Habituation
Théories

Citation

« Voir, comparer, juger, déduire, conserver l'enthousiasme et le sang-froid, soumettre l'inspiration à la patience, voilà le grand secret. »

Alexandre Pothey

Sommaire

De nombreuses thérories essaient d'expliquer le processus d'habituation et les phénomènes qui s'y rattachent :

Théorie du double processus ( infos)

Dans cette théorie (P.M. Groves et R. F. Thompson -1970-), un stimulus provoque deux phénomènes distincts :

  • une réponse qui peut être apprise ou non,
  • une perturbation de l'état réactionnel de l'organisme qui peut déclencher ou non une séquence comportementale.

La probabilité de déclenchement d'une séquence est directement dépendante de l'état réactionnel de l'animal. Dans un état de motivation donné, une stimulation peut plus ou moins déclencher une séquence : cette propriété d'un stimulus est ce qu'on appelle son intensité d'évocation ou évocabilité.

1. Un stimulus efficace provoque une sensibilisation qui a pour conséquence un accroissement de la tendance à répondre de l'organisme (état d'excitation).

  • Cette sensibilisation est proportionnelle à l'intensité du stimulus : plus son intensité est faible, moins la sensibilisation sera élevée.
  • Dès que le stimulus disparaît, le processus s'éteint.

2. La répétition de ce stimulus déclenche une habituation par diminution de la réponse du système nerveux central (conditionnement opérant stimulus-réponse).

  • L'habituation se développe lors de répétitions fréquentes.
  • Elle est tributaire du niveau d'intensité du stimulus.


Habituation et sensibilisation sont deux processus indépendants l'un de l'autre, mais interagissent (somme algébrique) pour produire la réponse comportementale finale.

Double processus


Cette théorie est trop simpliste car elle ne tient pas compte des apprentissages où interviennent des activités cérébrales plus complexes que la voie stimulus-réponse.


Théorie du comparateur

La théorie de E. N. Sokolov (1963) fait intervenir les processus cognitifs complexes (attention, mémoire, représentations…).

1. Le stimulus est d'abord capté par les organes des sens et catégorisé au niveau cérébral.

2. Le stimulus est alors comparé à un référenciel emmagasiné dans la mémoire.

  • Si le stimulus est nouveau, à des intensités très fortes, apparaissant dans des situations inattendues ou exceptionnelles, l'organisme se met en éveil et présente une réponse d'orientation.
  • Si le stimulus est connu, l'information n'est pas transmise à l'unité de traitement et la réponse est faible ou inexistante.

3. Lors des répétitions, le comparateur recherche et trouve la représentation mentale du stimulus qui ne déclenche plus de réponse (habituation).

Comparateur de Sokolov

Théorie du fonctionnement cognitif automatisé

La théorie de R. K. Wagner fait intervenir trois composantes dans le traitement de l'information :

  • le registre sensoriel,
  • la mémoire à long terme (MLT), représentations diverses (connaissances, idées, représentations…) en état d'activité ou non, et la mémoire à court terme (MCT) contenue dans la MLT et comprenant les représentations en cours d'activité.
  • le générateur de réponse qui, fort des informations précédentes, enclenche ou non le comportement.

Le stimulus est d'abord capté par les organes des sens, catégorisé au niveau cérébral et active les représentations de la MCT.


La MCT, contrairement à la MLT, a une capacité limitée et est sans cesse stimulée par les événements nouveaux de l'environnement qui expulse les représentations plus anciennes.


1. Si le stimulus est nouveau, il tourne en boucle (autorépétition ou rehearsal) et sa représentation est très active.

L'autorépétition sature la MCT et sa représentation plus " signifiante " est prioritaire sur les autres pour activer le générateur de réponse.

2. Si le stimulus apparaît plusieurs fois, la représentation est active en MCT (amorçage ou priming), ce qui rend sa représentation moins active.


L'habituation serait due à la faible activation de l'amorçage qui a peu tendance à déclencher le générateur de réponse.

Pour compliquer un peu, deux cas de figures peuvent alors se présenter :

  • Si le délai entre les deux répétitions est bref, la représentation est déjà présente en MCT. Cet autoamorçage (self-generated priming) explique l'habituation à court terme.
  • Si le delai entre les deux répétitions est long, il faut que la représentation soit présente également dans la MLT.
    • Pour la comparer au registre sensoriel, il faut qu'elle soit récupérée et placée dans la MCT : c'est l'amorçage par récupération (retrieval-generated priming).
    • Le mécanisme de récupération est associé à un autre stimulus environnemental qui apparaît toujours en même temps que le stimulus d'habituation : les stimuli contextuels associés au stimulus d'habituation déclenchent la récupération de la représentation de la MLT vers la MCT. Celle-ci la compare au stimulus du registre sensoriel qui ne génère pas ou peu de réponse : c'est l'habituation à long terme.


Cette différence entre autoamorçage et amorçage par récupération permet d'expliquer deux phénomènes.

La diminution de la réponse peut être due à une habituation à court ou à long terme selon le délai qui sépare la répétition du stimulus. Si le délai de présentation du stimulus est trop long,

  • la récupération spontanée est due à la disparition de l'habituation à court terme : il ne peut pas y avoir d'autoamorçage ;
  • la potentialisation de l'habituation, c'est-à-dire l'habituation plus rapide, est expliquée par la présence des stimuli contextuels qui permet l'amorçage par récupération, donc une habituation à long terme.

L'organisme se souvient qu'il a déjà rencontré ce stimulus : il n'y a pas d'autorépétition, donc la représentation a peu de chance d'activer le générateur de réponse.

Fonctionnement cognitif automatisé

Bases neurobiologiques de l'habituation

ApprentissageDifférentes formes d'apprentissageConditionnement classique
Conditionnement opérantRenforcementsPunitionsHabituationSensibilisationImprégnationApprentissage par imitationApprentissage par observation
Apprentissage latentApprentissage par intuitionApprentissages complexes

Bibliographie
  • Giffroy J.M. (Prof. Université de Namur, Belgique) - L'apprentissage et ses applications - 3ème cycle professionnel des écoles nationales vétérinaires, Toulouse, 2000
  • Doré F, Mercier P. - Les fondements de l'apprentissage et de la cognition - Presses universitaire de Lille, Gaêtan Morin éditeur, 496 p., 1992
  • Malcut G., Pomerleau A., Maurice P. - Psychologie de l'apprentissage : termes et concepts - Edisem, maloine, 243 p., 1995
  • Université d'Oxford - Dictionnaire du comportement animal - Robert Laffont, Paris, 1013 p., 1990