Traitement sensoriel : stimulus
Détermination du type de stimulus
- Sens et organes des sens
- Communication
Quelles seraient les caractéristiques d'un système sensoriel efficace ?
Un système sensoriel doit :
- déterminer quel est le type de stimulus incriminé (discrimination),
- quantifier l'intensité du stimulus,
- localiser le stimulus,
- être rapide,
- occulter les événements les moins signifiants du milieu extérieur.
La psychophysique sensorielle est l'étude des relations quantitatives entre les caractéristiques physiques des stimuli et leurs caractéristiques subjectives jugées par des observateurs humains. Les stimuli sont différenciables par leurs caractéristiques fondées sur :
- la qualité ou la spécificité (métathétique),
- la quantité ou l'intensité (protothétique).
Spécificité : type de stimulus
Récepteurs sensoriels
Les animaux possèdent des systèmes spécialisés au niveau de certaines régions de la peau, appelés systèmes récepteurs sensoriels, sensibles à une énergie spécifique.
Pour ce qui est des organes des sens, les stimuli sont :
1. mécaniques (mécanorécepteurs) :
- récepteurs du toucher : contact ou déformation d'une partie du corps, pression atmosphérique ;
- récepteurs de l'audition : vibration du son dans l'eau ou l'air ;
2. photoniques (photorécepteurs) : récepteurs de la vision ;
3. chimiques (chimiorécepteurs) :
- chimiorécepteurs de l'olfaction ou de l'odorat : substances odorantes dissoutes dans l'eau ou dans l'air ;
- vomérorécepteurs : réception des phéromones ;
- récepteurs du goût.
D'après l'excitation de ces récepteurs spécifiques, il est évident qu'un stimulus est " ressenti " comme tactile, auditif, visuel…
Ces stimulations de toute origine sont transformées en énergie électrique : c'est ce que l'on nomme la transduction sensorielle. Cette transduction permet le codage des informations.
Un codage, de façon générale, est un ensemble de règles définissant une correspondance biunivoque entre des informations et leur représentation par des caractères, des symboles ou des éléments de signal.
Johannes Peter Müller (1801-1858), en 1826, avait constaté que la sensation dépend de la stimulation du nerf incriminé, et non pas de la manière dont il est activé.
Par exemple, la lumière, mais également la pression du globe oculaire ou une stimulation électrique provoque une sensation visuelle : il parlait d'énergie nerveuse spécifique.
Voies nerveuses spécifiques
Nous savons aujourd'hui que les sensations transitent par des voies nerveuses spécifiques pour être analysées par des aires cérébrales distinctes.
On définit ainsi des aires sensitives primaires, zone de terminaison des voies afférentes qui correspondent à une modalité principale (tactile, visuelle, auditive…), via les neurones thalamo-corticaux.
Toutefois, les cortex associatifs permettent un mélange des informations pour que le traitement des informations en soit plus efficace.
Par exemple, le cortex somatosensoriel primaire reçoit des informations du côté controlatéral du corps, tandis que le cortex somatosensoriel secondaire (SII) mélangent les sensations bilatérales. SII participe à l'intégration sensori-motrice. Elle permettrait de situer en 3D notre corps dans l'environnement suivant des informations visuelles et somesthésiques .
Nous entendons une voiture arriver d'un côté (canal auditif), nous orientons spontanément notre regard vers elle (canal visuel) en coordination avec les mouvements de la tête et du corps (système vestibulo--cortical).
Spécificité vraiment ?
La fiabilité des récepteurs implique que le signal soit constant et univoque. Il ne faut pas qu'ils puissent nous tromper.
Toutefois, nous savons que :
- il existe de nombreuses illusions d'optique ; les daltoniens ont des problèmes de vision des couleurs ;
- la douleur est très variable d'un être vivant à un autre.
L'organisme a mis en oeuvre un traitement parallèle de l'information qui utilise différents circuits neurologiques. Cett redondance permet de pallier certaines lésions neurologiques.
