Fusion membranaire : mécanisme
Vue d'ensemble
- Biologie cellulaire et moléculaire
- Constituants de la cellule
- Transport membranaire
- Transports membranaires sans mouvements membranaires
- Transports membranaires avec mouvements membranaires : trafic vésiculaire
- Protéines membranaires
- Moteurs moléculaires
- Voies de signalisation
Les mécanismes de la fusion membranaire ne dépendent pas uniquement des protéines SNARE et doivent prendre en compte leurs interactions avec d'autres protéines comme les protéines Sec1/Munc18-like (SM), les petites GTPases Rab et les protéines d'arrimage (tethering protein).
La fusion membranaire est une série d'événements, dont certains très énergétiques, qui nécessite (SNARE complex assembly and disassembly 2018) :
- la translocation de protéines dans la membrane, i.e. protéines SNARE et chaperons, pour former un complexe trans-SNARE (1),
- le rapprochement membranaire (2),
- la formation d'une tige de fusion par la perturbation de la bicouche lipidique par les liens et les domaine transmembranaire (TMD) des SNARE (3),
- le processus d'hémifusion par la fusion des deux feuillets externes membranaires (4),
- la formation du pore de fusion par la fusion des feuillets internes et la formation du complexe cis-SNARE et la reformation d'une structure membranaire très incurvée (5).
La fusion des vésicules nécessite une machinerie de fusion conservée par l'évolution et composée par plusieurs protéines ( machinerie de fusion).
Vue d'ensemble du mécanisme de fusion membranaire
Déroulé du processus
1. Les vésicules sont élaborées pour séparer des espaces de réaction de manière stable et pour cela, elles ont une résistance naturelle à la fusion et au mélange de leur contenu, i.e. des barrières énergétiques fortes luttent contre la fusion membranaire (The Energetics of Membrane Fusion from Binding, through Hemifusion, Pore Formation, and Pore Enlargement 2004).
Il faut tout d'abord rapprocher les membranes, puis les fusionner.
- La fusion de deux vésicules lipidiques entraîne des changements dans la topologie membranaire et la conformation lipidique.
- Les membranes doivent être mises en contact direct, ce qui nécessite le retrait des coques d'hydratation des feuillets externes.
Pour contourner cet handicap énergétique, des machineries se sont mises en place pour faciliter la fusion et une question ouverte importante est de savoir si elles agissent :
- soit en surmontant les barrières d'énergie libre, ce qui paraît être le cas des complexes SNARE et les protéines de fusion virale,
- soit, par le rôle catalytique, en abaissant ces barrières.
2. La force mécanique exercée par les protéines de fusion peut permettre l'apposition des deux membranes, au moins pour induire des contacts ponctuels ( rapprochement membranaires lors de la fusion).
a. Les protéines de fusion sont censées déformer une petite zone de membrane pour former des structures en forme de pointes qui font saillie vers le partenaire de fusion et favorisent l'étalement des lipides du feuillet externe, i.e. formation d'une tige de fusion.
Ce processus favorise la fusion des feuillets externes, conduisant à un diaphragme d'hémifusion dans lequel les lipides peuvent passer entre les feuillets externes, mais les feuillets internes séparés empêche le mélange des contenus.
L'hémifusion semble être un intermédiaire universel qui peut être observé dans les réactions de fusion entre bicouches purement lipidiques ainsi que dans la fusion protéique entre membranes physiologiques.
Remarque : d'autres modèles existent cependant, comme la fusion par des structures hybrides protéo-lipidiques ou par des canaux entièrement protéiques (Structure and function of fusion pores in exocytosis and ectoplasmic membrane fusion 1995).
b. La fusion complète nécessite que les feuillets internes fusionnent pour former un pore de fusion initial qui se trouve dans un état d'énergie minimale locale, i.e. il est métastable.
- Les feuillets internes doivent se rapprocher, ce qui nécessite que la tige se comprime et s'élargisse ( élargissement de la tige).
- La force mécanique fournie par les protéines SNARE est supposé entraîner une déformation locale des feuillets internes dans la structure d'hémifusion, imposer des réarrangements lipidiques et la génération d'un pore de fusion initial.
c. L'expansion du pore initial nécessite un apport d'énergie ou une catalyse par abaissement des barrières énergétiques respectives (Calculating Transition Energy Barriers and Characterizing Activation States for Steps of Fusion 2016).
Problématique
Comment les protéines de fusion arrivent elles à leur fin est un enjeu majeur et l'un des problèmes centraux à résoudre à l'heure actuelle.
1. En effet, par souci de simplicité et de clarté, les résultats des études in vitro et in vivo sont généralement interprétés en supposant que les SNARE sont les seules forces motrices de la fusion, i.e. en faisant abstraction des interactions des SNARE avec d'autres protéines :
- les protéines Sec1/Munc18-like (SM),
- les petites GTPases Rab,
- les protéines d'arrimage (tethering protein).
2. Toutefois, le développement de nouveaux outils a fait grandement avancé la compréhension de la fusion membranaire.
a. Tout d'abord, le développement de processeurs plus rapides, et en particulier d'accélérateurs graphiques (GPU), ont facilité l'échantillonnage informatique de l'espace des phases.
b. D'autre part, du côté de la modélisation moléculaire, les modèles dits gros grains comme, par exemple, le modèle de Martini) cartographient des groupes chimiques individuels en un seul site d'interaction, i.e. ils sont 200 fois plus précis que les simulations atomistiques (Coarse-Grained Protein Models and Their Applications 2016).
- La modélisation gros grain consiste à considérer des groupes d’atomes qui interagiront les uns avec les autres comme les atomes dans les approches atomistiques.
Cette modélisation est expliquée simplement dans : Modélisation gros grain de macromolécules végétales : champ de force paramétré par dynamique moléculaire et application à des assemblages cellulose-xylane (2015).
- Par contre, cette modélisation peut avoir certains inconvénients (How proteins open fusion pores: insights from molecular simulations 2020).
c. Enfin, des avancées méthodologiques significatives comme la " string method " ont résolu les problèmes d'énergies libres minimales de la fusion membranaire (Thermodynamically reversible paths of the first fusion intermediate reveal an important role for membrane anchors of fusion proteins 2019), contrairement aux méthodes standard de calcul d'énergie libre dans les simulations moléculaires qui reposent sur une description explicite d'une voie probable, qui peut ou non être une voie d'énergie libre minimale (String method for calculation of minimum free-energy paths in Cartesian space in freely-tumbling systems 2013).
Entrons maintenant un peu plus dans le détail, en gardant bien à l'esprit que la fusion est un processus continu dont toutes les étapes ne sont pas connues avec précision !
Rapprochement membranaire
Biologie cellulaire et moléculaireConstituants de la celluleTransport membranaireTransports sans mouvements membranairesTransports passifsTransports actifsTransports avec mouvements membranaires : trafic vésiculaireFusion/fission membranaireEndocytoseVoie sécrétoireCanaux ioniquesTransporteursUniportsPompesCo-transporteursMoteurs moléculairesVoies de signalisation