Développement comportemental : facteurs épigénétiques et environnementaux (privation sociale chez le chien)

Citation

« Je pense à tout ce que la peur va posséder et j'ai peur, c'est justement ce que la peur attend de moi. »

Alexandre O'Neill

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Sommaire
  1. Développement comportemental : vue d'ensemble
  2. Ontogenèse des comportements
    1. Facteurs génétiques
    2. Facteurs épigénétiques
      1. Période prénatale
        1. Position relative des foetus dans l'utérus
        2. Stimulations tactiles des foetus
        3. Influence du régime de la mère sur les choix alimentaires des jeunes
        4. Stress prénatal et conséquences
          1. Observations
          2. Mécanismes
            1. Hormones de stress de la mère
            2. Stimulations tactiles des foetus
        5. Conclusion sur le rôle des facteurs épigénétiques dans la période prénatale
      2. Période postnatale
        1. Immaturité des nouveau-nés
          1. Espèces nidifuges
          2. Espèces nidicoles
          3. Développement comportemental des nidicoles
        2. Privations d'expériences, expériences d'isolement ou déprivations
          1. Environnement physique postnatal précoce
            1. Développement de la fonction visuelle
              1. Développement de la spécificité directionnelle
              2. Développement de la binocularité
            2. Développement des barillets corticaux chez la souris
            3. Théorie de stabilisation sélective de Changeux
              1. Différentes phases de l'évolution neuronale
                1. Phase de croissance ou de prolifération : programme génétique de croissance
                2. Phase de réaménagement synaptique
                3. Phase de mort neuronale
              2. Conséquences fonctionnelles
                1. Explication du développement de la spécificité directionnelle visuelle
                2. Généralisation à l'homéostasie sensorielle
          2. Environnement social postnatal précoce
            1. Privation sociale chez le Macaque rhésus
            2. Privation sociale chez le chien
            3. Homéostasie sensorielle
            4. Rôle des partenaires sociaux
              1. Mère
              2. Fratrie et contemporains d'âge
              3. Adultes, moniteurs ou chien " thérapeutes "
              4. Homme
      3. Plasticité des comportements chez l'adulte
      4. Conclusion sur les facteurs épigénétiques
    3. Conclusion générale sur l'ontogenèse des comportements
  3. Périodes du développement comportemental du chien et du chat
    1. Généralités
    2. Enjeux
    3. Périodes
      1. Période prénatale du chien et du chat
      2. Période néonatale du chien et du chat
      3. Période de transition du chien et du chat
      4. Période de socialisation du chien et du chat
      5. Période juvénile du chien
    4. Différences de développement comportemental entre le chien et le chat
  4. Processus particuliers
    1. Période sensible
    2. Comportement maternel
    3. Empreinte ou imprégnation
    4. Attachement
    5. Autonomie des jeunes
    6. Socialisation
      1. Socialisation intraspécifique
      2. Socialisation interspécifique
    7. Homéostasie sensorielle
    8. Acquisition des autocontrôles
    9. Détachement
  5. Développement comportemental du chien
  6. Développement comportemental du chat
  7. Troubles du développement comportemental du chien et du chat
  8. Prévention des troubles du développement comportemental du chien et du chat

Bibliographie


L'influence de l'environnement social précoce a été décrit par les expériences capitales des Harlow de privation sociale sur le Macaque rhésus.


Ronald Melzack
Ronald Melzack

Des expériences similaires ont été réalisées chez le chien par Ronald Melzack, dans les années 50.

Privation sociale chez le chien

Dans ces expériences, des chiots ont été élevés dans des conditions d'isolement total depuis leur naissance jusqu'à l'âge de quelques mois.

A l'issue de cette période d'isolement, d'importantes altérations comportementales ont été observées.

1. Lorsqu'on les sort de leur cage, les chiens en syndrome de privation ont tendance à se figer et à se plaquer sur le sol à la moindre stimulation.

2. Passé un certain laps de temps, quand ils se sont familiarisés avec leur nouvel environnement, ils deviennent de plus en plus actifs, jusqu'à atteindre un niveau d'activité nettement supérieur (jusqu'à 6 fois plus) à celui des animaux élevés normalement.

  • Des crises d'hyperactivité pouvaient être déclenchées par tout élément nouveau dans l'environnement, mais pouvaient aussi apparaître spontanément.
  • Les déplacements étaient toujours désordonnés et, lorsque les animaux arrivaient à un pic d'excitation, ils se mettaient à tourner en rond dans les cages (stéréotypies).

3. D'autres altérations ont également été observées, comme :

Melzack a comparé les réactions de chiens privés et de chiens élevés dans des conditions normales à la présentation d'un briquet allumé.

  • Dans les deux cas, les chiens venaient flairer cet objet nouveau et, sitôt que leur truffe entraient en contact avec la flamme, ils présentaient un comportement réflexe de retrait.
  • Mais contrairement aux chiens élevés dans un environnement normal, les chiens privés ne manifestèrent aucune réaction émotionnelle à la sensation de brûlure (absence de cris ou de gémissements).
  • De plus, alors que les chiens " normaux " apprenaient dès la première exposition à éviter le danger représenté par la flamme, en ne s'en approchant plus, les chiens privés revenaient auprès d'elle pour la flairer à nouveau.

Conclusion sur les privations sociales

Bien qu'elles constituent des situations hautement artificielles et éthiquement très discutables, les expériences de privation sociale montrent l'importance de l'environnement social au cours des stades précoces du développement sur le comportement et les caractéristiques réactionnelles ultérieurs.

Chats dormant dans un lavabo
Chats dormant dans un lavabo
(Photo : creativecommons.org/EraPhermalia Vintage)


Les travaux réalisés depuis montrent que des variations beaucoup plus subtiles et " physiologiques " de l'environnement social précoce peuvent également avoir des répercussions importantes sur le comportement ultérieur.


Rôle des partenaires sociaux

Les partenaires sociaux, formateurs par excellence, sont :

1. la mère, en premier lieu, qui joue un rôle primordial dans le développement comportemental du jeune ;
2. la fratrie, les frères, les soeurs ou les contemporains d'âge ;
3. les adultes, moniteurs ou " animaux thérapeutes "
4. l'homme, dans le cas de nos animaux domestiques.


La mère et les partenaires sociaux, autres que l'homme, ont un rôle primordial dans la socialisation intraspécifique.

Plasticité des comportements chez l'adulte

Développement comportementalFacteurs génétiquesFacteurs épigénétiques
Périodes de développement comportemental du chien et du chat
Période prénatalePériode néonatalePériode de transition
Période de socialisation Période juvénile
Développement comportemental du chienDéveloppement comportemental du chat
Troubles du développement comportementalPrévention des troubles

Bibliographie
  • Melzack R., Scott T. - The effects of early experience on the response to pain. - J. comp. physio. psychol. 50, p. : 155-161, 1957
  • Hay M. - Ontogenèse des comportements - 3ème cycle professionnel des écoles nationales vétérinaires, Toulouse, 2000
  • Vaysse G., Médioni J. - L'emprise des gènes et les modulations expérentielles du comportement - Bios, Université Paul Sabatier, Privat, Toulouse, 1982
  • McFarland D. - Le comportement animal, psychobiologie, éthologie et évolution - De Boeck Université, Bruxelles, 613 p., 2001
  • Immelmann K. - Dictionnaire de l'éthologie - Pierre Mardaga Editeur, Liège, 296 p., 1990
  • Rosenzweig M.R., Leiman A.L., Breedlove S.M. - Psychobiologie  - DeBoeck Université, Bruxelles, 849 p., 1998