souris mâles (Pheromone Detection in Male Mice Depends on Signaling through the Type 3 Adenylyl Cyclase in the Main Olfactory Epithelium 2006),
- 50% de la lordose chez les femelles sensibilisées aux hormones sexuelles (Destruction of the Main Olfactory Epithelium Reduces Female Sexual Behavior and Olfactory Investigation in Female Mice 2006).
Les apports olfactifs sont indispensables pour la transition de l’investigation aux actions consommatrices liées à l’agression et à l’accouplement.
Comportement parental
Le comportement parental dépend signaux multisensoriels.
- Les signaux olfactifs sont essentiels pour la reconnaissance et les soins à la progéniture.
- Les signaux auditifs émis par les petits, en particulier de détresse qui signent un inconfort, déclenchent les comportements parentaux et de défense vis à vis des étrangers.
Phase consommatoire des comportements sociaux
Sociétés animalesProxémieDistance de fuite ou de sécuritéDistance critiqueDistance personnelle ou inter-indviduelleDistance socialeOrganisation spatiale et interactions socialesComportements sociauxComportements agressifsComportements sexuelsComportement parentauxCohésion socialeStructure sociale des canidésStructure sociale des félidés