Les ATPases de type P (P-ATPases ou (E1E2-ATPases) forment une famille de protéines membranaires qui utilisent l'énergie de l'hydrolyse de l'ATP pour transporter les ions et les lipides à travers les membranes biologiques.
Ces pompes, parfois ATPases E1-E2 se trouvent chez les procaryotes, les archées et les eucaryotes.
Les P-ATPases (TC# 3.A.3.8) se distinguent des autres transporteurs dépendants de l'ATP, i.e. les ATPases à moteur rotatifs, F-ATPases, V-ATPases, et les transporteurs ABC, par la présence d'un aspartate conservé qui subit une phosphorylation transitoire au cours du cycle ATP.
Les membres de cette famille génèrent et maintiennent des gradients électro-chimiques cruciaux à travers les membranes cellulaires, en transloquant les cations, les métaux lourds et les lipides.
Les P2C-ATPases transportent des ions monovalents et comprennent les Na+/K+-ATPases et les H+/K+-ATPases.
La pompe sodium-potassium (Na+/K+-ATPase) des animaux et la H+/K+-ATPases des plantes et les champignons maintiennent le potentiel de la membrane plasmique dans toutes les cellules eucaryotes, qui est basé sur différentes concentrations d'ions sur l'intra - et les côtés extracellulaires de la membrane.
Les P2D-ATPases se trouvent dans les champignons et transportent Na+.
3. Les P3-ATPases
Les P3A-ATPases transportent H+.
Les P3B-ATPases transportent Mg++.
4. Les P4-ATPases sont uniques en ce sens qu'elles sont les seules à transporter des lipides, i.e. des phospholipides, substrat dix fois plus gros que les ions, à travers les membranes.
Les P4-ATPases sont étudiées dans un chapitre spécial.
Modèle de dislocation d’une hélice TM par une P5-ATPase
(Figure : vetopsy.fr d'après Mckenna et coll)
b. Le mécanisme serait le suivant.
Pendant la transition E1P-à-E2P, le domaine N tourne et le domaine A se rapproche de l'interface N-P, provoquant la conversion de la poche de liaison au substrat ouverte vers l'intérieur du domaine transmembranaire à la conformation ouverte vers l'extérieur.
Dans ce modèle, une hélice TM de substrat avec un segment luminal court et préférentiellement chargé positivement se lierait à la poche ouverte vers l'extérieur et la transition E2P à E1 ferait basculer la TM par un interrupteur de l'ouverture vers l'extérieur vers l'intérieur.
Structure des P4-ATPases
(Figure : vetopsy.fr d'après Andersen et coll)
Elles peuvent également contribuer à la spécificité du substrat en variant d'une protéine à l'autre.
b. deux particularités dans les hélices TM contribuent à la formation d'une poche de liaison intégrée à la membrane pour les cations du substrat.
c. On peut séparer le domaine M en :
sous-domaine N-terminal, i.e. NTM (formé par M1-M4a),
sous-domaines C-terminal, i.e. CTM (M4b-M10).
En effet, le site de liaison au substrat est situé entre NTM et CTM, bien qu'il soit davantage associé à CTM. Les changements conformationnels à l'interface NTM/CTM au cours du cycle E1-E2 permettent un accès alterné de ce site de liaison au cytosol ou à l'espace extracellulaire/luminal.
Domaines cytoplasmiques
Les domaines cytoplasmiques comprennent trois domaines.
1. un domaine actuator (A), actionneur en français, i.e. qui transforme l’énergie qui lui est fournie en un phénomène physique.
Structure de Na+/K+-ATPase
(Figure : vetopsy.fr d'après Clausen et coll)
Le domaine A cytosolique représente une insertion dans le NTM, connecté aux hélices M2 et M3 (dans certains sous-types également à M1) via des liens flexibles, qui limitent la distance maximale entre les domaines A et M.
2. Le domaine de phosphorylation (P) forme une insertion dans le CTM.
M4b et M5 du CTM s'étendent dans le cytosol et constituent une partie du domaine P.
