Sensibilisation
Conséquences comportementales

Citation

« Ne méprisez la sensibilité de personne. La sensibilité de chacun, c'est son génie. »

Charles Baudelaire

Sommaire

L'exposition répétée à une situation stimulante sans conséquences défavorables peut, dans certains cas, entraîner - à l'inverse de l'habituation - une augmentation de la réponse d'alerte. Ce phénomène est appelé sensibilisation.

On présente un chien à des chatons pendant une minute plusieurs fois par jour. Le chien n'interagit pas avec eux.

  • Au début, tous les chatons manifestent des réactions de crainte.
  • Ensuite, chez quelques-uns d'entre eux, ces réponses disparaissent par habituation, tandis que chez les autres, elles augmentent par sensibilisation (Reid, 1996).

Stimulus nouveau    Alerte, orientation, émotion
Diminution progressive
des réactions
Augmentation progressive
des réactions
Habituation
Sensibilisation


Les réponses d'alerte survenant suite à un stimulus non-familier sont innées.
Ce sont des réponses émotionnelles destinées à protéger l'individu contre un danger éventuel (rôle fonctionnel de l'émotion en accord avec la théorie darwinienne).

D'après la théorie psychoévolutive de Robert Plutchik (1994), ces réponses permettent une meilleure survie des individus :


L'état d'alerte, et l'émotion qui s'y rattache (en général, la peur), est l'aboutissement d'une chaîne complexe d'événement sujette à de nombreuses régulations.


Feed-back


La sensibilisation s'installera d'autant plus facilement que les manifestations physiologiques sont plus intenses :

  • mydriase - pupilles dilatées -, 
  • tachycardie et tachypnée - augmentation du rythme cardiaque et respiratoire -,
  • tremblements.

Robert PlutchikEn outre, l'exploration du stimulus est primordiale dans l'installation de la sensibilisation ou de l'habituation.

  • Si l'individu a la curiosité ou la capacité de se diriger vers lui,
    • ou il s'apercevra qu'il n'est pas dangereux : le stimulus deviendra familier et perdra sa signification (habituation) ;
    • ou il est vraiment dangereux et l'animal engagera un comportement défensif ou la fuite.
  • Si l'exploration est impossible (situation fermée), la peur se fixe par conditionnement classique : cette " émotion apprise " est appelée réaction émotionnelle conditionnée de peur.


Une réponse émotionnelle de peur constitue en elle-même un stimulus aversif.


La situation stimulante qui la déclenche est donc, de toute façon, un renforcement négatif, même si aucune autre conséquence désagréable n'apparaît et provoque des réponses d'échappement et d'évitement.

Nous savons que les REC de peur présentent deux caractéristiques :

EysenckOu le stimulus est réellement dangereux, et ce comportement est utile à l'animal, comme la vue d'un prédateur par exemple, ou il est considéré comme dangereux par l'individu qui est dans un état réactionnel élevé (phobies, anxiétés, dysthymies).

Un chat est enfermé dans une cage de la clinique et présente toutes les manifestations de la peur. Si nous essayons de le sortir de la cage, comme il ne peut s'échapper (situation fermée), il provoquera une agression par peur.

L'homme qui souffre d'agoraphobie a « une crainte de se trouver dans des lieux publics et particulièrement de traverser de grands espaces où l'on peut être regardé. L'agoraphobie est, du même coup, une peur de la foule... » (Birou 1966). Cette névrose, même infondée, provoque des crises de panique.


Cette seconde particularité a été appelée par Hans Eysenck (1916-1997), l'incubation de l'anxiété. Les réactions émotionnelles conditionnées de peur provoquent phobie et anxiété.

Bases neurobiologiques de la sensibilisation

ApprentissageDifférentes formes d'apprentissageConditionnement classique
Conditionnement opérantRenforcementsPunitionsHabituationSensibilisationImprégnationApprentissage par imitationApprentissage par observation
Apprentissage latentApprentissage par intuitionApprentissages complexes

Bibliographie
  • Giffroy J.M. (Prof. Université de Namur, Belgique) - L'apprentissage et ses applications - 3ème cycle professionnel des écoles nationales vétérinaires, Toulouse, 2000
  • Gaultier E - Les différentes approches du comportement - 3ème cycle professionnel des écoles nationales vétérinaires - Toulouse 2000
  • Pageat P. - Pathologie du comportement du chien, Editions du Point Vétérinaire, Maisons-Alfort, 384 p., 1998
  • Rosenzweig M.R., Leiman A.L., Breedlove S.M. - Psychobiologie  - DeBoeck Université, Bruxelles, 849 p., 1998
  • Doré F, Mercier P. - Les fondements de l'apprentissage et de la cognition - Presses universitaire de Lille, Gaêtan Morin éditeur, 496 p., 1992
  • Malcut G., Pomerleau A., Maurice P. - Psychologie de l'apprentissage : termes et concepts - Edisem, maloine, 243 p., 1995
  • Université d'Oxford - Dictionnaire du comportement animal - Robert Laffont, Paris, 1013 p., 1990