Système somatosensoriel (somesthésie)
Douleur et nociception : nocicepteurs

Citation

«  La douleur est le déplaisir dû aux sens et ce qui le produit est désagréable. »

Emmanuel Kant

Sommaire

La physiologie de la douleur et de la nociception est complexe.

  • Le message douloureux est tributaire de nombreux phénomènes locaux (tissulaires, médullaires).
  • Des voies nerveuses ascendantes acheminent le stimulus nociceptif vers différentes régions cérébrales qui contribuent à ses différents aspects (localisation, intensité, réactions motrices, neurovégétatives et émotionnelles).
  • Des voies nerveuses descendantes et locales (médullaires) régulent le phénomène.

Nocicepteurs

Taureau Les nocicepteurs sont constitués par des terminaisons nerveuses libres ( infos) et sont sensibles à de nombreux stimuli :

  • des stimuli mécaniques intenses (mécanorécepteurs nocicepteurs),
  • une température élevée ou, au contraire, trop basse (thermorécepteurs nocicepteurs),
  • des substances chimiques ou apparition de substances chimiques dans les tissus comme lors de blessures (chémorécepteurs nocicepteurs).


Ces substances sont dites algogènes ( infos).

Par contre, des stimuli de faible intensité comme un coup de soleil ou une piqûre d'aiguille peuvent entraîner des douleurs intenses.


Les nocicepteurs sont des récepteurs à seuil élevé, c'est-à-dire qu'ils détectent des stimuli de forte intensité.

Piqûre de moustique Les nocicepteurs sont situés dans de nombreux tissus (cutanés,, musculaires, articulaires, osseux, viscéraux…), excepté le cerveau (hors méninges).

Ils sont constitués par des terminaisons nerveuses libres dont les axones peuvent être :

1. des fibres amyéliniques de type C, de petits diamètres, donc à conduction lente ( infos) ;

Ces fibres sont des nocicepteurs dit " polymodaux “ qui répondent à la fois à des stimuli tactiles, thermiques, ou chimiques.


Les fibres amyéliniques de type C représentent 60 à 90 % des fibres afférentes cutanées et la quasi-totalité des fibres afférentes viscérales.

Elles sont actuellement classées en deux catégories :

  • les fibres peptidergiques : substance P et CGRP qui expriment le NGF (nerve growth factor),
  • les fibres non-peptidergiques peuvent être caractérisées histologiquement par un
    marqueur, l’isolectine B4 (IB4) : ils expriment également le BDNF (brain derived neurotrophic factor).

Les ASIC ( infos) sont exprimés dans les deux sortes de fibres.

Feu Toutes les fibres C ne sont pas des nocicepteurs : certaines, par exemple, sont des thermorécepteurs qui réagissent à des températures de moins de 43°C

2. des fibres peu myélinisées de type Aγ ( infos), à conduction plus rapide ;

Ce sont des nocicepteurs polymodaux qui répondent aux trois catégories de stimuli nociceptifs.

Ils répondent également à des températures de l'ordre de 43° (type I) et 53° (type II).

3. des fibres myélinisées de type Aγ ou Aβ ( infos), de gros diamètres, à conduction rapide ;


Ces fibres peuvent conduisent des stimuli nocicepteurs, dans des conditions pathologiques, mais sont impliquées surtout, dans la sensibilité tactile épicritique ( infos) et dans la proprioception ( infos).

Outre les nocicepteurs polymodaux, il existe des nocicepteurs " spécifiques " qui répondent à une seule sorte de stimulus.

C'est le cas de certains mécanorécepteurs (pression intense), de chémorécepteurs (histamine et autres…), thermorécepteurs (température corporelle supérieure à 43°C ou inférieure à 17°C).


Les nocicepteurs cutanés (environ 200 par cm2 chez l'homme) permettent une localisation précise de la douleur, ce qui n'est pas le cas pour les nociceptifs profonds ( infos).


Réponses de nocicepteur et de thermocepteurLes nocicepteurs, contrairement aux autres récepteurs qui expriment une adaptation neuronale ( infos), se sensibilisent et diminue leur seuil d'activité et augmente leur réponse après répétition d'un même stimulus.

Les neurones nociceptifs accroissent leurs potentiels d'action quand on augmente le stimulus nociceptif. Certaines autres fibres C, impliquées dans la thermoréception, ne déchargent activement qu'e dans une gamme étroite de température.

C'est ce qui expliquerait les allodynies ( infos), qui sont des douleurs produites par des stimuli non nociceptifs comme le frôlement du coton sur la peau ou des hyperalgies ( infos) qui sont des sensibilités accrues à des stimuli nociceptifs.


Le stimulus, outre son action directe sur le nocicepteur, provoque une lésion tissulaire qui, en cascade, induit des phénomènes inflammatoires, qui, eux-mêmes, activent et sensibilisent des nocicepteurs.

Transduction nociceptive

SomesthésieDouleur et nociceptionNocicepteursTransduction nociceptive
Fibres nociceptivesVoies nociceptivesContrôle douleur
Douleur et comportementGrille d'évaluation de la douleur
ToucherThermoceptionProprioception

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