Histoire de l'éthologie
Courant behavioriste (behaviorisme) : les précurseurs associationnistes

Citation

« Si toute notre connaissance débute avec l'expérience, cela ne prouve pas qu'elle dérive toute de l'expérience. »

Emmanuel Kant

Sommaire

Avec le behaviorisme se développe un profond radicalisme des garde-fous proposés par Conway Lloyd Morgan (1852-1936).


Ce terme n'est pas choisi au hasard : on remplace le terme de conscience, d'esprit, d'âme… par le terme comportement observable (" behavior " en anglais).

John Broadus Watson (1878-1958), qui établit le manifeste behavioriste en 1913 dans un article " Psychology as the behaviorist views it " écrit : « la psychologie, ainsi que la voit le behavioriste, est une étude purement objective, expérimentale et ainsi une branche des sciences naturelles, qui a aussi peu besoin de l’introspection que les sciences physiques ou chimiques. »

Le behaviorisme subit une profonde influence du courant physiologique, et notamment des travaux issus de la neurophysiologie russe et allemande ( infos). En outre, les précurseurs sont les associationnistes ( infos).


Le courant behavioriste aura une influence considérable sur la psychologie jusque dans les années 1960.

Les précurseurs : les associationnistes ( infos)

L'associationnisme est déjà présent chez Aristote (382-324 av. JC) et les stoïciens.

John Stuart Mill1. John Stuart Mill (1806-1873) développe l'associationnisme, lié à l'empirisme ( infos) : les sens sont à l'origine de toute expérience et donc de toute connaissance.

Il est sur la même lignée que John Locke (1632-1704), qui le premier créa l'expression " association d'idées ", son père James Mill (1773-1836), David Hume (1711-1776), Alexander Bain (cf. plus bas) et Herbert Spencer (cf. plus bas).

Pour lui, l'être vivant n'est qu'une " tabula rasa ", une sorte de tablette vierge, sur laquelle les expériences vécues écrivent un texte propre à chaque individu. Ce concept sera repris plus tard par Watson ( infos).

A l'heure actuelle, l'associationnisme infos) est un terme générique désignant des ensembles de théories fondées sur le principe que la pensée ou les comportements sont formés de multiples associations d'idées (associationnisme mental ou cognitif), de neurones (associationnisme neural) ou de stimuli et de comportement (associationnisme behavioriste).

2. Alexander Bain (1818-1903), collaborateur de Mill (cf. plus haut), est un novateur et un précurseur.

  • Alexander BainIl décrit un nouveau concept qui sera développé par la suite comme la motivation ( infos).
  • Il est également un précurseur des théories behavioristes sur les concepts de plaisir (renforcement), de douleur (punition) et de leurs conséquences sur le comportement.

Les deux ouvrages références sont " les sens et l'intelligence " ( infos) et " les émotions et la volonté " ( infos), parus en 1855 et 1859.


Les connaissances n'ont comme origine que les sensations : cette idée s'oppose à tout innéisme ( infos), plus ou moins développé par les éthologues objectifs ( infos) et à tout sens abstractif et logique.

René Descartes (1596-1650) disait : « Lorsque je commence à les découvrir (les idées mathématiques), il ne me semble pas que j'apprenne rien de nouveau, mais plutôt que je me ressouviens de ce que je savais déjà auparavant, c'est-à-dire que j'aperçois des choses qui étaient déjà dans mon esprit, quoique je n'eusse pas encore tourné ma pensée vers elles »

3. Herbert Spencer (1820-1903) a formulé, un peu avant Charles Darwin (1809-1882), une théorie de l'évolution ( infos) et de la complexification du cerveau.

  • Herbert SpencerSpencer pensait, comme Jean-Baptiste de Lamarck (1744-1829) et plus tard Darwin, à la transmission des caractères acquis ( infos) et à une certaine innéité des idées complétée par l'expérience.
  • Spencer appliqua les lois de l'évolution à l’étude scientifique de la psychologie, de la sociologie, de la biologie, de l’éducation et de l’éthique. Pour lui, l'évolution est un phénomène universel « L’évolution, considérée sous son aspect fondamental, est donc la progression d’une forme moins cohérente à une forme plus cohérente. » General Principles
  • Il se fonda sur les travaux de Karl Ernst von Baer (1792-1876) sur l'embryologie et écrit bien plus tard : « A partir d'une cellule unique munie d'un noyau. Il doit suivre au cours de son développement la direction d'un modèle arborescent, le tronc, la branche, le rameau, la brindille la plus petite de oe modèle embryonnaire ramifié, jusqu'à parvenir à l'extrémité la plus fine, c'est-à-dire l'espèce à laquelle appartient notre organisme. »

Les associationistes trouvent rapidement des contradicteurs farouches qui leur opposent l'intentionnalité, c'est-à-dire que la vie mentale ne peut être une suite de sensations appréhendées au hasard. Le coup fatal esr asséné par les gestaltistes qui parlerons de perception d'ensemble et non de sensations simples et isolées les unes des autres ( infos).

Naissance du behaviorisme

AristoteRené DescartesCourant vitalisteCourant neurophysiologiste
Courant prépsychologiqueCourant behavioristeCourant naturaliste
Ethologie objectiveInné-Acquis
Ethologie précognitive
Ethologie cognitive

Bibliographie
  • Gheusi G. - La cognition animale - 3ème cycle professionnel des écoles nationales vétérinaires - Toulouse 2000
  • de Witt Hendrick C.D. - Histoire du développement et de la biologie - Volume, I, II, III - Presses polytechniques et universitaires romandes, Paris, 404, 460 et 635 p., 1992, 1993 et 1994
  • Eibl-Eibesfeldt I. - Ethologie - Biologie du comportement - Naturalia et Biologica Editions scientifiques Paris, 576 p., 1972
  • Bensch - Présentation de l'éthologie et des comportements - 3ème cycle professionnel des écoles nationales vétérinaires - Toulouse 2000
  • Campan R., Scapini F. - Ethologie, approche systémique du comportement - De Boeck Université, Bruxelles, 737 p., 2002
  • Université d'Oxford - Dictionnaire du comportement animal - Robert Laffont, Paris, 1013 p., 1990
  • Immelmann K. - Dictionnaire de l'éthologie - Pierre Mardaga Editeur, Liège, 296 p., 1990