Punitions positives

Citation

« Il est impossible de comprendre et de punir à la fois. »

Paul Valéry

Sommaire


La punition positive est un stimulus aversif survenant après une réponse (innée ou apprise) qui diminue la probabilité de réapparition, l'intensité, la fréquence ou le taux ultérieur de cette réponse
.


Pour nous, vétérinaires comportementalistes, la punition est loin d'être la panacée car vous devez observer les lois de l'apprentissage qui sont très rarement respectées.

  • La punition n'a qu'un effet irrégulier, temporaire et parfois inexistant sur le comportement, contrairement au renforcement.
  • Chien qui saute sur sa maîtresseLa punition présente le désavantage d'appauvrir le répertoire comportemental en supprimant un élément sans le remplacer par un autre, contrairement au renforcement.

Autrement dit, le renforcement permet d'installer tout de suite la bonne réponse.

La méthode consiste à présenter le stimulus aversif lorsque l'animal produit la réponse non souhaitable.

Un dalmatien accueille les personnes qui entrent dans la maison en leur sautant sur le torse, ce qui peut présenter un danger vu la taille du chien.

  • Quand cela se produit, le propriétaire réprimande l'animal et demande aux visiteurs de poser le pied sur les doigts d'un des membres postérieurs du chien.
  • On constate que ce comportement diminue puis disparaît : la punition a été efficace. Au départ, le stimulus utilisé - action sur les doigts - était un stimulus aversif primaire. Ensuite, c'était un stimulus aversif secondaire - réprimande -.

Emploi du stimulus aversif

thorndikeEdward Thorndike (1874-1949) a démontré que la punition n'a qu'un effet irrégulier, temporaire et parfois inexistant sur le comportement, contrairement au renforcement.


La punition doit être appliquée systématiquement !

En d'autres termes, la punition est plus efficace en programme continu qu'en programme intermittent pour être plus résistante à l'extinction.


La punition est plus efficace sur les réponses qui se produisent fréquemment
et, inversement, moins efficace sur les réponses dont la fréquence est faible.

De là provient le doute de certains concernant l'utilité de punir les criminels. En effet, même chez les truands, le crime est loin d'être une activité quotidienne.


L'expérimentation a démontré que - dans les cas où une punition est une méthode efficace et si la procédure est mise en oeuvre de manière correcte - le résultat est obtenu rapidement : deux ou trois présentations du stimulus aversif sont suffisantes.

Lois à observer

Loi de la contiguïté temporelle ou simultanéité


Le stimulus aversif doit être administré sans délai après la production du comportement qu'on désire supprimer : elle peut aussi être présentée en cours d'exécution.

Si le comportement à éliminer est constitué par plusieurs unités comportementales successives, l'effet de la punition est plus rapide si elle est appliquée à la première des unités constituant la séquence.


Plus la punition est appliquée tôt lors du déroulement du comportement répréhensible, mieux elle marche !

En d'autres termes, il faut l'appliquer dès la phase appétitive du comportement, c'est-à-dire au tout début de la séquence comportementale.

On présente à des chiens deux gamelles différentes : la gamelle A est remplie d'une nourriture très appétissante, tandis que la gamelle B contient une nourriture beaucoup moins appétissante. Un expérimentateur est assis entre les deux gamelles : il donne une punition (coup de journal roulé) aux animaux s'ils s'approchent de la gamelle A.

  • Les chiens sont répartis en trois lots.
    • Ceux du premier lot sont punis immédiatement.
    • Ceux du deuxième lot sont punis après 5 secondes.
    • Ceux du troisième lot sont punis après 15 secondes.
  • Tous les chiens apprennent à ne s'approcher que de la gamelle B.
  • Au cours du mois qui suit cet apprentissage, on présente les mêmes gamelles aux chiens mais sans que l'expérimentateur soit présent.
    • Les animaux ne sont plus punis et donc se trouvent placés sur procédure d'extinction.
    • On constate que les chiens du premier lot ont mis en moyenne 2 semaines avant de manger la gamelle A, ceux du deuxième lot ont mis 8 jours et ceux du troisième lot n'ont mis que 3 minutes.


Si le stimulus aversif est appliqué a posteriori (même de quelques secondes !), il ne sera pas associé à la réponse à supprimer.


La punition est efficace si le délai est inférieur ou égal à une seconde.

  • L'animal ne doit pas relier la punition à un stimulus discriminatif particulier comme :
    • une personne précise,
    • un endroit ou à une situation, sinon il évitera ces situations ou ne s'abstiendra de répondre que dans ces circonstances.
  • L'association punition-maître risque de s'établir d'autant plus facilement si le maître est en colère au moment où il administre la punition.


Vous comprenez maintenant pourquoi une punition positive est rarement appliquée correctement et qu'elle puisse engendrer des troubles de la communication entre l'animal et le maître.

Chez les animaux de compagnie, la punition administrée maladroitement, installe rapidement une association entre la personne et le stimulus aversif. C'est ainsi que certains chiens se retrouvent qualifiés à tort de stupides, têtus ou impossibles à éduquer...

Le port d'un collier factice durant trois à quatre semaines évite l'établissement de la liaison entre le fait de porter un collier et la possibilité d'être confronté à un jet de citronnelle (89 % de résultats).

CoupablesUn chien présentant de l'anxiété de séparation défèque sur le sol pendant l'absence de son maître.

  • S'il est systématiquement puni au retour de celui-ci, il associe la correction à la présence de matières fécales sur le sol, couplée au retour du maître.
  • Il adopte donc une posture d'apaisement ou une posture de soumission. destinée à apaiser le maître. Ce dernier interprète habituellement cette attitude comme une preuve de culpabilité et affirme : « D'ailleurs, il sait bien qu'il a mal fait ! ».

