Citation
« Dans le germe d'un oeuf frais qui n'a pas
été encore couvé, nous voyons un poussin complètement
formé, dans les oeufs des grenouilles, des grenouilles… Tous
les corps des hommes et des animaux qui naîtront encore jusqu'à
la nuit des temps, sont les conséquences directes de la Création
originelle, en d'autres termes que l'être femelle qui fut le premier
créé a reçu dans son sein tous les individus à
venir de sa propre nature. »
Nicolas Malebranche
En ce début du XIXe siècle, tous ceux, philosophes et biologistes, qui se passionnent pour la reproduction et le développement des embryons défendent :
La préformation est la théorie selon laquelle l'embryon contient
tous les organes, mais en miniature, dans l'oeuf (et on parle d'ovuliste
ou d'oviste) ou le spermatozoïde (animalculiste ou spermatiste).
Anaxagore (500-428 av. JC) est le premier qui parle de la préformation.
Lucrèce (98-54 av. JC) pense que les organismes, comme les cristaux, sont formés de structures identiques mais plus petites. C'est ce que reprendra Buffon (1707-1788).
Saint Augustin (354-430) se demanda si Lévi n'est pas dans Abraham et ainsi de suite : la théorie de la préformation et de l' emboîtement des germes (présence dans l'oeuf de germes innombrables préformés lors de la Création divine) permet :
Si tous les organismes vivants possèdent en eux les germes des parents qui possèdent eux-mêmes ceux de leurs parents…, tous les germes de la création d'une espèce sont présents dans chaque animal. Eve ou Adam, suivant les théoriciens, contenait tous les germes des Hommes à venir. Il faut alors qu'ils soient de plus en plus petits pour être contenus dans les générations futures.
Charles Bonnet (1720-1793), qui croyait en la préexistence des germes et décrivit la parthénogenèse, écrivait en 1764 : « La nature peut faire des choses aussi petites qu'elle le souhaite. »
Les mathématiciens de l'époque ont calculé, à partir du temps biblique, la taille des plus petits germes contenus dans le spermatozoïde :
Ces auteurs luttent en général contre la panspermie et la génération spontanée et se battent pour savoir si c'est l'oeuf ou le spermatozoïde qui contient l'animal en miniature.
Les philosophes grecs pensent que le sperme était primordial, la femelle ne jouant que le rôle de réceptacle de l'embryon.
Le Corpus Hippocraticum du IVe siècle dit (vol 1 I.13), après avoir décrit comment on enserrait la tête des enfants pour la rendre oblongue (un peu comme chez les Aztèques) : « La liqueur séminale provient de toutes les parties du corps, saines des parties saines, altérées des parties malades. Si donc, des parents chauves naissent généralement des enfants chauves, de parents aux yeux bleus des enfants aux yeux bleus, de parents louches des enfants louches, et ainsi du reste pour les autres variétés de la forme, où est l'empêchement qu'un Macrocéphale n'engendre un Macrocéphale ? Mais, aujourd'hui cela n'arrive plus comme autrefois, la coutume s'est perdue avec la fréquentation des autres hommes. »
Ce texte est souvent cité comme précurseur de la théorie de la transmission
des caractères acquis chère à Lamarck
et à Darwin.
Leucippe (460-370 av. JC) et Démocrite (460-370 av. JC) pensaient que le sperme provenait de toutes les parties du corps et utilisaient le terme de pangenèse qui sera repris par Darwin.
C'est Empédocle (490-435 av. JC) qui montra que les éléments mâles et femelles étaient présents séparément dans les plantes alors que les animaux résultent de la pangenèse.
Certains pensent qu'Anaxagore (500-428 av. JC) est le créateur de la théorie de la préformation car il pensait que le sperme renfermait tous les organes du futur être.
Aristote (382-324 av. JC) pensait la même chose.
C'est Antoni van Leeuwenhoek (1632-1723) qui, grâce à son microscope, découvrit les spermatozoïdes.
