Citation
« C'est à l'origine des temps, quand se fit
le jour, que fut créé le monde et que furent déposés
à la fois dans ses éléments les germes dont les plantes
ou les animaux devaient sortir dans la suite des temps… tout a été
créé ensemble dans la période marquée par le
nombre parfait six, au moment où le jour se fit. »
Saint Augustin
En ce début du XIXe siècle, tous ceux, philosophes et biologistes, qui se passionnent pour la reproduction et le développement des embryons défendent :
Anaxagore (500-428 av. JC) pensait qu'à la création du cosmos existaient des particules éternelles qui se sont agrégées pour former des " spermata ".
Cette théorie est à l'origine de la panspermie,
théorie dans laquelle les " spermata " (semence
universelle) se retrouvent partout, dans l'air pour les plantes et dans
l'éther, un air spécifique où se retrouvent les dieux
et les âmes chez Anaxagore.
Anaxagore peut être considéré également comme un précurseur de la préformation ( infos).
Elle débouche sur deux conceptions fondamentales qui seront développées de différentes manières par les philosophes :
La fécondation par l'air sera reprise par Aristote (382-324 av. JC) et perdurera jusqu'au XVIIIe siècle.
« C'est d'abord la nature des eaux qui fait que les petits sont mâles ou femelles ; car il y a des animaux qui font des mâles, ou tels autres qui font des femelles. Mais c'est aussi l'accouplement qui peut causer ces différences. Quand, au moment de l'accouplement, c'est le vent du nord qui règne, ce sont plutôt des mâles que les mêmes bêtes produisent ; tandis que, par le vent du sud, ce sont plutôt des femelles. » Histoire des animaux (Livre V - infos -) 574 b
Aristote
consacrera un volume entier sur la génération des animaux
(
infos)
La préexistence des germes a été reprise par Saint Augustin (354-430) dans sa vision biblique.
Ses oeuvres complètes sont consultables ( infos). Vous pouvez lire le chapitre VI d'un ouvrage inachevé de Saint Augustin " De la genèse au sens littéral " ( infos).
Saint Thomas d'Aquin (1225-1274) pense, quant à lui, que Dieu a créé une partie seulement des êtres vivants et de la matière spéciale qui contient " potentiellement " des formes.
Cette matière peut se développer plus tard en êtres vivants grâce à une impulsion de Dieu dans des conditions favorables. d'où son expression : « les formes ont été créées par le pouvoir de la matière. » Cette idée fut reprise par René Descartes (1596-1650).
Sautons quelques siècles et arrivons à Gottfried Wilhelm von Leibniz (1646-1716) poussa au bout la théorie de la panspermie pour introduire sa monadologie. Il parle des monades ( infos) chères aux pythagoriciens, qui correspondent aux atomes de Démocrite, c'est-à-dire des entités simples, dans le sens de non-composées et non-sécables ( infos).
Leibniz, contrairement à René Descartes (1596-1650), pensait que l'être en formation possède des fonctions qui sont programmées dès le début et se développent suivant un plan préétabli par la volonté divine.
« L'unité substantielle demande un être accompli, indivisible et naturellement indestructible, puisque sa notion enveloppe tout ce qui lui doit arriver, ce qu'on ne saurait trouver ni dans la figure ni dans le mouvement... mais bien dans une âme ou forme substantielle, à l'exemple de ce qu'on appelle moi. » Lettre à Arnauld, 1686.
Pour lui, toute la matière est composée de monades qui sont toutes différentes.
Georges-Louis Leclerc de Buffon (1707-1788) croyait en la panspermie et repris la théorie des monades de Leibniz. Il pensait que les individus étaient comme les cristaux formés de nombreuses parties semblables.
« Un individu n'est qu'un tout uniformément organisé dans toutes ses parties intérieures, un composé d'une infinité de figures semblables et de parties similaires, un assemblage de germes et de petits individus de la même espèce, lesquels peuvent tous se développer de la même façon, suivant les circonstances et en former de nouveaux tous composés comme le premier. »
Pour
expliquer sa théorie des molécules organiques, Buffon parlera
de moules intérieurs : « De la même
façon que nous pouvons faire des moules par lesquels nous donnons
à l’extérieur des corps telle figure qu’il nous
plaît, supposons que la Nature puisse faire des moules par lesquels
elle donne non seulement la figure extérieure, mais aussi la forme
intérieure, ne seroit-ce pas un moyen par lequel la reproduction
pourroit être opérée ?… ces moules intérieurs,
que nous n’aurons jamais, la Nature peut les avoir, comme elle a les
qualités de la pesanteur, qui en effet pénètrent à
l’intérieur…
Celle [génération] de l’homme va nous servir d’exemple,
je le prens dans l’enfance, et je conçois que le développement
ou l’accroissement des différentes parties de son corps se
faisant par la pénétration intime des molécules organiques
analogues à chacune de ses parties, toutes ces molécules organiques
sont absorbées dans le premier âge et entièrement employées
au développement, que par conséquent il n’y en a que
peu ou point de superflues, tant que le développement n’est
pas achevé, et que c’est pour cela que les enfans sont incapables
d’engendrer ; mais lorsque le corps a pris la plus grande partie de
son accroissement, il commence à n’avoir plus besoin d’une
aussi grande quantité de molécules organiques pour se développer,
le superflu de ces mêmes molécules organiques est donc renvoyé
de chacune des parties du corps, dans des réservoirs destinez à
les recevoir, ces réservoirs sont les testicules et les vésicules
séminales : c’est alors que commence la puberté…
Je pense donc que les molécules organiques renvoyées de toutes
les parties du corps dans les testicules et dans les vésicules séminales
du mâle, et dans les testicules ou dans telle autre partie qu’on
voudra de la femelle, y forme la liqueur séminale, laquelle dans
l’un et l’autre sèxe est, comme l’on voit, une
espèce d’extrait de toutes les parties du corps ; ces molécules
organiques au lieu de se réunir et de former dans l’individu
même de petits corps organisez semblables au grand, comme dans le
puceron et dans l’oignon, ne peuvent ici se réunir en effet
que quand les liqueurs séminales des deux sèxes se mêlent
; et lorsque dans le mélange qui s’en fait il se trouve plus
de molécules organiques du mâle que de la femelle, il en résulte
un mâle, au contraire s’il y a plus de particules organiques
de la femelle que du mâle, il se forme une petite femelle… Mais
ce qui prouve plus fortement que tout le reste la vérité de
notre explication, c’est la ressemblance des enfans à leurs
parens…les enfans ressemblent tantôt au père, tantôt
à la mère, quelquefois même ils ressemblent à
tous deux ; ils auront, par exemple, les yeux du père et la bouche
de la mère, ou le teint de la mère et la taille du père,
ce qu’il est impossible de concevoir, à moins d’admettre
que les deux parens ont contribué à la formation du corps
de l’enfant, et que par conséquent il y a eu un mélange
des deux liqueurs séminales. » Histoire naturelle, tome
second, (
infos) p : 30-68
Bien entendu, la panspermie reprendra un peu de vigueur lors des théories darwiniennes qui acceptaient la génération spontanée ( infos).
Connaissances
au XIXeEchelle
des êtresAge
du mondeNotion
d'espèce
Plans
d'organisationGénération
spontanéePanspermiePréformation
EpigenèseEvolutionnismeFixisme