La punition est inefficace et peut même augmenter la réponse qu'on désire supprimer si elle annonce un renforcement positif.

On apprend à un chien à s'asseoir et à conserver cette attitude durant un certain temps.

  • Le procédé utilisé est de commander «  Assis ! », de renforcer le fait de s'asseoir, puis de commander «  Reste ! » ou «  Pas bouger ! », de punir par une réprimande chaque déplacement, de replacer l'animal à la position de départ, et enfin de le faire asseoir.
  • Si cette dernière réponse est renforcée, la punition du déplacement est inefficace, car elle annonce qu'à la fin, un renforcement apparaît. Le chien apprend que quand il se déplace, la réprimande apparaît mais, qu'ensuite, l'ordre de s'asseoir et enfin le renforcement lui seront présentés.


Punition On perçoit donc l'avantage de la punition automatique, commandée ou administrée à distance sur la punition interactive.

Pour empêcher un chien de voler les objets se trouvant sur les meubles, la punition peut être :

  • le déclenchement d'un piège à souris placé à l'envers,
  • la chute d'une boîte métallique remplie de cailloux placée préalablement en équilibre instable,
  • l'utilisation d'un collier spray éducatif.

De même, le pistolet à eau ou le pulvérisateur pour plantes peuvent être utilisés chez le chat (spray-thérapie). Il existe également des systèmes commandés à distance qui allient stimulus disruptif et stimulus aversif.

L'administration du stimulus est immédiate et elle ne peut être associée à une personne. L'utilisation de miroirs ou d'un circuit vidéo fermé permet de faire surgir le stimulus aversif au moment opportun.

Loi de l'extinction : règle de permanence


La punition doit être administrée chaque fois que la réponse est produite (punition systématique), sinon le phénomène d'extinction peut apparaître !

En d'autres termes, la punition est plus efficace en programme continu qu'en programme intermittent pour être plus résistante à l'extinction.

Non au collier électrique !L'exemple le plus classique de ce qui précède est donné par les colliers électriques anti-aboiement. Ces dispositifs encombrants et coûteux peuvent supprimer certaines vocalises. Ils sont rapidement associés par l'animal à la punition reçue lors d'aboiements (application d'un stimulus aversif contrairement au stimulus disruptif des colliers spray éducatifs).

  • Comme ils sont souvent loués, les propriétaires ont coutume de les rendre dès que le chien a cessé d'aboyer. Mais peu de temps après, le chien recommence à aboyer.
  • Cela a conduit à commercialiser des leurres qui imitent le collier électrique. Cependant, ces leurres ne font que retarder la rechute. Le chien excité va en effet émettre des petits sons qui, d'ordinaire, déclenchaient une décharge dès qu'ils augmentaient de volume. Avec le leurre, la punition n'est plus déclenchée et le chien finit par récidiver.

Un chien qui saute sur les visiteurs doit être puni chaque fois qu'il le fait et par toutes les personnes qui en sont l'objet. S'il est puni seulement en semaine (quand on est bien habillé) et pas le week-end (quand on porte une tenue sportive) ou seulement par les adultes et pas par les enfants, la punition ne sera pas efficace.

Indications


De nombreuses personnes considèrent, par anthropomorphisme, la punition comme le traitement le plus facile et le plus logique
.


Cependant les exigences à respecter lors de la mise en oeuvre en montrent bien les limites.

  • Les " bêtises " du chien surviennent la plupart du temps quand les maîtres sont absents ! La loi de la contiguïté temporelle ne peut donc pas s'appliquer.
  • On doit utiliser la punition essentiellement pour l'apprentissage de certains ordres simples et structurants pour le chien dans l'éducation.

Récompenser un acte correctement exécuté est profitable à plus d'un titre.

  • D'une part, cela permet de montrer ce qu'est le bon comportement. La punition montre ce qu'il ne faut pas faire, mais ne dit pas ce qu'il faut faire.
  • D'autre part, la punition peut rapidement devenir anxiogène et être à l'origine de troubles de la communication entre l'animal et son maître.

Si toutes les conditions sont remplies, une punition supprime un comportement après deux à trois présentations du stimulus aversif.


Quand la punition marche, elle marche vite !

Si une punition mise en oeuvre en tant que thérapie de comportement n'a pas atteint son objectif après une dizaine de présentations, cela veut dire qu'un ou plusieurs aspects de la procédure n'ont pas été respectés.

Un certain nombre de comportements qui sont fréquemment produits peuvent être supprimés par la punition administrée directement par une personne :

  • tirer sur la laisse,
  • sauter sur les personnes,
  • aboyer (si ce n'est pas une manifestation d'anxiété ni d'agression),
  • les éliminations qui sont produites en présence du maître.

La punition automatique qui a recours à des systèmes mécaniques plus ou moins ingénieux, permet de supprimer les comportements tels que :

  • aboyer,
  • sauter sur les meubles,
  • creuser des trous dans le jardin,
  • griffer ou mordiller le mobilier,
  • grimper aux arbres pour les chats,
  • détruire les plantes d'appartement,
  • voler de la nourriture sur la table,
  • renverser les poubelles....

ApprentissageDifférentes formes d'apprentissageConditionnement classique
Conditionnement opérantLois du CORenforcements
PunitionsPunitions positivesPunitions négativesDangers
HabituationSensibilisationImprégnationApprentissage par imitation
Apprentissage par observationApprentissage latentApprentissage par intuition
Apprentissages complexes

Bibliographie
  • Giffroy J.M. (Prof. Université de Namur, Belgique) - L'apprentissage et ses applications - 3ème cycle professionnel des écoles nationales vétérinaires, Toulouse, 2000