Développement comportemental
Associations des facteurs génétiques et épigénétiques

Citation

« La constitution du monde de chaque animal est soumis à la double contrainte génétique et épigénétique. »

Boris Cyrulnik

Sommaire


L'action des gènes et de l'environnement ne s'exerce pas sur un individu, mais sur un individu à un certain stade ou moment de son développement.

ADN
Molécule d'ADN
(Photo : creativecommons.org/net efekt)

Or, l'adaptation des espèces aux changements de l'environnement peut se faire par :


Le génotype est l’information portée par le génome d’un organisme, contenu dans chaque cellule sous forme d’acide désoxyribonucléique ou ADN.

  • une modification du phénotype qui n'intervient que sur un individu sans aucune intervention des gènes (adaptation phénotypique ou individuelle).


Le phénotype est l'ensemble des traits observables (caractères anatomiques, morphologiques, moléculaires, physiologiques, éthologiques) caractérisant un être vivant donné.

Associations entre facteurs génétiques
et épigénétiques


Chaque stade du développement constitue le point de départ pour atteindre le stade suivant, mais ne le détermine pas.

Homme en construction
Homme en construction
(Photo : creativecommons.org/D Jonhston)

Soit P1, le point de départ de l'oeuf fécondé. P2, son phénotype suivant sera déterminé par :


L'ensemble des processus impliqués dans le passage d'un stade à un autre est appelé épigenèse, littéralement " formation sur ".

Au départ, l'épigenèse, terme créé par William Harvey (1578-1657) en 1651) est une théorie selon laquelle l'embryon d'un être vivant se développe par multiplication et différenciation cellulaire progressive, et non à partir d'éléments préformés dans l'oeuf (préformation) : on l'appelle également maturation stochastique (aléatoire), qui dépend de l'histoire du sujet.

  • Lorsque la génétique est apparue (développement de la génétique), elle a différencié le génotype du phénotype. Certaines modifications phénotypiques peuvent être héritables sans qu'il y ait eu une modification génique : on parle de modifications épigénétiques provoquées par un stimulus.
  • Selon leurs expériences passées, deux individus de génotype identique (jumeaux homozygotes) peuvent posséder un phénotype différent.
  • Chiens clonés
    Chiens clonés
    (Photo : creativecommons.org/jurvetson)
    Depuis un siècle, l'épigenèse a été étendue au développement lors de la période postnatale aussi bien neurologique que comportementale (Piaget, Freud).


A l'heure actuelle, nous savons que ces deux déterminants (génétique et épigénétique) agissent ensemble dans le développement comportemental.

Chronologie

Au départ, c'est-à-dire dans les premiers stades de développement, ce sont surtout les facteurs génétiques qui jouent car l'environnement est des plus restreint (facteurs biochimiques).

Par contre, certains apprentissages peuvent se faire dans le milieu utérin (apprentissages pendant la période prénatale) ou dans l'oeuf pour les oiseaux et donc peuvent largement influencer le développement sans qu'il y ait un comportement d'origine purement génétique.

Par la suite, les facteurs épigénétiques ou environnementaux sont plus importants (apprentissages pendant la période postnatale) :

1. la sensibilité des organes des sens de l'individu qui filtrent les informations ;

Carte du monde d'un chien phobique social
Carte du monde d'un chien phobique social
(Figure : © vetopsy.fr)

Du point de vue génétique, l'univers d’une tique, comme l'a étudié Jacob Johann von Uexküll (1864-1944), n’est pas notre univers (Umwelt).

2. les influences précoces qui détermineront l'acquisition de son expérience tout au long de sa vie (période prénatale et périodes postnatales) ;

Du point de vue épigénétique, l'univers d’une individu est variable suivant sa carte du monde et sa construction de la " réalité " : ci-contre, la carte du monde de ce chien phobique social dont le filtre cognitif est que « tout ce qui s’approche de moi est dangereux ! » : on nomme ce phénomène distorsion cognitive.

3. la finesse des émotions.

Au début, l'individu acquiert rapidement des comportements (accompagnés d'émotions) que nous appelons primaires : faim, soif (bien-être, peur…)...

Puis, les périodes de développement comportemental doivent permettre l'acquisition :


Ontogénèse comportementaleChez le chat, une certaine rigidité génétique entraîne une rigidité comportementale !

  • Il peut ainsi satisfaire ses besoins vitaux, même si les expériences et les apprentissages précoces n'ont pas été satisfaisants.
  • Le tempérament du chaton (caractère individuel) est un élément important à prendre en compte.


Par contre, le poids épigénétique a une influence majeure chez l'homme.

  • En effet, plus l'ontogenèse d'un organisme est longue, plus ce poids épigénétique augmente.
  • On considère que l'ontogenèse humaine ne se termine pas avant l'âge de 21-22 ans !

Facteurs génétiques

Développement comportementalFacteurs génétiquesFacteurs épigénétiques
Périodes de développement comportemental du chien et du chat
Période prénatalePériode néonatalePériode de transition
Période de socialisation Période juvénile
Développement comportemental du chienDéveloppement comportemental du chat
Troubles du développement comportementalPrévention des troubles

Bibliographie
  • Hay M. - Ontogenèse des comportements - 3ème cycle professionnel des écoles nationales vétérinaires, Toulouse, 2000
  • Scott J.p., Fuller J;L; - Genetics and the Social Behavior of Dogs - University of Chicago Press, Chicago, 468 P; 1965
  • Vaysse G., Médioni J. - L'emprise des gènes et les modulations expérentielles du comportement - Bios, Université Paul Sabatier, Privat, Toulouse, 1982
  • McFarland D. - Le comportement animal, psychobiologie, éthologie et évolution - De Boeck Université, Bruxelles, 613 p., 2001
  • Immelmann K. - Dictionnaire de l'éthologie - Pierre Mardaga Editeur, Liège, 296 p., 1990
  • Rosenzweig M.R., Leiman A.L., Breedlove S.M. - Psychobiologie  - DeBoeck Université, Bruxelles, 849 p., 1998