Le CTM et le domaine P semblent se déplacer ensemble comme un corps semi-rigide.
3. Le domaine de liaison aux nucléotides (N), domaine N cytosolique, comprend une insertion dans le domaine P à travers une charnière fortement conservée de deux brins peptidiques antiparallèles, pointant ainsi à l'opposé de la membrane
Sous-unités β et γ
La sous-unité α peut être associée à des sous-unités supplémentaires :
AHA2 (P23A-ATPase)
(Figure : vetopsy.fr d'après Kabala et coll)
L'extension N-terminale peut fonctionner comme un capteur de pH,
L'extension de la partie C-terminale ou domaine régulateur (R) est auto-inhibitrice et peut être libérée par phosphorylation ou lors de la liaison à des facteurs de régulation.
1. Les ATPases de type P fonctionnent selon un modèle « à accès alterné » ( transporteurs actifs).
Dans ce modèle, les voies d'accès aux deux côtés de la membrane sont transitoirement fermées pour enfermer les ions avant de s'ouvrir de chaque côté de manière alternée.
La translocation ionique réelle est accomplie par des changements conformationnels importants provoqués par l'hydrolyse de l'ATP.
L'ATPase alterne généralement entre deux régimes conformationnels, les états dits E1 et E2.
Les états E1 sont associés à l'autophosphorylation par l'ATP et ont une forte affinité pour le cation qui doit être expulsé du cytoplasme.
Les états E2 sont associés à l'autodéphosphorylation, ont une plus faible affinité pour ces cations et peuvent se lier à des contre-ions à la place.
Cycle Post-Alberts
(Figure : vetopsy.fr d'après Cheng et coll)
En d'autres termes, la P-ATPase continuerait à parcourir le chemin de E1 → E1P → E2P → E2 → E1 indépendamment du fait que la liaison au substrat se soit produite, tant que l'hydrolyse de l'ATP peut être découplée du transport du substrat.
Mécanisme
Les interactions entre les trois domaines cytosoliques changent en réponse au chargement et à la libération du substrat.
1. Le résidu aspartate clef dans un motif DKTGT conservé du domaine P (par exemple, Asp351 dans SERCA1) alterne entre les états phosphorylé et déphosphorylé.
a. Le domaine N fonctionne comme une kinase intégrée (enzyme-1 ou E1) pour transférer le groupe γ-phosphate de l'ATP au domaine P.
Cette réaction est catalysée en utilisant un mécanisme SN2 médié par deux cofacteurs Mg++ liés au domaine P (site I, stabilisant le γ-phosphate ainsi que le résidu clef Asp) et au domaine N (site II, liaison avec le α- et β-phosphates d'ATP ou d'ADP) .
Comme les modules kinase et phosphatase ciblent le même résidu Asp dans le domaine P, les domaines N et A doivent commuter activement avec le domaine P, pour se concerter sur le prochain événement déclencheur , i.e. chargement ou libération du substrat pour soutenir les cycles d'hydrolyse de l'ATP.
Cycle de changements conformationnels de SERCA1
(Figure : vetopsy.fr d'après Zhang et coll)
2. Dans un certain nombre de structures P-ATPase, une hélice amphipathique est observée.
En outre, les interactions protéine-phospholipide sont régies aussi par des tryptophanes ainsi que par des résidus basiques qui exercent leur effet stabilisateur sur les protéines membranaires par le biais d'interactions entre les dipôles électriques intrinsèques (et induits) de leurs chaînes latérales indole et le fort champ électrique local des phosphates du groupe de tête des molécules lipidiques environnantes.
Cycle de l'ATP11C, une P4-ATPase
(Figure : vetopsy.fr d'après Nakanishi et coll)
3. Dans un cycle fonctionnel de la P-ATPase, la liaison et la libération du substrat sont considérées comme des conditions nécessaires pour les événements de phosphorylation et de déphosphorylation, respectivement.