Citation
« Puisque la reproduction est le seul moyen de déterminer
les limites à l'intérieur desquelles les variétés
peuvent se développer, il convient de définir l'espèce
comme une collection de tous les corps organisés nés les uns
des autres ou de parents communs, et de ceux qui leur ressemblent autant
qu'ils se ressemblent entre eux. »
Buffon
Pour comprendre le courant transformiste ou évolutionniste dans les sciences naturelles, il nous faut répondre à la question : qu'est-ce qu'une espèce à l'époque de Charles Darwin ?
Il est curieux que les philosophes grecs comme Aristote (382-324 av. JC) aient décrit de nombreux types d'animaux dans son " Histoire des animaux " sans s'interroger sur le " concept d'espèce ".
Jusque vers le milieu du XVIIIe siècle, on croyait encore aux métamorphoses d'animaux comme certains crustacés (anatifes) qui pouvaient se transformer en canards - latin anas - (Aldrovandi 1606) ou des plantes en oiseaux et en poissons ( infos).
De façon générale, les hommes ont toujours cherché à tous classifier.
Mais comment les classer ? On s'aperçut vite que la " meilleure " façon à l'époque était de se baser sur des critères morphologiques de ressemblance. C'est ce que ferrons les zoologistes aussi bien fixistes ( infos) qu'évolutionnistes ( infos).
Carl von Linné (1707-1778) s'aperçut que quelle que soit la façon, et elles étaient fort nombreuses, dont on envisageait de classer les plantes (feuilles, racines, fleurs…), les scientifiques arrivaient toujours plus ou moins aux mêmes familles de plantes ( infos).
Linné est persuadé que les organes des plantes et des animaux assurent les mêmes fonctions, même au niveau de la fécondation.
Il écrit : « Le ventre des plantes est la terre, les vaisseaux chylifères sont l'appareil racinaire, le tronc est le squelette, les feuilles sont les poumons, le coeur est la chaleur vitale. Voilà pourquoi une plante est un animal renversé, comme les Anciens l'ont dit. »
Linné en déduisit qu'il existait une et une seule " Classification
Naturelle “ qui, pour lui, ne pouvait être due au hasard.
C'est Dieu, « la source et le timonier de toutes
les causes » qui créa cet «
Ordre de la Nature ».
Linné en déduisit que les espèces étaient fixes
et ne pouvaient évoluer (
infos).
Cette idée d'unicité de la classification naturelle aura une
énorme portée dans la théorie darwinienne.
Bien entendu, Carl von Linné (1707-1788), puis Buffon et Georges Cuvier déterminèrent les espèces par des critères morphologiques qui sont des critères intuitifs :
Pour résumer ses deux critères, Cuvier dit : « l'espèce est la collection des individus nés les uns des autres, ou de parents communs et de ceux qui leur ressemblent autant qu’ils se ressemblent entre eux. »
Ses
travaux sur les animaux fossiles démontrèrent que des espèces
d'animaux peuvent s'éteindre, ce qu'on appelle aujourd'hui, la " mort
des espèces ", et que la nature n'est pas immuable : ce
concept est révolutionnaire pour l'époque.
Toutes ces découvertes de fixistes convaincus ( infos) ont donné aux transformistes des éléments essentiels pour que l'élaboration de leur théorie.
Pour Jean-Baptiste de Lamarck (1744-1829) : « On a appelé espèce, toute collection d' individus semblables qui furent produits par d'autres individus pareils à eux. Cette définition est exacte ; car tout individu jouissant de la vie, ressemble toujours, à très-peu près, à celui ou à ceux dont il provient. Mais on ajoute à cette définition, la supposition que les individus qui composent une espèce ne varient jamais dans leur caractère spécifique, et que conséquemment l'espèce a une constance absolue dans la nature. C'est uniquement cette supposition que je me propose de combattre, parce que des preuves évidentes obtenues par l'observation, constatent qu' elle n'est pas fondée. »
Par la suite, Ernst Mayr (1904-2005) proposera une définition de l'espèce basée sur des critères génétiques dans le cadre du néo-darwinisme ( infos) basé sur la génétique des populations en 1942.
Une espèce est une population ou un ensemble de populations dont
les individus peuvent effectivement ou potentiellement se reproduire entre
eux et engendrer une descendance viable et féconde, dans des conditions
naturelles.
C'est cette définition qui est à peu près acceptée par tous les scientifiques à l'heure actuelle, bien qu'elle exclue tout critère de ressemblance, morphologique ou autre, en faveur d'un critère d'interaction reproductive ( infos).
Etienne Geoffroy Saint-Hilaire (1772-1818) reprenant des travaux de botanique fera une avancée majeure dans la classification animale en proposant des plans d'organisations des êtres vivants.
« Je me propose de démontrer ici qu'il n'est aucune charpente osseuse des poissons, qui ne retrouve ses analogues dans les autres animaux vertébrés. » Telles sont les premiers mots de l'introduction de la " Philosophie anatomique " ( infos) dont la première partie est publiée en 1818, la seconde en 1822.
Geoffroy Saint-Hilaire définit la notion d'homologie (
infos) en comparant les plans d'organisation des organismes. Ces homologies
permettront une classification raisonnée des espèces.
Sont homologues deux structures qui, prises chez deux organismes différents,
entretiennent avec les structures voisines les mêmes relations topologiques,
les mêmes connections, et ceci quelles que soient leurs formes et
leurs fonctions.
Cette définition est à la base de ce que
l'on nomme l'anatomie comparée : on peut comparer par exemple les
membres antérieurs ou postérieurs de différentes espèces
animales.
Georges Cuvier (1769-1832) le rejoint sur ce point et définit quatre plans d'organisation du règne animal (vertébrés, mollusques, articulés et zoophytes).
« En considérant le système nerveux, qui est un organe beaucoup plus important, il vit que chacune des trois grandes classes des animaux sans vertèbres répondait ou équivalait non plus à telle ou telle classe des animaux vertébrés, prise à part, mais à tous ces animaux vertébrés, pris ensemble. Une première forme du système nerveux réunit tous les animaux vertébrés en un seul groupe ; une seconde forme réduit tous les mollusques, une troisième réunit les insectes aux vers à sang rouge, et les uns et les autres aux crustacés ; c'est le groupe des articulés,· une quatrième forme enfin réunit tous les zoophytes. » Eloge historique de G. Cuvier p : 13-14 ( infos)
Il développe sa théorie de la " corrélation des parties " ou " subordination des organes ".
Cuvier reconstitue des animaux fossiles entiers par la découverte d'un seul os. « Si les intestins d'un animal sont organisés pour ne digérer que de la chair récente, il faut que ses mâchoires soient construites pour dévorer une proie, ses griffes pour la saisir et la déchirer, ses dents pour la couper et la diviser, ses pattes pour la poursuivre et l'atteindre, ses sens pour l'apercevoir de loin… De la forme d'une seule de ses parties, de la forme des dents, par exemple, on pourra déduire la forme du condyle (extrémité articulaire d'un os), celle des membres, celle des organes digestifs. »
En premier lieu, le système nerveux détermine l’embranchement de l’animal, puis, les systèmes respiratoire et circulatoire la classe, les organes de plus en plus subordonnés, successivement l’ordre, la famille, le genre et puis l’espèce.
Connaissances
au XIXeEchelle
des êtresAge
du mondeNotion
d'espèce
Plans
d'organisationGénération
spontanéePanspermiePréformation
EpigenèseEvolutionnismeFixisme