Citation
« Les espèces qui survivent ne sont pas les espèces les plus fortes, ni les plus intelligentes, mais celles qui s'adaptent le mieux aux changements. »
Charles Darwin
Documentation web
Le voyage sur le Beagle (limier en français) est raconté dans
un film du CNRS (
infos) et dans Wikipedia (Wiki),
et en plus détaillé, sur un site en anglais (
infos).
Les voyages sur le beagle sont racontés dans trois volumes " Narrative of the surveying voyages of His Majesty's Ships Adventure and Beagle between the years 1826 and 1836, describing their examination of the southern shores of South America, and the Beagle's circumnavigation of the globe " : Proceedings of the first expedition, 1826-30 ( infos), Proceedings of the second expedition, 1831-36 ( infos) et un appendice au deuxième volume ( infos).
Pendant son voyage, Darwin rassembla des animaux de toutes sortes et disséqua de nombreux animaux marins dont des Crustacés qui lui « seront d'un grand secours quand les années suivantes, j'entrepris la monographie des Cirripèdes. » ( infos). Toutefois, comme il ne savait pas bien dessiner et que ses connaissances anatomiques étaient limitées, la collecte « s'est avérée pratiquement inutile. »
Quoi qu'il en dise, Il fit des découvertes primordiales qui l'orientèrent vers sa théorie de l'évolution des espèces dont nous ne citerons que les principales.
Dans les plaines de la pampa, il découvrit, dans des couches contenant des coquillages récents, neuf fossiles d'animaux géants proches des animaux vivant actuellement sur place. Les recherches complémentaires furent effectuées par Richard Owen (1804-1892).
«
A Punta Alta, on trouve une section de l'une
de ces petites plaines récemment formées, fort intéressante
par le nombre et le caractère extraordinaire des restes d'animaux
terrestres gigantesques qui y sont enfouis. Ces restes ont été
longuement décrits par le professeur Owen dans la Zoologie du voyage
du Beagle… : Megatherium…,
Megalonyx…,
Scelidotherium…,
Mylodon…,
un animal portant une carapace osseuse à compartiments, ressemblant
beaucoup à celle du tatou…
enfin le Toxodon,
un des animaux les plus étranges peut-être qu'on ait pu jamais
découverts. Par sa taille, cet animal ressemblait à l'éléphant
ou au mégathérium ; mais la structure de ses dents, ainsi
que l'affirme M. Owen, prouve incontestablement qu'il était allié
de fort près aux rongeurs, ordre qui comprend aujourd'hui les plus
petits quadrupèdes ; par bien des points, il se rapproche aussi des
pachydermes
; enfin, à en juger par la position de ses yeux, de ses oreilles
et de ses narines, il avait probablement des habitudes aquatiques, comme
le Dugong
et le Lamantin,
dont il se rapproche aussi. Combien il est étonnant de trouver
ces différents ordres, aujourd'hui si bien séparés,
confondus dans les différentes parties de l'organisation du Toxodon
!
Les
restes fossiles de Punta Alta se trouvaient enfouis dans du gravier stratifié
et de la boue rougeâtre ressemblant exactement aux dépôts
que la mer pourrait former actuellement sur une côte peu profonde.
Auprès de ces fossiles, j'ai retrouvé vingt-trois espèces
de coquillages, dont treize récents et quatre très proches
voisins des formes récentes… On ne peut guère douter,
je crois, que ce dépôt n'appartienne à une période
tertiaire fort récente. Les ossements du Scélidothérium,
y compris même la rotule du genou, étaient enfouis dans leurs
positions relatives ; la carapace osseuse du grand animal ressemblant au
Tatou était dans un parfait état de conservation, ainsi que
les os de l'une de ses jambes ; nous pouvons donc affirmer, sans craindre
de nous tromper, que ces restes étaient récents et encore
unis par leurs ligaments quand ils ont été déposés
dans le gravier avec les coquillages. Ces faits nous fournissent
la preuve que les quadrupèdes gigantesques ci-dessus énumérés,
plus différents de ceux de l'époque
actuelle que ne le sont les plus anciens quadrupèdes tertiaires de
l'Europe, existaient à une époque où la mer contenait
la plupart de ses habitants actuels. Nous trouvons là aussi
une confirmation de la loi remarquable sur laquelle M. Lyell a insisté
si souvent, c'est-à-dire que " la longévité des
espèces de mammifères est en somme inférieure à
celle des espèces de mollusques ". La grandeur des ossements
des animaux mégathéroides, y compris le Mégathérium,
le Mégalonyx, le Scélidothérium et le Mylodon, est
réellement extraordinaire.
