Développement comportemental : facteurs génétiques
Variabilité à l'intérieur d'une population

Citation

« Les hommes naissent ignorants et non stupides. C'est l'éducation qui les rend stupides. »

Bertrand Russell

Sommaire
  1. Développement comportemental : vue d'ensemble
    1. Ontogenèse des comportements
    2. Facteurs génétiques
      1. Part des facteurs génétiques dans l'ntogenèse des comportements
        1. Variabilité entre espèces et ressemblance intra-espèce
        2. Variabilité entre populations (races, souches)
        3. Variabilité à l'intérieur des populations
          1. Comparaison d'individus apparentés
          2. Réponses à la sélection artificielle
      2. Mécanismes
        1. Mécanisme général
        2. Exemple : influence du gène majeur SRY
          1. Différenciation sexuelle
            1. Sexe génétique
            2. Sexe gonadique
          2. Pic néonatal de testostérone
            1. Différenciation phénotypique de l'embryon
            2. Expériences
            3. Effets organisateurs du pic néonatal de testostérone et ses conséquences structurelles
            4. Effets activateurs du pic néonatal de testostérone et ses conséquences fonctionnelles
            5. Comportements sexuellement dimorphiques
      3. Conclusion sur les facteurs génétiques
    3. Facteurs épigénétiques
    4. Conclusion générale sur l'ontogenèse des comportements
  2. Périodes du développement comportemental du chien et du chat
    1. Généralités
    2. Enjeux
    3. Périodes
      1. Période prénatale du chien et du chat
      2. Période néonatale du chien et du chat
      3. Période de transition du chien et du chat
      4. Période de socialisation du chien et du chat
      5. Période juvénile du chien
    4. Différences de développement comportemental entre le chien et le chat
  3. Processus particuliers
    1. Période sensible
    2. Comportement maternel
    3. Empreinte ou imprégnation
    4. Attachement
    5. Autonomie des jeunes
    6. Socialisation
      1. Socialisation intraspécifique
      2. Socialisation interspécifique
    7. Homéostasie sensorielle
    8. Acquisition des autocontrôles
    9. Détachement
  4. Développement comportemental du chien
  5. Développement comportemental du chat
  6. Troubles du développement comportemental du chien et du chat
  7. Prévention des troubles du développement comportemental du chien et du chat

Bibliographie

Après avoir étudié la variabilité entre espèces et ressemblance intra-espèce et les variabilités entre populations - races, souches -, intéressons-nous à la variabilité à l'intérieur des populations.

Variabilité à l'intérieur des populations


Au sein d'une population donnée, des variations interindividuelles sont généralement observées au niveau des caractéristiques comportementales.

Combat entre zèbres
Combat entre zèbres
(Photo : creativecommons.org/wwarby)

Confrontés à une même situation, les individus peuvent réagir :

  • d'une manière différente (différences qualitatives),
  • de manière identique avec des intensités différentes (différences quantitatives).

Face à une agression par exemple, certains individus :

L'origine de ces différences interindividuelles peut provenir :

1. de l'expérience antérieure ;

Chaque individu possède un lot unique d'expériences, une histoire propre depuis sa conception.

2. des caractéristiques de l'animal ;

L'âge, le statut physiologique ou hiérarchique sont importants à prendre en compte.

3. des circonstances ;

Le contexte social et environnemental est essentiel : ressources disponibles, présence ou non de congénères, possibilité de fuite…

4. de facteurs génétiques.

Chaque individu possédant un patrimoine génétique unique, produit de la loterie de l'hérédité.


Chez le chat, les facteurs génétiques sont plus importants que chez le chien, à cause de son développement comportemental ramassé.

Stratégies pour étudier la contribution de la génétique

Jumeaux
Jumeaux
(Photo : creativecommons.org/One From RM)

La contribution de ces facteurs génétiques dans les variations comportementales peut être réalisée selon différentes stratégies.

Comparaison d'individus apparentés

Si un comportement est influencé par des facteurs génétiques, on doit constater davantage de ressemblance entre des individus apparentés qu'entre des individus non apparentés.

On procède par exemple à des études sur l'ascendance, la descendance, les collatéraux (jumeaux, frères et soeurs, cousins...).

C'est ce qu'a fait Francis Galton (1822-1911), cousin de Charles Darwin (1809-1882), Il n'est pas facile d'en tirer des conclusions car il est nécessaire de travailler sur un grand nombre d'individus afin de neutraliser les effets liés à l'environnement.

Par l'insémination artificielle, on a pu quantifier l'influence du père sur la facilité de manipulation chez des génisses de race limousine (0,2 d'héritabilité).

Réponse à la sélection artificielle

Cette seconde démarche repose sur la variabilité interindividuelle des phénotypes comportementaux.

Test de sociabilité; chez la caille
Test de sociabilité chez la caille

De nombreux traits comportementaux varient de façon quantitative et continue au sein d'une population.

  • La distribution des scores pour ces traits (fréquence, intensité…) suit alors une loi de Gauss classique.
  • La plupart des individus présentent un phénotype voisin de la moyenne de la population tandis qu'une faible proportion présente un phénotype éloigné de cette moyenne (individus " extrêmes ").

On peut prendre comme exemple, la sélection sur la sociabilité chez la caille. Une cage contient des cailles. On pose la caille à tester sur un tapis roulant à contre-sens : si elle se rapproche des autres cailles, elle est considérée comme sociable. Le regroupement peut être moyen (la majorité), faible ou fort (individus " extrêmes ").

On croise les individus " extrêmes ", ceci de génération en génération.

  • Courbe de GaussSi le phénotype comportemental est sous-tendu par des bases génétiques, on constate que les lignées sélectionnées se dissocient de plus en plus des individus non-sélectionnés (qui se reproduisent au hasard).

La courbe de distribution du phénotype des individus sélectionnés est décalée vers les extrémités de la courbe initiale.

  • Dans le cas contraire (pas de bases génétiques), on n'observe aucune réponse à la sélection.

Mécanismes mis en cause

Développement comportementalFacteurs génétiquesFacteurs épigénétiques
Périodes de développement comportemental du chien et du chat
Période prénatalePériode néonatalePériode de transition
Période de socialisation Période juvénile
Développement comportemental du chienDéveloppement comportemental du chat
Troubles du développement comportementalPrévention des troubles

Bibliographie
  • Hay M. - Ontogenèse des comportements - 3ème cycle professionnel des écoles nationales vétérinaires, Toulouse, 2000
  • Vaysse G., Médioni J. - L'emprise des gènes et les modulations expérentielles du comportement - Bios, Université Paul Sabatier, Privat, Toulouse, 1982
  • McFarland D. - Le comportement animal, psychobiologie, éthologie et évolution - De Boeck Université, Bruxelles, 613 p., 2001
  • Immelmann K. - Dictionnaire de l'éthologie - Pierre Mardaga Editeur, Liège, 296 p., 1990
  • Rosenzweig M.R., Leiman A.L., Breedlove S.M. - Psychobiologie  - DeBoeck Université, Bruxelles, 849 p., 1998