Le système nerveux est plein de ressources et nous ne sommes pas près de le déchiffrer son extrême complexité !
Par exemple, les aires visuelles ou tactiles analysent des sensations complexes (forme, texture…) qu'on ne peut concevoir d'une manière simpliste.
Certaines cellules sensorielles peuvent être stimulées par différentes modalités.
- Nous avons déjà évoqué la réponse des cellules rétiniennes à la pression (cf. plus haut).
- Les neurones à convergence de la couche V de Rexed de la corne dorsale médullaire sont appelés ainsi car ils répondent à des sensations tactiles légères et à des stimulations viscérales, musculaires et articulaires nociceptives.
Certaines cellules sensorielles doivent être stimulées par différentes modalités.
- Des expériences sur le chat ont montré que la prédation des oiseaux était initiée seulement lors de l'activation simultanée des voies visuelles et auditives.
- Les saveurs des aliments sont dues au mélange complexe du goût et de l'odorat, sens chimiques par excellence.
L'odorat est un puissant stimulateur de l'appétit chez le chat, d'où l'anorexie lors de coryza, comme chez l'homme d'ailleurs.
Par le système vestibulo-cortical, les messages de l'appareil vestibulaire qui ajustent les mouvements involontaires des muscles des yeux, de la tête et du corps, sont finalement intégrés avec ceux du système visuel et somesthésique par le cortex pour une perception consciente de la position du corps dans l'espace.
Le mal des transports peut s'expliquer par une perturbation des relations entre les différents systèmes.
Les colliculus supérieurs ou tubercules quadrijumeaux antérieurs sont des centres intégrateurs recevant des influx visuels, mais également non visuels, auditifs, olfactifs, réticulaires, cérébelleux, nigriques, prétectaux.
Les cartes multisensorielles partagent le même système de coordonnées spatiales : chaque modalité interagit et influence les autres cartes sensorielles.
Umwelt et carte du monde
Il est évident que, pour des raisons énergétiques, l'organisme ne peut analyser toutes les intensités de tous les stimuli possibles.
C'est pourquoi, chaque espèce a sélectionné un ou plusieurs organes des sens privilégiés pour minimiser les dépenses énergétiques, en fonction de leur milieu de vie.
Les animaux appréhendent l'univers au travers de leurs organes des sens. Ce filtre neurologique implique que la " réalité " est différente d'une espèce à l'autre : c'est l'" Umwelt " de Jacob Johann von Uexküll (1864-1944).
- Par exemple, nous ne voyons ni les ultraviolets perçus par les abeilles, ni les infrarouges perçus par les crotales.
- Nous n'entendons ni les infrasons émis par les baleines, ni les ultrasons des chauves-souris qui leur servent d'écholocation.
- Nous n'avons aucune idée des odeurs senties par nos chiens ou nos chats, ou du champ électrique perçu par les poissons, ou du goût du liquide qui nous paraît neutre et contenant une quantité infinitésimale de sucre attirant les insectes.
- Que dire alors de certains oiseaux qui utilisent le champ magnétique terrestre pour effectuer leurs migrations.
En 1956, il décrit ainsi le monde de la tique : « Dans le monde gigantesque qui entoure la tique, trois stimulants brillent comme des signaux lumineux dans les ténèbres... La richesse du monde qui entoure la tique disparaît et se réduit ainsi à une forme pauvre qui consiste pour l'essentiel en trois caractères perceptifs et trois caractères actifs - son Umwelt. Mais la pauvreté de l'Umwelt conditionne la sûreté de l'action, et la sûreté est plus importante que la richesse" »
Cette perception " active " sera reprise, entre autres, par la psychologie écologique et l'énactivisme , traité dans des chapitres spéciaux.
La PNL, programmation neuro-linguistique, nous enseigne que chacun d'entre nous posséde des canaux sensoriels privilégiés qui transparaissent dans notre vocabulaire.