Comment vivaient ces animaux ? Véritables problèmes pour les
naturalistes jusqu'à ce que le professeur Owen les eût dernièrement
résolus avec une grande ingéniosité. Les dents indiquent,
par leur simple conformation, que ces animaux mégathéroïdes
se nourrissaient de végétaux et mangeaient probablement les
feuilles et les petites branches des arbres… Le professeur Owen soutient,
ce qui est bien plus probable, qu'au lieu de grimper sur les arbres, ces
animaux attiraient à eux les branches et déracinaient les
arbrisseaux pour se nourrir de leurs feuilles. » Voyage
d'un naturaliste p: 90-99
Plus tard en Patagonie, il fit les mêmes remarques en découvrant un Macrauchenia dans des couches de coquillages récents.
« La parenté, bien qu'éloignée, qui existe entre le Macrauchenia et le Guanaco, entre le Toxodon et le Capybara - la parenté plus rapprochée qui existe entre les nombreux Edentés éteints et les Paresseux, les Fourmiliers et les Tatous actuels qui caractérisent si nettement la zoologie de l'Amérique méridionale - la parenté encore plus rapprochée qui existe entre les espèces fossiles et les espèces vivantes de Ctenomys et d'Hydrochoerus, constituent des faits fort intéressants. La grande collection, provenant des cavernes du Brésil, qu'ont dernièrement rapportée en Europe MM. Lund et Clausen, prouve admirablement cette parenté aussi remarquable que celle qui existe entre les Marsupiaux fossiles et les Marsupiaux vivants de l'Australie. Les trente-deux genres, sauf quatre, de quadrupèdes terrestres, qui habitent aujourd'hui le pays où se trouvent les cavernes, sont représentés par des espèces éteintes dans la collection dont je viens de parler. Les espèces éteintes sont d'ailleurs beaucoup plus nombreuses que les espèces actuelles ; on remarque de nombreux spécimens fossiles de fourmiliers, de tapirs, de pécaris, de guanacos, d'opossums, de rongeurs, de singes et d'autres animaux. Cette parenté étonnante, sur le même continent, entre les morts et les vivants jettera bientôt, je n'en doute pas, beaucoup plus de lumière que toute autre classe de faits sur le problème de l'apparition et de la disparition des êtres organisés à la surface de la terre. » Voyage d'un naturaliste p: 189-190 ; voir également ( infos)
Enfin, dans l'archipel des Galapagos, il décrit les différences existant entre les pinsons ou entre les tortues des différentes îles.
