Citation
« Les mères trop dévouées le sont presque toujours à cause de leur propre histoire: " je veux être une mère parfaite, tant j'ai peur de répéter ma mère qui m'a tant fait souffrir. " »
Boris CyrulnikÂ
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« Qu’il s’agisse d’un contrôle essentiellement sensoriel ou physiologique, la parturition représente toujours une période privilégiée pour l’expression du comportement maternel et la mise en place de la relation avec le jeune. » Rosenblatt et Siegel 1981, cité par Poindron
Les phénomènes physiologiques de la parturition (bases biologiques du comportement maternel), les contacts entre la mère et les petits (léchage) ou lors de l'allaitement, mais également des informations olfactives, visuelles ou auditives (activation par les petits) facilitent cet attachement maternel chez toutes les espèces.
Comme chez la chèvre multipare, dans de nombreuses espèces, y compris chez l'homme (bases biologiques du caregiving chez l'homme), l'ocytocine intracérébrale est sécrétée par de nombreux facteurs sociaux en fonction des stimuli en relation avec la présence du petit qu'ils soient tactiles (autre que le réflexe d'éjection de lait), olfactifs, auditifs ou visuels.
La régulation de la sécrétion d'ocytocine, comme celui du réflexe d'éjection de lait, n'est pas si évidente car l'ocytocine n'est libérée qu'après plusieurs minutes alors qu'un réflexe sensoriel est beaucoup plus rapide : une intégration complexe de diverses données est effectuée au niveau cérébral.
Le comportement maternel, initié par un phénomène neurohormonal, est par la suite sous contrôle neurosensoriel. La mère est rendue plus réceptrice, par des facteurs internes, aux signaux sensoriels de son nouveau-né qui diffèrent selon les espèces.
Au début, chez la brebis, ce sont surtout des signaux olfactifs, chez la souris, des signaux acoustiques (ultrasons de 50 KHz), chez la ratte, des signaux tactiles, mais également un panaché de tous ces signaux à partir d'un certain temps.
Chez la brebis ou la chèvre, la reconnaissance visuelle et/ou auditive du jeune est activée en 6 heures ou
moins après la parturition (Keller et al 2003, Poindron et al 2003) et une reconnaissance sur la seule base des signaux acoustiques dès 24 heures (Sèbe et al 2007).
Chez l’homme, par exemple, les traits physiques du bébé, comme la taille des yeux ou la rondeur de la tête, son odeur, le fait même de penser à lui, entretiennent le comportement maternel. Konrad Lorenz (1903-1989) l'avait bien noté dans son livre " Essais sur le comportement animal et humain : Les leçons de l'évolution de la théorie du comportement ".
Le comportement maternel est, tout le monde le sait, facilité par l'expérience et cela se traduit par une mémorisation à long terme de la première parturition.
Chez la brebis, alors que les chercheurs ne voient pas de différence lors de l'allaitement entre primipares et multipares, la reconnaissance à distance entre leur agneau et un agneau étranger s'effectue en 6 heures contre 24 heures pour les primipares (cf article).
Des expériences chez la ratte ont montré que le comportement maternel, en mettant en contact des ratons avec des femelles non gestantes, se manifeste en 7 jours chez les nullipares et en 24 heures seulement chez les multipares.
Souvent, les primipares sont souvent affolés lors de la parturition et s'occupent mal de leurs nouveau-nés (mauvaise mère).
Chez la brebis, les troubles du comportement maternel (50 % chez les primipares) ne se retrouvent plus aux prochaines parturitions.
C'est toujours et encore lors du contact mère-petit pendant et après la parturition que se met en place cette « mémoire maternelle » comme dit Poindron.
Cette mémoire est également constatée au niveau biologique. Même si on supprime expérimentalement des informations chez les pluripares, on observe, par rapport aux primipares, une augmentation :
On aurait donc une plus forte réactivité de l'organisme aux stimuli ainsi que de meilleures connections entre les divers systèmes de contrôle.
Le tempérament des animaux, timide, calme, émotif ou même anxieux, que ce soit chez la ratte, la chatte, la chienne ou la brebis, perturbe le comportement maternel et aura des conséquences dramatiques sur l'attachement (secure ou non), à l'origine de troubles comportementaux chez leurs petits.
Le stress chronique provoque un manque de caregiving chez la femelle et pertube la mémoire, l’apprentissage et l’attention chez les petits par une perturbation de l'attachement qui devient insecure.
Cette émotivité se transmet pendant :
C'est pourquoi, nous déconseillons la reproduction des femelles anxieuses !
Enfin, chez la ratte, on a décrit des mécanismes de transmission inter-générationnelle non-génomique qui peuvent influencer le comportement maternel de leurs filles (léchage intense ou pas par exemple).
Développement
comportementalPériodes
de développement comportemental du chien et du chat
Période prénatalePériode néonatalePériode de transition
Période de socialisationPériode juvénileProcessus particuliers
Période sensibleComportement maternelEmpreinte ou imprégnationAttachement
Autonomie des jeunesSocialisationSocial. intraspécifiqueSocial. interspécifique
Homéostasie sensorielleAcquisition des autocontrôlesDétachement