Van Leeuwenhoek écrit en 1669 : « Je déclare catégoriquement que le sperme d'un animal mâle possède la forme d'un corps humain, mais je ne peux pas me figurer que l'intelligence de quelqu'un puisse un jour pénétrer dans ce mystère si profond autrement que par la dissection de la semence mâle d'un de ces animaux, qui nous mettra en état de voir ou de découvrir la forme d'un corps humain dans sa totalité. »
Il reprend les préceptes d'Aristote : les spermatozoïdes du mâle sont à l'origine des animaux et la femelle ne sert que de réceptacle en apportant la matière.
Jan Swammerdam (1637-1680) est le premier à écrire, dans l'Histoire générale des insectes, en 1669 : « Il n'y a pas de place, dans la nature pour la génération, mais seulement pour le développement et l'accroissement des parties, puisque tout hasard est exclu. Ainsi l'on peut expliquer pourquoi un être à qui il manque une jambe ou un bras peut engendrer un foetus qui a tous ses membres. Toutes les parties sont en effet contenues dans l'oeuf. »
René-Antoine Ferchault de Réaumur (1683-1757), qui étudia les insectes sociaux comme les abeilles qu'il appelait son « cher petit peuple, est de cet avis.
Pourtant, il ne croyait pas en la génération spontanée ( infos) des insectes. Il pensait, bien en avance sur Pasteur (1822-1895), que les matières vivantes étaient transformées par des germes invisibles existant dans l'air.
Réaumur était un opposant farouche de Buffon (1707-1788) et de ses molécules organiques ( infos) : ce dernier, à sa mort, récupéra son cabinet de curiosités ( infos), le plus grand de France pour l'intégrer au Cabinet du roi.
Ce fut l'abbé Lazzaro Spallanzani (1729-1799) qui démontra expérimentalement le rôle du sperme dans la fécondation en mettant des pantalons à des grenouilles mâles ( infos) :
Malgré cela, comme il était ovuliste, il pensa que les spermatozoïdes n'étaient pas indispensables à la fécondation, mais apportait une " force spermatique " qui permettait le développement de l'embryon.
Il réfuta la théorie de la génération spontanée ( infos).
Linné (1707-1778) pense que tout organisme provient d'un oeuf, mais qu'il a besoin d'un spermatozoïde pour se développer : « L'origine d'un descendant n'est pas seulement un oeuf, et n'est pas davantage le pollen ou le sperme, mais les deux réunis engendrent en même temps des bâtards animaux, la raison et l'architecture du corps. »
D'autres auteurs pensent que tout cela est bien incompréhensible pour eux.
C'est le cas de Pierre Louis Moreau de Maupertuis (1698-1759) qui fit de nombreuses observations sur ses animaux qui pouvaient faire ce qu'ils voulaient aussi bien à l'intérieur qu'à l'extérieur (cité par de Witt).
Pour lui, contrairement à l'âme de Gottfried Wilhelm Leibniz (1646-1716), le principe vital est matériel, incorporé dans la semence et immortel car il peut créer de nouveaux individus ou même une autre espèce. C'est ce que déclarera Auguste Weismann vers 1870.
« Ne pourrait-on pas expliquer par là, comment, de deux seuls individus, la multiplication des espèces les plus dissemblables auraient pu s'en suivre ? Elles n'auraient dû leur première origine qu'à quelques productions fortuites, dans lesquelles les parties élémentaires n'auraient pas retenu l'ordre qu'elles tenaient dans les animaux père et mère ; chaque degré d'erreur aurait fait une nouvelle espèce, et, à force d'écarts répétés, serait venue la diversité infinie des animaux que nous voyons aujourd'hui. »
Connaissances
au XIXeEchelle
des êtresAge
du mondeNotion
d'espèce
Plans
d'organisationGénération
spontanéePanspermiePréformation
EpigenèseEvolutionnismeFixisme