« Le fait le plus curieux est la parfaite gradation de la grosseur des becs chez les différentes espèces de Geospiza ; cette grosseur varie depuis celle du bec d'un gros-bec jusqu'à celle du bec d'un pinson… ; La figure 1 représente le plus gros bec du genre Geospiza ; la figure 3, le plus petit ; mais au lieu d'y avoir une seule grosseur intermédiaire, comme dans la figure 2, on trouve six espèces dont les becs vont graduellement en diminuant… Quand on considère cette gradation et cette diversité de conformation dans un petit groupe d'oiseaux très voisins les uns des autres, on pourrait réellement se figurer qu'en vertu d'une pauvreté originelle d'oiseaux dans cet archipel, une seule espèce s'est modifiée pour atteindre des buts différents. » Voyage d'un naturaliste p: 166
«
Je n'ai pas encore parlé du caractère de beaucoup
le plus remarquable de l'histoire naturelle de cet archipel, c'est-à-dire
que les différentes îles sont, dans une grande mesure, habitées
par des animaux ayant un caractère différent. C'est
le vice-gouverneur, M. Lawson, qui a appelé mon attention sur ce
fait ; il m'a affirmé que les tortues différaient
sur les différentes îles et qu'il pouvait dire avec certitude
de quelle île provenait telle tortue qu'on lui apportait
(
infos). Malheureusement je négligeai trop cette affirmation dans
le principe et je mélangeai les collections provenant de deux des
îles. Mais ce qui éveilla complètement mon attention,
ce fut la comparaison des nombreux spécimens d'oiseaux
moqueurs tués par moi ou par les officiers du bord. A mon grand
étonnement, je m'aperçus que tous ceux qui provenaient de
l'île Charles appartenaient à
l'espèce Mimus trifasciatus ; tous ceux qui provenaient de l'île
Albemarle appartenaient à l'espèce Mimus parvulus ; tous ceux
qui provenaient des îles James et Chatham, entre lesquelles sont situées
deux autres îles formant une espèce de lien, appartenaient
à l'espèce Mimus melanotis. Ces deux dernières espèces
sont très voisines et quelques ornithologistes ne les considéreraient
que comme des races ou des variétés bien déterminées.
Mais l'espèce Mimus trifasciatus est absolument distincte. Malheureusement,
la plupart des spécimens de moineaux se sont trouvés mêlés
ensemble, mais j'ai de fortes raisons pour croire que quelques espèces
du sous-groupe Geospiza ne se trouvent que sur certaines îles…
Mais ce qui me frappe, c'est au contraire ce fait que
plusieurs îles possèdent leurs espèces particulières
de tortues, d'oiseaux moqueurs, de moineaux et de plantes, et que ces espèces
ont les mêmes habitudes, occupent des situations analogues et remplissent
évidemment les mêmes fonctions dans l'économie naturelle
de cet archipel. Il se peut sans doute que quelques-unes de ces
espèces représentatives, tout au moins en ce qui concerne
les tortues et quelques oiseaux, ne soient après tout que des races
bien définies ; mais, en admettant qu'il en soit ainsi, ce fait n'en
aurait pas moins d'intérêt pour le naturaliste…
Si l'on se rappelle les faits que je viens d'indiquer on reste étonné
de l'énergie de la force créatrice, si on peut employer une
telle expression, qui s'est manifestée sur ces petites îles
stériles et rocailleuses ; on est encore plus étonné
de l'action différente, tout en étant cependant analogue,
de cette force créatrice sur des points si rapprochés les
uns des autres. »
« Pendant une partie de la journée, j'écrivais mon journal et me suis donné beaucoup de mal pour décrire soigneusement et d'une manière saisissante tout ce que j'avais vu : et ce fut un bon exercice. »
Darwin concentrait son attention sur tout ce qu'il voyait et qu'il lisait. « Cette habitude d'esprit s'est poursuivie au cours des cinq années du voyage. Je suis sûr que c'est cette formation qui m'a permis de faire ce que j'ai fait dans la science. »
Il écrit : « Rétrospectivement, je peux maintenant percevoir combien mon amour pour la science l'emporta progressivement sur tous les autres goûts. Durant les deux premières années, mon ancienne passion pour la chasse est restée intacte avec presque toute sa force, et j'ai tiré moi-même tous les oiseaux et les animaux de ma collection ; mais peu à peu, j'ai abandonné mon arme de plus en plus souvent, et finalement entièrement, à mon serviteur, car la chasse interférait avec mon travail, plus particulièrement dans l'établissement de la structure géologique d'un pays. J'ai découvert, bien qu'inconsciemment et insensiblement, que le plaisir de l'observation et le raisonnement était bien supérieur à celui de l'habileté et du sport. Le fait que mon esprit se soit développé par mes activités pendant le voyage est vraisemblable à cause d'une remarque faite mon père, qui était le plus fin observateur que je n'ai jamais vu, d'un tempérament sceptique, et loin de croire en la phrénologie ; En me voyant pour la première fois après le voyage, il se retourna vers mes soeurs, et s'écria : " Pourquoi, la forme de sa tête a tout à fait changé. " »
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Darwin
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